Présentation de l’éditeur
Molière ? « C’est écrit comme un cul. » Chateaubriand ? « Ce fou lugubre. » Lamartine ? Une « cigogne larmoyante ». Hugo ? « Un garde national en délire. » Balzac ? « Doué pour tout excepté pour la littérature ». Baudelaire ? « Le poète aride de la banalité. » Mallarmé ? « Intraduisible, même en français ». Proust ? « Une femme de chambre travestie en Suétone ». Bernanos ? « Un écrivain de sous-préfecture. »
En feuilletant ce panthéon jubilatoire des sacrilèges en littérature, véritable galerie d’une liberté de blâmer qui aurait dépassé les bornes, on constate que la reconnaissance d’un grand auteur n’advient bien souvent qu’après sa mort. Car nos vaches sacrées, avant d’être éditées dans la Pléiade, n’ont pas fait l’unanimité, loin s’en faut, même auprès de nos meilleurs écrivains qui, pour l’occasion, on parfois dépensé une belle « rancuneuse éner-gie » (Baudelaire).
Monter dans la grande roue devenue folle de ces cogneurs littéraires, ces grands inquisiteurs, et finalement arroseurs arrosés, c’est partir pour un voyage confondant où l’injustice (quoique !) est rachetée par l’humour et le talent : imprécations, polémiques, brûlots, diatribes, calomnies, bons mots, caricatures, invectives, blasphèmes, curées, persiflages, satires, outrances, vociférations, pamphlets, anathèmes, obscénités même, rien n’est trop violent quand il s’agit de déboulonner les statues ou d’en découdre avec une bête noire, voire un meilleur ennemi…
Avis de Valérie
Que pensez d’un recueil de critiques négatives classées par le nom de l’auteur qui est visé ? Que du bien.
Tout d’abord, il y a une lecture au premier niveau. C’est très jubilatoire de découvrir ces petites phrases assassines de grands hommes envers d’autres, car qui n’a pas subit durant sa scolarité la lecture obligatoire de livres, poèmes, pièces (le mot « obligatoire » rendant la tâche rédhibitoire) ? Il faut l’avouer, nous avons là notre revanche contre ses obligeurs de penser en rond, et on en profite.
Puis, une seconde image nous frappe : la nature humaine. Tel auteur que vous avez aimé ou dont vous avez apprécié la droiture s’abaisse à traiter un poète ou auteur comme votre petit frère le ferait dans sa cours d’école. Biens sûr, c’est dit avec d’autres mots. Mais, au final, nous sommes tous les mêmes, capables du pire et du meilleur, habilités à juger avec rigueur comme d’être de mauvaise foi, jaloux et adorateurs ; bref, la quintessence de l’être humain.
Une troisième vision apparaissant, on s’étonne de la puissance des mots et des idées. Une troisième personne s’insère dans ce couple que forment le critique et le critiqué : nous. Notre oeil met en perspective cette relation et nous renvoie à nos propres contradictions, et à comprendre que notre affection ne dépend pas de la perfection, que nous n’aimons pas parce qu »‘il » est le meilleur, mais parce que c’est lui… Cela nous rend plus humble, puisque, finalement, personne n’a tort ou raison.
Tout cela est d’autant plus étonnant qu’excepté une préface, il n’y a dans cet ouvrage qu’une accumulation de citations de périodes diverses. L’auteur n’en est que d’autant plus admirable outre la masse de pages lues, on pressent son intelligence dans le choix qu’elle a effectué. A moins que ce soit la magie des mots qui nous aveugle. Quoiqu’il en soit, c’est une expérience à vivre absolument.
Fiche Technique
Format : broché
Pages : 200
Editeur : Editions du Rocher
Prix : 14,90 €
Sortie : 06 mars 2008