Plus un western psychologique qu’un film d’action, ce classique américain est intéressant à plus d’un titre. Dans la même perspective que Le train sifflera trois fois, nous voyons un homme seul, abandonné par ses amis et les bonnes gens de la ville, qui affronte une bande de méchants, que l’on remet dans le même contexte politique de l’époque, les ravages du maccartisme, la lâcheté, la perte de l’estime de soi…
Delmer Daves est un réalisateur assez prolifique mais méconnu, à qui pourtant l’on doit certains films assez singuliers comme les Passagers de la nuit, avec Humphrey Bogart, ou encore la Flèche brisée et la Colline des potences. La plus grande partie de l’intrigue se situe dans une chambre d’hôtel, ou on attend le train dans lequel, le pauvre éleveur interprété par le cérébral et tragique Van Heflin doit faire monter le séduisant bandit qu’est Glenn Ford, en contre-emploi étonnant et qui trouve ici un de ses meilleurs rôles.
Réflexions, tentations, compromissions, révélations… la tension entre les deux hommes monte inexorablement, mais se nouent également au fil des heures une estime réciproque qui pourrait déboucher sur de l’amitié…
S’ajoutera un certain moment d’émotion lorsqu’apparaîtra l’épouse de Van Heflin, Felicia Farr, lumineuse et courageuse, seul point d’ancrage de notre héros malgré lui. Un film à comparer avec le remake sorti sur nos écrans ce mois-ci.