Présentation de l’éditeur
Quatre siècles les séparent, et pourtant elles sont si proches…
Dans un élégant restaurant londonien, Julia Lovat reçoit comme cadeau d’adieu de son amant un petit recueil de motifs de broderie ayant appartenu à une certaine Catherine Anne Tregenna au XVIIème siècle. En marge des croquis se trouve le journal intime de la jeune femme, fascinante chronique de la vie en Cornouailles à cette époque.
Au fil des pages, Julia découvre l’incroyable destin de « Cat » et d’une soixantaine d’autres villageois, qui, enlevés en 1625 par des pirates musulmans, furent vendus comme esclaves sur un marché marocain.
Julia, que plus rien ne retient à Londres, décide de partir pour l’Afrique du Nord sur les traces de Cat. C’est là que, en compagnie d’un guide berbère, elle mettra au jour des secrets ensevelis depuis près de quatre siècles. Et découvrira l’amour.
Jane Johnson est directrice éditoriale de la prestigieuse maison d’édition britannique HarperCollins. Le rapt de Penzance s’inspire de sa propre vie : en effectuant des recherches sur une de ses ancêtres au Maroc, elle s’est éprise de son guide et vit désormais une partie de l’année dans un village du haut Atlas.
Avis de Domino
Le rapt de Penzance est beaucoup plus riche et complexe que ne le laisse entrevoir le résumé de quatrième de couverture. Sa narration éclatée sur deux époques met en scène deux jeunes femmes aux antipodes l’une de l’autre, Julia, femme libérée d’aujourd’hui et Cat, une jeune paysanne de Cornouailles au 17e siècle, razziée sur les côtes anglaises par des pirates barbaresques. Julia, maîtresse du mari de sa meilleure amie reçoit en guise de cadeau de rupture un livre ancien, un recueil de broderie qui est aussi le journal intime de Cat. La découverte de ce récit va entraîner Julia sur des chemins inattendus et en se lançant à la recherche de Cat, une autre femme, une nouvelle Julia va naître.
L’histoire est captivante du début à la fin, les portraits des deux jeunes femmes sont superbes et se répondent à travers les siècles, Cat étant comme un phare, une lumière qui guide Julia dans l’obscurité et les méandres de ses sentiments. Cependant, au final, ce qui retient l’attention c’est le magnifique portrait de Cat. Si Julia ne manque pas d’intérêt, elle souffre un peu de l’image lumineuse que dégage la jeune brodeuse. Au 17e siècle, une femme est rarement maîtresse de son avenir, surtout quand on appartient aux franges modestes de la société, mais le hasard et la détermination de la jeune femme lui permettront de se forger un destin des plus inattendus. En face, Julia, apparaît un peu terne et en quelque sorte, la lecture du journal lui permet de devenir une femme vraiment libre à son tour, s’affranchissant de liens et de contraintes.
Le récit bien documenté nous entraîne tour à tour en Cornouailles avec les mesquineries d’une petite bourgade où le puritanisme pointe le bout de son nez puis chez les pirates barbaresques, bien éloignés de la vision romantique véhiculée par certains films, monde où l’horreur le dispute à la cruauté mais aussi à la beauté. Au cours de ce voyage éprouvant et après être arrivée au Maroc, Cat se révèle à elle-même et c’est une femme fière qui naît au milieu des épreuves et des déchirements mais aussi une femme qui sait saisir les opportunités offertes.
Quatre siècles plus tard, Julia avec ses problèmes de cœur et de conscience peut paraître un peu fade, mais tout comme Cat, elle découvre qui elle est vraiment et ce qu’elle veut et tout comme celle qui l’a précédée c’est une femme nouvelle qui quittera le Maroc.
Autour de ces deux femmes, une galerie de personnages donne vie à une histoire intéressante à plus d’un titre avec des récits annexes qui finiront par se rejoindre. Passé et présent s’imbriquent, certains héros portant à leur insu le poids du passé. La touche de surnaturel qui flotte par instants sur le roman ravira les amateurs du genre sans pour autant rebuter ceux qui n’y sont pas sensibles.
Le rapt de Penzance est un livre qui mérite vraiment le détour. Outre son intrigue captivante, il évoque des faits historiques largement méconnus tout en évitant le piège d’un manichéisme outrancier. L’amateur d’Histoire y trouvera son compte, tout comme l’amateur de romance ou de roman tout court. En refermant ce livre, certaines ne pourront s’empêcher de se précipiter dans une mercerie pour se mettre à la broderie tandis que d’autres projetteront un voyage au Maroc…ou en Cornouailles ! Que vous soyez expert ou non en broderie, que vous aimiez ou non l’Histoire ou les voyages, Le rapt de Penzance est à découvrir.
Il reste bien une petite place dans votre valise, non ?
Fiche Technique
Format : broché
Editeur : Presses de la Cité
Sortie : 3 juillet 2008
Prix : 22 €