Le roman de la Bretagne – Avis +

Présentation de l’éditeur

Il y a un mystère breton. Le duché s’est éteint en 1532 mais cinq siècles plus tard, la Bretagne reste vivante. Son État a disparu mais un état d’esprit demeure. Proche souvent de l’image d’Épinal. La France ne cesse de nous voir dans un rétroviseur et n’aperçoit volontiers que le recteur de l’Île de Sein, les loups de mer, les Bigoudènes en coiffe et le pardon de Sainte Anne d’Auray. Depuis le roi Arthur, la Reine Guenièvre et la Table Ronde, la Bretagne se résume à ses lacs sacrés, ses tempêtes et ses chaudrons magiques. Pourtant, nous ne sommes pas qu’une réserve folklorique. Merlin en plein conciliabule avec Cadoudal dans une profonde hêtraie proche de la Baie des Trépassés, cela va un temps.

Aujourd’hui elle ne veut plus n’être qu’une carte postale. Elle en a assez de passer à côté de son propre destin. Regardez le globe terrestre et relevez le nombre de confettis, membres de l’ONU qui occupent tranquillement leur place. L’avenir, pour nous, existe à nouveau. Désormais la France n’est plus un mur bouchant l’horizon. Peu à peu, le vrai pouvoir s’éloigne des berges de la Seine et se déplace vers Bruxelles. En même temps, le mythe de l’intangibilité des frontières se lézarde. Sur un atlas de 1970, on ne trouve ni l’Erythrée ni le Bangladesh ni le Timor. Pas plus que le Kosovo ou la Slovaquie. Et déjà l’Écosse, la Catalogne, le Pays Basque et la Flandre battent des ailes. Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes finit toujours par se faire entendre. Demain, au sein de l’Europe, il y aura à nouveau une Bretagne libre. Sauf que, pour rebâtir cette maison, il faut en connaître les fondations. C’est l’objet de ce livre : ramener à la surface les heures exaltantes d’un passé que la mémoire a enfoui.

Du Sénat Vénète luttant contre César à François II le dernier duc, en passant par Nominoë, Salomon le Grand, les ducs Jean, Pierre Landais, la duchesse Anne, le duc de Mercœur ou les Chouans, des générations de Bretons ont insufflé une âme à leur terre. C’est grâce à eux qu’on peut assurer que le futur somnole souvent dans des maisons très anciennes. Et c’est eux que ce livre entend ressusciter. Il ne s’agit pas d’attaquer la France. Aucun pays n’a accordé autant de place à ce qui fait le charme de la vie, depuis les femmes et le vin jusqu’à la conversation, la mode, la littérature et une forme unique de futilité. Simplement, se battre pour la Bretagne sans la quitter, c’est comme semer des graines dans un buisson d’épines et attendre le miracle. Il est temps de prendre le large mais, dans nos bagages il faudra un cours d’Histoire. De notre histoire. Le voici.

Avis d’Enora

Le livre de Gilles Martin-Chauffier est à la fois un ouvrage historique et politique.

L’auteur nous conte avec beaucoup d’érudition l’histoire de la Bretagne de 500 avant JC jusqu’en 1804 avec la mort du dernier chouan. Pourquoi cette date précisément ? Parce que selon lui, il n’y a plus eu ensuite de grands hommes à songer à l’indépendance de leur région. Or Gilles Martin-Chauffier est persuadé qu’avec l’avènement de l’Europe et les bouleversements considérable qu’il en est découlé depuis quinze ans, la France mourra avant la Bretagne. Il croit que dans quelques années, l’Europe des nations laissera la place à l’Europe des régions avec Bruxelles comme capitale et espère que la Bretagne retrouvera la place qui était la sienne lors de ses 650 années d’indépendance. Mais pour cela il faut que les Bretons connaissent enfin leur histoire aménagée, cachée et tronquée par des siècles d’éducation nationale française. « Les réinventeurs du passé ont façonné une Bretagne aseptisée, blanchie et nettoyée qui montra patte blanche à la France »
Et sans faire de procès à la France, l’auteur souhaite avec ce livre instruire les bretons orphelins de leur passé, car « pour bâtir la maison du futur, il faut connaitre les pierres du passé »

Ouvrage polémique s’il en fut, ce livre réanime le spectre de l’indépendance des régions avec un argumentaire qui se tient, sans haine et sans incitation à la violence. Pour Gilles Martin-Chauffier, cela fait simplement partie de la marche de l’histoire, l’avenir de l’Europe passera par l’éclatement des nations et la fédération de régions dont les habitants auront en commun, une culture, une histoire, une langue, comme en témoigne déjà pour lui, l’explosion de la Russie, de la Yougoslavie et des pays baltes. La palissade que la France a dressée au cours des siècles entre la Bretagne indépendante et le monde, se franchira doucement et avec le temps, car dans le couple qu’elles forment, il existe autant d’amour que de ressentiments. Mais inexorablement ces armoricains logés en France sous un bail léonin qu’on leur impose, retrouveront leur indépendance.

Le Roman de la Bretagne, peut irriter ou réjouir, mais il n’en reste pas moins instructif, agréable à lire et une excellente matière à réflexion et comme le dit Gilles Martin-Chauffier « l’histoire peut être en même temps le cimetière de nos illusions et le berceau de nos rêves »

Fiche technique

Format : broché
Pages : 210
Editeur : Editions du Rocher
Sortie : octobre 2008
Prix : 19,90 €