Trafic de reliques – Avis +

Résumé

En Europe, au XIIe siècle, une abbaye se doit de posséder les reliques d’un saint à honorer et l’abbaye bénédictine de Shrewsbury s’en trouve cruellement démunie. Sous l’impulsion du prieur du monastère, une délégation de moines se rend au pays de Galles pour en ramener les restes de Sainte Winifred.

Mais ce qui au départ se présentait comme une simple formalité se transforme assez rapidement en une confrontation avec les habitants du village où repose la sainte. Les tensions sont portées à leur comble lorsque le chef des opposants est retrouvé assassiné. Frère Cadfael résoudra cette affaire complexe d’une façon magistrale.

Avis de Domino

Qui ne connaît Frère Cadfael superbement interprété par Derek Jacobi ? Même si la série éponyme réalisée par la BBC rend parfaitement hommage à l’œuvre d’Ellis Peters, le format télévisuel ne permet pas d’en restituer toute la richesse. C’est pourquoi si vous avez vu ces films et que vous les avez aimés vous devez absolument lire les romans dont ils sont issus !

Si chronologiquement Trafic de reliques est le premier roman de la série, il est quand même déconnecté du reste du cycle. En effet, il se situe en 1135, c’est à dire quelques années avant la guerre civile qui va ravager l’Angleterre à partir de 1138, conflit qui sert de toile de fond aux autres romans. Et c’est cette absence de guerre qui donne sa couleur au roman. Il est plus léger, l’atmosphère y est plus sereine malgré les conflits qui se développent.

Dans ce roman, le lecteur fait connaissance avec Frère Cadfael, moine bénédictin gallois atypique car entré fort tard dans la vie monastique. Il a vécu dans le siècle, fait la Croisade, navigué, beaucoup combattu et aimé les femmes avant d’entrer au couvent 15 ans plus tôt. Depuis, il mène une vie paisible rythmée par les offices et l’entretien du jardin d’herbes médicinales et du potager dont il est chargé. De sa vie passée, il a gardé une bonne dose de lucidité et n’a plus guère d’illusion sur la nature humaine, que ce soit dans l’enceinte du couvent ou à l’extérieur.

Cependant, ce qui frappe d’emblée dans Trafic de reliques, c’est cette espèce de vent de douce folie qui souffle sur tout le récit. Cela commence avec l’argument de départ du roman, la translation des reliques d’une obscure sainte galloise. Transfert effectué non pas par dévotion pour ladite sainte mais pour « posséder » des reliques et devenir un lieu de pèlerinage, donc une abbaye qui compte ! Le reste du roman va continuer à baigner dans cette atmosphère et le lecteur se délectera des démêlés du prieur Robert avec la population locale qui ne veut pas se voir dépouiller de sa sainte. Et cela culmine dans un final en apothéose qui illustre parfaitement l’esprit du livre ! Rien que pour la façon dont se il conclut, il faut le lire !

Les différents personnages sont croqués en quelques mots et prennent vie sous les yeux du lecteur. Le couvent avec ses guerres larvées, la communauté galloise à la fois accueillante et méfiante vis à vis de ces moines, Cadfael qui observe avec un certain détachement amusé mais qui sait payer de sa personne le moment venu. Ellis Peters restitue un Moyen-âge qui devient exotique tellement ses modes de pensées et d’agir sont loin de nous mais dans le même temps terriblement proche dans ses motivations. Les siècles passent mais certains comportements restent immuables !

Ce roman est un petit bijou d’humour et de dérision, un brin iconoclaste mais pétri d’humanité, à découvrir absolument !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 241
Editeur : 10/18
Collection : Grands détectives
Sortie : 1 mars 2001
Prix : 6,90 €
Titre original : A Morbid Taste for Bones