L’héritière du scandale – Avis +

Présentation de l’éditeur

Chaque fois que Mike Hill passait devant White Road – la belle demeure dont il aurait dû hériter – la colère lui serrait le cœur. Abandonné, le manoir se délabrait lentement depuis la mort de Red – Red, cette aventurière qui avait séduit le vieux Morris Hill pour s’emparer de tous ses biens. Que faire ? La propriété appartenait désormais à Lucy Caldwell, la fille de Red, qui avait quitté la ville alors qu’elle était encore une adolescente ingrate et rejetée de tous…

Ce soir, tandis que, comme bien d’autres soirs, Mike ralentissait devant White Road, son regard fut attiré par un détail anormal : une pâle lumière, indiquant la présence d’un intrus. Quelques secondes plus tard, il poussait la lourde porte du manoir… avant d’être aveuglé par une lampe torche. Une voix de femme s’éleva, puis un visage se révéla. Un visage superbe et vulnérable que Mike ne reconnut pas, tout d’abord – avant de comprendre, atterré, que la créature si séduisante qui venait de se matérialiser devant lui était tout simplement Lucy Caldwell. La fille de Red, l’héritière du scandale, était de retour…

Avis de Marnie

Décidément, Brenda Novak écrit bien… C’est le principal constat que l’on peut faire en découvrant cette histoire qui se lit d’une traite. Ici, elle met encore en scène son thème de prédilection, l’amour impossible entre deux personnes qu’une situation insoluble sépare. Et comme à chaque fois, que ce soit d’un côté ou de l’autre, nous comprenons parfaitement la position de chacun. Il n’y a ni bons, ni méchants, seulement deux êtres qui doivent composer avec leurs proches, tout en essayant de vivre leur vie. Seulement le prix à payer est très lourd !

L’auteur installe une nouvelle fois, l’action de son roman à Dundee, petite ville de l’Idaho, ou tout le monde connaît tout le monde, ou les rumeurs circulent, ou les gens prennent fait et cause pour certains ou focalisent leur haine sur d’autres. Comme dans la plupart de ses histoires, pour Brenda Novak, les petites villes américaines perdues au fin fonds de l’Amérique n’ont rien d’idyllique, mais souvent étouffantes, cachant des secrets, propageant des ragots malveillants.

Notre héros Mike vient d’atteindre l’âge vénérable de 40 ans. Célibataire et satisfait de l’être, rancher respecté, issu d’une famille de notables, il s’est installé dans une vie confortable, choyé par ses parents et proche de son frère, lui, marié. Une douzaine d’années auparavant son grand-père a quitté son épouse pour une prostituée notoire qu’il a installée dans sa maison avec ses trois enfants. Ridiculisé par cette femme qui ne visait que son argent, malade, il était revenu vivre auprès de sa femme pour mourir quelque temps plus tard, léguant toutefois sa maison à Lucy la benjamine des trois enfants de sa maîtresse, adolescente provocante et insolente. Depuis six ans qu’elle a hérité de la propriété qui lui était destinée, jamais elle n’y a mis les pieds…

Lucy revient prendre possession de la maison qui lui a été léguée, dans le but avoué de la remettre en état pour la vendre, mais surtout tentant de percer le secret de sa naissance, grâce à un journal qu’elle a découvert après la mort de sa mère. Mal aimée, éprouvant des sentiments ambivalents en pensant à sa mère, rejetée par toute la ville qui a depuis longtemps pris fait et cause pour la famille bafouée de Mike, la jeune femme est emmurée dans le silence, la froideur et l’amertume.

Seulement, dès sa première rencontre avec Mike, Lucy va sentir renaître de ses cendres l’attirance qu’elle éprouvait pour Mike, des années auparavant. De son côté, le rancher est séduit par la jeune femme qu’elle est devenue, bien que tout les sépare : la différence d’âge, leur milieu social, le scandale et toutes les répercussions qui ont découlé des actes égoïstes et intéressés de la mère de Lucy. La situation va devenir peu à peu inextricable… Le grand talent de Brenda Novak est de nous rendre ces caractères émouvants et sympathiques. Nous comprenons aussi bien la mère de Mike, bouleversée par les évènements que lui rappelle le retour de Lucy, que la jeune femme, quelque part, victime des agissements de sa mère et aussi de sa propre soif d’amour qui lui faisait s’accrocher au vieil homme qu’on avait placé sur son chemin, trouvant auprès de lui une sécurité qui lui avait toujours fait défaut.

Les personnages secondaires sont intéressants, (dont certains deviendront les héros des romans suivants, mais malheureusement aussi d’un roman déjà paru il y a plus d’un an dans la collection amour d’aujourd’hui… Ah ces parutions dans le désordre !) Quelques uns ne sont ni bons, ni mauvais, évoluant avec leur conscience, se transformant peu à peu, jusqu’à faire face à leurs actions passées. Brenda Novak a vraiment le talent pour insuffler de l’émotion et de la sensibilité presque à chaque page, donnant une vraie intensité dramatique au récit qui nous captive. La force et la fragilité de Lucy, le désarroi de Mike qui ne peut vivre son amour au grand jour de peur de faire mal à ceux qu’il aime… Tout sonne vrai, tout sonne juste !

On regrettera seulement une facilité de la romance pour convaincre le héros de la sincérité de Lucy, tout en considérant tout de même cohérents le cheminement et les choix de l’héroïne, qui trouve le courage de vivre son rêve d’adolescente jusqu’au bout, tout en restant digne et tragiquement sereine… Bien évidemment, l’auteur ne peut terminer son roman par un happy end de pacotille, même si le dénouement arrive un peu trop vite… visiblement, le format étriqué a obligé Brenda Novak à accélérer le tempo, certaines questions restent en suspens, jusqu’à la prochaine histoire. Mais le lecteur constatera ici que les blessures ne seront pas effacées, les héros et leurs proches doivent seulement apprendre à les surmonter, à se tolérer, puis à s’accepter à défaut de s’aimer… Une vraie réussite !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 344
Editeur : Harlequin
Collection : Prélud’
Sortie : 1er novembre 2007
Prix : 4,95 €