La circulaire (et autres racontars) – Avis +

Présentation de l’éditeur :

Une circulaire gouvernementale annonce la fermeture des stations situées dans l’Arctique. Tous les hommes basés au Nord-Est du Groenland doivent évacuer les lieux et revenir au Danemark. La terrible nouvelle se répand dans la communauté. C’est la consternation chez les irrésistibles trappeurs, incapables de vivre ailleurs que sur ces territoires gelés et sauvages…

L’heure est grave pour William-le-Noir et Petit Pedersen, Mads Madsen qui se sait atteint d’un cancer et Anton, médiocre poète qui finira pourtant par retourner, de manière assez inattendue, à son point de départ. Drôles et picaresques, ces racontars sont aussi nostalgiques, tendres et attachants. Avec La Circulaire, Jorn Riel, qui a fait du racontar un genre littéraire à part entière, en a bientôt fini avec le Grand Nord et sa familière île d’Ella. Ce neuvième recueil est l’avant-dernier consacré au  » versant arctique  » de l’œuvre de l’écrivain danois.

Avis de Marnie

1) – Avis « découverte » :

Quand comme moi, vous pensez que les écrivains danois, hormis la petite sirène qui finit bien mal, et la petite fille aux allumettes qui vous plombe l’atmosphère, vous n’en connaissez aucun et vous n’avez absolument pas envie d’en rencontrer sur votre palier… que Jorn Riel est un inconnu et qui pourrait le rester, que vous ne connaissez pas les huit romans précédents, que vous n’êtes absolument pas intéressés par le Groënland, que les aventuriers vous laissent froid… et que l’on vous dit : «Tu lis ça, tu en fais la critique et en échange et si tu acceptes ce deal, tu auras « THE » bouquin que tu voulais… petit scarabée !». Vous respirez profondément et vous prenez une barre entière de tranquillisants avant d’ouvrir ce roman.

Prenons d’abord l’opinion d’une néophyte qui découvre un monde totalement surprenant, le grand nord. Alors, amis des grands espaces et des envolées lyriques, et qui aimez rêver de fjords, d’aurores boréales, de glaciers sous le soleil, vous serez déçus… Et vous qui adorez les personnages pittoresques que l’on ne trouve nulle part ailleurs, la chaleur des sentiments, la fausse simplicité des caractères, le retour à la nature mais dans le sens le plus primaire qui fait ressortir l’essentiel chez l’homme, vous serez comme moi, vous adorerez.

Le style est simple… les personnages croqués en quelques secondes, il suffit d’une phrase, d’une réflexion et vous êtes entraînés dans ce genre que Jorn Riel a inventé : le racontar. Les récits sont brefs, tous reliés entre eux, mettent en scène des personnages qui réalisent soudain qu’ils ne pourront jamais vivre autre part que sur cette terre inhospitalière, que le froid est essentiel pour qu’ils vivent et que la mort n’est qu’un pas supplémentaire dans leur existence, que la religion doit s’adapter à la terre, aux gens, la tolérance étant ce qu’ils partagent avec générosité…

Lorsque nous refermons ce roman ou nous ressentons tout l’amour que l’auteur porte à cette façon de vivre plutôt qu’aux magnifiques paysages d’une région oubliée du monde moderne, nous avons l’impression d’avoir fait une pause bienvenue pleine de tendresse et d’optimisme dans notre vie trépidante. Nous sommes loin d’un simple dépaysement, nous sommes proches de personnes qui ont trouvé un sens tout simple à leur vie, l’amitié étant ce qui les lient et ce qui nous enchante. Promis, vous ne vous ennuierez pas une seconde !

2) – si vous êtes intéressés :

Né en 1931 au Danemark, d’un père passionné de récits d’aventures et qui avait rencontré de grands explorateurs comme Knud Rasmussen, il réussit à s’engager lui-même, alors seulement âgé de 19 ans, pour une expédition pour le nord-est du Groënland. Nous sommes en 1950. Il y restera seize ans, et fera paraître des récits romancés sur ce qu’il a vécu, les gens rencontrés et notamment, ces fameux racontars, genre dont il est l’inventeur, où il nous parle de ces pseudo aventuriers, héros ou anti-héros, qui vivotent tranquillement entre 1900 et 1950, période durant laquelle les compagnies de chasses des pays du nord de l’Europe ont installé ces stations, dans lesquelles, un ou deux hommes sont placés là pour attraper les animaux qui survivent dans ces longues étendues (ours, phoques, etc…) et dépeçaient les peaux qu’ils chargeaient sur un bateau en été, pour qu’elle soient envoyées en Europe…

Vous découvrirez une terre bien à part, des hommes qui se sentent étrangers à leur pays, le Danemark, aussi indifférents à la terre qu’ils ont quitté pour certains pourtant peu de temps auparavant, qu’à l’Europe en tant que continent ou le Canada auquel ils sont reliés… et qu’ils n’ont même pas envie d’explorer… Dépaysement garanti !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 191
Editeur : 10/18
Collection : Domaine étranger
Sortie : 1er février 2008
Prix : 6,50 €