– Je suis entouré de cons.
L’empereur Charlemagne n’est pas dépressif. Non, il constate simplement le faible niveau intellectuel de sa cour et de ses rejetons. En effet, ses sujets sont perplexes devant l’utilité des présents envoyés par la caravane du calife de Bagdad. Outre les objets d’art, mentionnons les outils scientifiques comme l’astrolabe permettant d’établir l’heure et les distances d’après les étoiles (commentaires des rejetons de Charlemagne : à quoi ça sert?), du savon pour se laver (commentaire des autorités ecclésiastiques : se laver est un péché d’orgueil) et un jeu d’échec (« un jeu stratégique nécessitant un minimum d’intelligence »… à oublier et à ranger).
C’est ainsi que ce sacré Charlemagne eut un jour cette idée folle d’inventer l’école. Certes ce fils de Pépin le Bref nous donna beaucoup d’ennuis, mais ce n’est pas notre sujet. En effet ni Charlemagne ni sa cour ne prêtèrent attention à une petite théière se trouvant au beau milieu des nombreux présents. Car celle-ci contenait un djinn (contrairement à la croyance populaire, les génies ne se trouvent pas forcément dans des lampes à huile). Mais ce djinn avait un lourd passé. Connu autrefois sous le nom de Moufti Abdoulha Abba Al Sheik Ahmat, ce taliban du VIIIe siècle avait eu l’idée de s’en prendre au dénommé Salmonella : eunuque, ex-cuisinier (d’où son surnom) et chausseur pour dames. Mais Salmonella était également l’amant d’un efrit dont la magie transforma l’importun Moufti intégriste en djinn voué à la luxure et contraint d’obéir au possesseur de la théière dans laquelle il était enfermé (prouvant ainsi que même les intégristes religieux peuvent avoir une utilité). Cela aurait pu continuer longtemps. Mais l’utilisation intensive de la théière (et de son contenu) par tout le harem d’un vizir amena le calife de Bagdad à une décision pleine de sagesse (Djinn go home!). On ne pouvait pas se débarrasser d’un djinn, mais de sa théière oui, en l’envoyant très loin, de préférence dans le lointain Occident barbare. Cela tombe bien une caravane chargé de présents devait se rendre à la cour de l’empereur Charlemagne.
Les siècles ont passé. Angela Merkel a succédé à Charlemagne et deux colocataires germaniques Dörte et Manfred se sont retrouvés possesseurs d’une théière vieille de 1200 ans (et de son contenu). Précisons que Dörte est une hétéro pré-dépressive, quant à Manfred il assume pleinement son homosexualité. La cohabitation plus ou moins harmonieuse vole en éclat suite à l’intrusion d’un troisième personnage chez eux (provenant d’une théière). Complication supplémentaire le djinn retrouve peu à peu son ancienne personnalité intégriste et décide d’appliquer son autorité sur les femmes. L’un des colocataires va craquer mais refuser, quant à l’autre….
Ralf Konig [[« Les Nouveaux mecs », « Lysistrata », « Beach Boys », « Bien à fond », « La Capote qui tue », « Le Retour de la capote qui tue », « Marrons glacés », « Couilles de taureau », « Cuirs et sentiments », « Damma internat, si anal! », « Tranches de vif », « Poppers! mange-cul! Pince-tétons! », « Superparadise », « Et maintenant embrassez-vous! », « Iago », « Fourrés à la crème », « Coeurs chauds », « Comme des lapins », « Roy et Al », « Et en plus il est gaucher » (Glénat).]] se livre à une description savoureuse de ses compatriotes, qu’ils soient moyenageux ou contemporains, hétéro ou non, mettant dans le même sac fanatiques religieux et cons, car malgré le souhait de ce sacré Charlemagne la situation ne s’est guère amélioré…
Précisons que Djinn Djinn a été sélectionné au festival BD d’Angoulème de janvier 2008
Fiche Technique
Traduction : Fabrice Ricker
Adaptation graphique & lettrage : Sébastien Douaud
Editeur : Glénat
Collection : Humour BD
Sortie : décembre 2007
Prix : 9,99 euros
Inédit, moyen format, noir & blanc, 176 pages