20 minutes de bonheur – Avis +

Présentation de l’éditeur

20 minutes de bonheur, le film de Oren Nataf et Isabelle Friedman, sort enfin en salle!

Quatre mois dans les locaux de Pascal Bataille, Laurent Fontaine et leur équipe, les producteurs animateurs de l’émission phare «Y’a que la vérité qui compte », où des « anonymes », chaque semaine sur TF1 devant 4 millions de téléspectateurs, viennent
tenter de résoudre un problème lié à leur vie privée. Chronique de la fabrication d’une émission où l’on voit les impératifs d’audience se marier à la réalité de volontaires en détresse ou bien juste curieux de passer à l’antenne.

L’histoire du film qui n’aurait jamais du sortir…
Le tournage du film a duré près de 5 mois, de février à juin 2005, suivi de 6 mois de montage, de juillet à décembre de la même année. Le film a alors été présenté à Bataille et Fontaine, qui n’ont donné leur accord pour sa diffusion que 6 mois plus tard, en juin 2006.

Le film a ensuite été présenté au festival Entrevues de Belfort fin novembre 2006, durant lequel il fût bien accueilli. En juin 2007, face notamment aux réactions de la presse sur le film depuis sa projection à Belfort, les deux protagonistes se sont opposés à une projection prévue dans le cadre des Inédits des Cahiers du Cinéma.
Leur demande en référé visant à interdire la diffusion du film a alors été rejetée.

Avis de David

Vous faire pénétrer au coeur de l’émission phare de Bataille et Fontaine Y’a que la vérité qui compte diffusée de 2002 à 2006, c’est ce que propose ce reportage. Du choix des sujets à la préparation des intervenants, la mise en scène, la rédaction des sujets par Serge Richez (le rédacteur en chef hilarant tout du long – à son corps défendant manifestement), bref tout y passe.

Ce documentaire est très intéressant à tout points de vue puisqu’il permet de comprendre comment fabriquer une émission de « télé-réalité » que l’on peut qualifier sans souci de voyeuriste.

Cela permet de découvrir le processus de fabrication et les clefs du succès, cette émission ayant été en tête des audiences. Les questions que posent la vision de ce reportage sont nombreuses. Notamment on peut se demander si la course à la part d’audience ne nuit pas à la qualité intellectuelle du résultat. Mais cela on a déjà la réponse.

L’autre aspect est de se demander si le plus responsable dans cette déliquescence n’est au final pas plus le téléspectateur que les producteurs et présentateurs. Poser la question c’est déjà y répondre et ce que montre clairement ce film est que Bataille et Fontaine ne font qu’adapter leur produit à la demande et que tout écart étant sanctionné par une chute d’audience, il faut rectifier au plus vite pour surfer sur le haut de la vague.

Cela donne les phrases troublantes :

– « si on est dans l’effort de comprendre c’est foutu » (S. Richez rédacteur
en chef)
– « c’est plus facile d’écrire sur le malheur des gens que sur le bonheur » (S. Richez)
– « on ne passe pas les homos un lundi de Pâques » (L. Fontaine)
– « quand Arte fait un sujet sur l’inceste c’est une soirée Thema quand TF1 fait la même chose c’est du voyeurisme » (L.Fontaine)

On voit aussi que le personnel travaille sans arrêt mais comme le confie un stagiaire, le salaire est maigre mais les responsable connaissent son nom. La reconnaissance semblant palier les cadences infernales et les salaires au rabais, tout le monde semble heureux. Surtout les producteurs évidemment.

Ce reportage est donc parfait pour décrypter sous l’angle technique et sous l’angle social les clefs d’une réussite ou plutôt d’une fuite en avant.

Fiche Technique

Sortie : 17 septembre 2008

Avec Laurent Fontaine, Pascal Bataille, etc.

Genre : documentaire

Durée : 100 minutes

Distributeur : Shellac