Miss Fortune – Avis +

Présentation de l’éditeur

Pas facile d’exister quand on a des sœurs formidables et qu’on est le vilain petit canard de la famille. Eternelle étudiante à trente ans passés, Rachel Lear n’a toujours pas trouvé sa place dans ce monde. Ni l’âme sœur, d’ailleurs. Excédé par son dilettantisme, son père vient de lui couper les vivres, et elle a bien… huit… neuf… voire dix kilos à perdre.

Mais, cette fois, Rachel est décidée à réagir et à prendre des initiatives. Par exemple avec cet Anglais si séduisant, genre James Bond mystérieux, sur lequel elle n’arrête pas de tomber. Flynn Oliver ne peut décemment pas s’intéresser à une fille comme elle, alors c’est sûrement le hasard qui s’obstine à les réunir. A moins que la magie blanche… Car elle lui a jeté un sort, à son bel Anglais. Et on dirait que ça marche !

Avis de Marnie

Dernier tome de la trilogie des filles du milliardaire Lear, voici l’histoire de la benjamine, Rachel, moins belle que ses deux formidables sœurs mais beaucoup plus intelligente, qui, avec ses dix kilos de trop, décide de se prendre en main, en suivant les préceptes d’un livre de magie blanche, pour se trouver un nouveau petit ami. C’est peut-être ce point de départ qui fait que l’on trouve ce roman un peu moins bon que les deux précédents. La rupture de ton est évidente. Si le deuxième livre Beauty Queen était nettement plus adulte, plus profond, et jouait avec l’émotion, cette histoire sent la chick lit avec ses excès ainsi que son héroïne si sympathique mais si déjantée… on n’y croit pas du tout ! Heureusement que le style de Julia London fait la différence…

Comment croire qu’une femme de 32 ans dite très intelligente se conduise aussi bêtement sur plusieurs points ? Ses rapports avec l’argent sont ambivalents. En effet, Monsieur Lear perdant patience lui a coupé les vivres ce qui oblige notre héroïne à effectuer des petits boulots. Nous la voyons en train de compter ses dollars tout en dépensant le peu qui lui reste de façon totalement inepte. Elle laisse de telles libertés à son goujat d’ex petit ami que le lecteur n’a qu’une envie, celui de la secouer pour lui remettre les idées en place. La faiblesse du livre, c’est que cette situation de départ, soit l’aveuglement de Rachel sur ce qui se trame autour d’elle dure… jusqu’à l’avant dernier chapitre. C’est assez long pour la résolution d’un problème dont on connaît les tenants et aboutissants à la page 30… Le récit est attendu mais parsemé d’incidents qui s’enchaînent rapidement. Ce qui sauve ainsi le roman : un rythme enlevé souligné par plusieurs emails assez drôles, des conversations pleines de piquant et des personnages secondaires caricaturaux… La grande force de l’histoire est son ton résolument comique, ce qui tranche avec les deux autres tomes, mais de cet humour qui nous rattache à l’histoire. Nous nous identifions à cette héroïne qui nous ressemble : son manque de confiance en elle, ses maladresses, son manque de réussite… le sentiment d’échec, tout le monde l’a ressenti !

En fait, Julia London a un vrai talent pour rendre attachants ses personnages. A l’inverse de ses deux sœurs sophistiquées, Rachel a adopté un style new age, férue d’horoscopes et adepte du yoga. Elle représente l’amie rêvée ! Gentille, amusante, serviable… comme le dira son père, elle rayonne de l’intérieur. Nous suivons ses aventures tragicomiques avec intérêt et enthousiasme. Son solide bon sens s’oppose à ses bizarreries, nous offrant un mélange détonnant. Ni naïve, ni sotte, la jeune femme continue désespérément de se chercher, tentant avec un certain courage de sortir de la situation sans issue dans laquelle elle végète. Il lui serait facile d’appeler son père à la rescousse, mais elle refuse de perdre la seule chose qui lui reste, sa fierté.

Flynn Oliver est un Anglais… là encore, façon chick lit : cheveux auburn, yeux bleus gris… physique souriant et séduction à la Hugh Grant, élégant, charismatique et lointainement apparenté à l’aristocratie, il est évident qu’il mène un double jeu, mais son charme est tel, qu’on lui pardonne tout. Désarmant lorsque les évènements lui échappent, il représente le héros moderne avec ses défauts et ses qualités, le tout sur un ton léger, plein d’humour et de dérision. Opposé à son collègue américain dont la brusquerie brut de décoffrage est également fort sympathique, nous suivons l’évolution de ses sentiments et surtout du sentiment de culpabilité qui l’envahit au fur et à mesure qu’il réalise qu’il est tombé amoureux de Rachel.

L’aspect le plus réussi du roman est l’enchaînement des péripéties, notamment au début, nous assistons aux diverses rencontres entre Rachel et Flynn, à chaque fois, hilarantes… Si la jeune femme est adepte d’ésotérisme, elle ne peut pas admettre qu’un beau garçon s’intéresse à elle. Ses réflexions et réactions en cascade, nous la montrent oscillant entre incrédulité, espoir et négation. Peu à peu, Rachel va commencer à donner sa confiance… C’est ainsi que se nouent des relations pleines de chaleur et de tendresse. Le langage est familier, moderne, avec en prime des scènes sensuelles franches, drôles et sans complexe. Répétons qu’il s’agit ici de la chick lit et les héroïnes ne sont en rien effarouchées !

Par conséquent, la trilogie sentimentale contemporaine de Julia London se situe bien dans l’air du temps et réussit à trouver une conclusion pleine d’humour et de légèreté. Si la série est homogène et sait à chaque roman se renouveler, on regrettera seulement un aspect un peu trop superficiel, piège que n’a pas su tout à fait éviter un auteur plein de promesses. Ce roman datant de 2004, espérons que les romances historiques qu’elle a écrite depuis seront prochainement traduites…

A suivre !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 409
Editeur : J’ai Lu
Collection : J’ai lu Romance d’aujourd’hui
Sortie : 16 octobre 2007
Prix : 7,40 €

Biographie de l’auteur

Julia London s’est imposée comme un auteur à succès depuis la publication de son premier roman en 1998. Miss Fortune est le dernier tome d’une désopilante trilogie consacrée aux trois filles de M. Lear et qui se moque gentiment de la jeunesse dorée d’Amérique.