Bad moon rising – Avis +

Résumé de l’éditeur

J . D. Damascus, once a proud, much-feared district attorney, has descended into an alcoholic haze since his wife and children were killed by the infamous French Quarter killer. Although a man was convicted and executed for the crime, J.D. has never been sure that he was indeed the killer. Escaping the red-light district where the serial killer roamed, Holly Jones has made a new life for herself in the quiet town of Branson, Missouri, but is drawn back to the Crescent City when a friend from her days on the street phones to relay the news : « The monster is back. » As local politicians and law enforcement agencies deny the reality of the new serial murders, Holly and J.D. team up to find the murderer, but not before they confront secrets of their past that could compromise their hunt and shatter their fragile trust in each other.

Avis de Callixta

La Nouvelle Orléans lors d’un été poisseux et trop chaud, un serial killer que l’on croît avoir arrêté mais qui court toujours, un couple de héros aussi massacrés l’un que l’autre par la vie… Cela peut-il être de la romance ? N’est-ce pas aussi une histoire tellement banale que vous l’avez déjà lue ?

La réponse est, oui, c’est bien de la romance sous la forme d’un romantic suspense brillant et non, vous ne l’avez pas lu, en tous cas, pas si bien écrit !

Katherine Sutcliffe est peu connue en France. Elle a écrit des romans historiques dont quelques-uns ont été traduits mais l’édition nationale a oublié ses livres contemporains et notamment ses romantic suspense. Bad moon rising est pourtant l’un des meilleurs récits de ce genre que j’ai pu lire récemment équilibrant magistralement romance et intrigue policière et réussissant à aller très loin dans les deux aspects : c’est très romantique et c’est très noir et violent .

Holly Jones est une ancienne prostituée qui a fui La Nouvelle Orléans quatre ans auparavant pour échapper à une flopée de types très peu recommandables. Sa vie est repartie cahin-caha, avec la trouille au ventre. Lorsque son amie Mélissa l’appelle en lui annonçant que le tueur de prostituées qui a sévi juste avant le départ de Holly semble récidiver, elle accourt pour essayer d’extirper enfin Mélissa des griffes de son souteneur. Son retour se passe au plus mal et elle rencontre J.D Damascus, le héros, parce qu’elle a besoin de ses services. C’est un avocat, ancien assistant du procureur brillant, mais qui a sombré depuis le meurtre de sa femme et de ses deux enfants. Il hésite entre se coller une balle dans le crâne ou se suicider lentement en fumant comme un pompier et en entretenant avec soin son ulcère à l’estomac. La seule chose qui le fait tenir est la conviction que le meurtrier de sa famille n’est pas l’homme qui a été arrêté et que l’on a pris pour le tueur de prostituées. Et il veut sa peau. Holly a elle aussi pas mal de comptes à régler avec son passé : une enfance marquée par les abus sexuels, des fugues et la rencontre, bien trop jeune d’un souteneur. Puis la prostitution, de luxe pour la très jolie et plutôt élégante jeune femme.

Ecrire sur la rencontre de deux êtres aussi douloureusement ébranlés par leur drame personnel n’est pas chose facile. On peut sombrer dans le mélo, l’excès, minimiser les traumatismes psychologiques… En quelques scènes frappantes, Katherine Sutcliffe décrit simplement, sans grands effets, la douleur profonde de ses deux héros et le choc que leur rencontre provoque. Ce sont des passages évoquant des images fortes, quasi-cinématographiques, où elle semble lever le rideau sur la vie passée des héros puis le laisse retomber pudiquement. Mais, pour le lecteur, le message est passé et il est bouleversé. Les échanges entre Holly et J.D vont monter progressivement en émotion en même temps qu’ils apprennent à se connaître. Au départ, c’est la solide Holly qui ne se laisse pas marcher sur les pieds et le nonchalant et bon à rien J.D toujours entre deux verres. Les dialogues sont alors vifs et pleins de gouaille. Puis, peu à peu, l’émotion devient palpable et les dialogues évoluent, permettent aux héros de se révéler, de vraiment parler ensemble. C’est remarquablement bien fait.

Dans le même temps, l’intrigue au départ plutôt floue prend de la densité et s’impose peu à peu comme autre chose qu’un simple prétexte. Les raisons de la fuite de Holly se précisent, les circonstances du décès de la famille de J.D également, les Damascus compliqués et perturbés commencent à jouer également un rôle plus important. Il a Eric, le frère de J.D, sa femme Beverly, son fils Patrick… Ce n’est qu’à la fin que chaque élément prend sa place et qu’on comprend pourquoi ils agissent tous ainsi. L’intrigue gagne en profondeur et en horreur aussi pour culminer dans une scène finale violente qui n’est pas sans rappeler celles de certains films policiers américains.

L’ensemble est surtout très cohérent. En peu de mots, avec un minimum d’effets, Katherine Sutcliffe marie le romantisme mélodramatique et l’intrigue policière noire. Elle fait de rien de très original. Le lieu de l’action est La Nouvelle Orléans, ville souvent choisie pour les romantic suspenses. La chaleur humide convient très bien aux meurtriers apparemment ! Mais là aussi, en peu de mots, une allusion à un saxophone qui résonne, un cyclone qui approche, le brouillard chaud de la ville, vous plonge dans une atmosphère particulière. Le serial killer est un thème plus que rebattu mais celui-là parvient encore à étonner et surtout, il n’est pas seul au cœur de l’intrigue. Enfin, Katherine Sutcliffe est très douée pour rendre vivants tous ses personnages : Holly en prostituée dont le passé colle à la peau est crédible et laisse une forte impression. J.D l’est tout autant, mais les personnages secondaires sont aussi soignés, complexes et bien campés.

Cet auteur mérite vraiment d’être découverte. Elle a une oeuvre peu abondante mais variée et un vrai talent d’écrivain avec un puissant pouvoir d’évocation. Sa bibliographie comportant encore quelques bijoux, vous devriez entendre parler d’elle de nouveau !

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 340
Editeur : Jove Books
Sortie : juin 2003
Langue : anglais
Prix : épuisé, disponible sur les sites de vente d’occasion