Les femmes de l’ombre – Avis +

Résumé

Engagée dans la Résistance française, Louise s’enfuit à Londres après l’assassinat de son mari. Elle est recrutée par le SOE, un service secret de renseignement et de sabotage piloté par Churchill.

Dans l’urgence, on lui confie sa première mission, l’exfiltration d’un agent britannique tombé aux mains des Allemands alors qu’il préparait le débarquement sur les plages normandes. L’homme n’a pas encore parlé mais le temps presse. Louise doit d’abord constituer un commando de femmes spécialement choisies pour les besoins de l’opération.

Pour le recrutement, tous les moyens sont bons : mensonges, chantage, remises de peine. Elle engage Suzy, danseuse de cabaret qui excelle dans l’art de séduire les hommes ; puis Gaëlle, chimiste, spécialiste en explosifs ; enfin, Jeanne, prostituée, capable d’assassiner de sang froid. Parachutée en Normandie, elles sont rejointes par Maria, juive italienne, opérateur radio et dernière pièce du dispositif.

La mission commence bien mais se complique très vite. Contraintes de retourner à Paris, le SOE leur fixe un nouvel objectif, presque suicidaire : éliminer l’une des pièces maîtresses du contre-espionnage nazi, le colonel Heindrich. L’homme en sait déjà trop sur les préparatifs du débarquement.

Cinq femmes, loin d’être des héroïnes, mais qui vont le devenir.

Avis de Callixta

Encore un film sur la résistance ?

C’est une question que l’on pourrait se poser en lisant le synopsis du film de Jean-Paul Salomé. Ce genre de longs métrages ont abondé ces derniers temps mais l’originalité de celui-ci est double puisqu’il s’intéresse aux femmes et vraiment spécifiquement à elles et qu’il présente aussi une résistance moins franchouillarde, moins gaullienne puisqu’il s’agit ici de réseaux contrôlés par le SOE anglais. C’est donc un film bien dans l’air du temps puisque l’Histoire s’intéresse particulièrement à ses deux aspects .

Le récit est inspiré de Louise – ou Lise de Bessac – dont le rôle est incarné par Sophie Marceau et d’une mission très difficile à la veille du Débarquement : sortir un blessé anglais d’un hôpital militaire allemand en Normandie. Ce géologue n’a pas été encore identifié mais il faisait des repérages pour la mission Overlord et les Allemands sont sur ses traces. Le film va raconter le déroulement de cette mission dans un scénario somme toute classique.

Tout d’abord on voit le recrutement des femmes qui composeront l’équipe et on comprend pourquoi ce ne pouvait être que des représentantes du sexe féminin un peu plus tard. C’est un des grands atouts du film : la bande hétéroclite est sympathique et chaque rôle porté avec cœur par les actrices.

Il y a donc Gaelle (Déborah François), une jeune chimiste brillante qui sert De Gaulle mais regrette de ne pas avoir connu le terrain ; Jeanne, ancienne prostituée, condamnée à mort pour avoir tué son souteneur (remarquable Julie Depardieu), Suzy (Marie Gillain) qui a fui la France avec un lourd secret et le mot collabo marqué sur son dos mais aussi Maria (Maya Sansa) juive italienne membre du réseau depuis longtemps.
Et puis il y a Louise Desfontaines, résistante aguerrie qui a fui la France après avoir perdu son mari en mission. C’est son frère, résistant à Londres, Pierre (Julien Boisselier) qui va monter l’opération accompagné de ses recrues, pas toutes volontaires.

L’évolution personnelle de chacune de ses femmes est passionnante au cours du film et résume les différentes attitudes qu’ont pu avoir les résistants, loin des clichés du héros qui s’élèvent contre le danger nazi.
La suite est tout aussi classique mais efficace : l’opération et ses inévitables complications et surtout, l’ennemi, incarné par un officier nazi, le Colonel Karl Heindrich.

Le rythme est haletant et le film est avant tout un film d’action. Ne vous attendez pas à une atmosphère rappelant L’armée des ombres qui a largement inspiré le titre de celui-ci. On montre avant tout les coups de main, la violence nazie à l’encontre d’un ennemi insaisissable et dont on craint confusément l’action en cette année 44. C’est aussi le fonctionnement des réseaux et notamment celui nommé Buckmeister dépendant du SOE. C’est malheureusement également les dangers encourus et les séances de tortures dans les caves de la gestapo à Paris ou en Normandie. D’ailleurs, certaines scènes pourtant filmées sans complaisance sont pénibles.

On peu juste déplorer que le scénario fasse un peu trop dans l’héroïsme ou même dans le grandiloquent, à certains instants. Certes, le courage de ses femmes et hommes étaient remarquables mais on pouvait le démontrer très sobrement. Jean Paul Salomé le fait amplement dans la plus grande partie du film, dommage que la tentation soit parfois trop forte !

Les acteurs sont tous remarquables. Sophie Marceau est impeccable en femme d’honneur à la froideur impressionnante. Les autres actrices n’ont rien à lui envier et on notera l’excellente prestation du jeune acteur allemand, Moritz Bleibtrau dont le rôle est difficile et qui réussit à conserver une ambiguïté inquiétante tout le long du film, loin des caricatures habituelles sur les Nazis.

Un film à voir donc qui vous fera passer un bon moment tout en vous rappelant quelques leçons d’histoire !

Fiche Technique

Sortie : 05 mars 2008

Avec Sophie Marceau, Julie Depardieu, Marie Gillain, etc.

Genre : drame

Durée : 118 minutes

Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs