Mythique et quelque peu dénaturée lorsque l’on voit le film, l’interprétation de femme fatale qui colla comme une seconde peau à Rita Hayworth, est nettement plus nuancée que l’image de son fameux Put the blame on mame, qu’elle susurre en ôtant un gant noir de manière suggestive, ne le laisse deviner. En effet, si l’on n’a jamais vu que cette scène, nous avons en tête une mante religieuse menant à sa perte un brave gars américain…
Mais ici, nous ne sommes ni dans Assurances sur la mort ou encore l’extraordinaire Dame de Shangaï avec la même Rita Hayworth… Non ! Voici juste un couple d’amants malheureux manipulés par un mari jaloux et pervers. Grand film noir, ou l’on admire, fascinés, une femme victime de ses propres désirs et de l’effet qu’elle produit sur les hommes, ce drame qui signe un des premiers classiques post-seconde guerre mondiale, effleure des sujets bien osés dans cette période de reconstruction : l’impuissance, l’homosexualité tout cela dans une atmosphère de paranoïa (nous sommes à Buenos Aires “cernés” par des nazis en fuite…) et de misogynie.
Un étonnant cocktail plutôt explosif !