Une femme à protéger / Sombres secrets – Avis +

Résumé de l’éditeur

Une femme à protéger de Marie Ferrarella

Je te retrouverai… où que tu ailles. Tu seras toujours à moi…Voilà cinq ans que ces mots poursuivent Delene D’Angelo. Cinq ans qu’elle vit dans la peur constante que Russell, son ex-mari, ne la retrouve, car il a juré de se venger le jour où elle l’a quitté. A Aurora, la petite ville de Californie où elle a trouvé refuge, Delene tente d’oublier le passé et de mener une vie normale malgré cette menace qui la hante. Jusqu’au jour où l’assassinat de l’un de ses proches l’expose à son tour au danger. Car en dépit de la protection que lui offre jour et nuit l’inspecteur Troy Cavannaugh, chargé de l’enquête, la publicité faite à l’affaire va sans aucun doute permettre à Russell de la retrouver…

Sombres secrets de Marilyn Pappano

De la neige à perte de vue. Personne à des kilomètres à la ronde. Un chalet à moitié en ruines… Quand Jayne Miller découvre la maison que lui a laissée son ex-mari après leur divorce, elle est désemparée. Est-ce bien là qu’elle va vivre désormais, seule avec Lucy, sa fille de cinq ans ? Loin de tout, isolée en pleine montagne au fin fond du Tennessee, elle est toutefois rassurée par la présence d’un – unique – voisin. D’autant que ce dernier est des plus séduisants. Mais bien vite, son soulagement fait place à une sourde inquiétude. Car cet homme, mystérieux et taciturne, semble vouloir à tout prix l’éviter, comme s’il avait des secrets inavouables à cacher… Pire : tous, au village le plus proche, semblent le considérer comme dangereux…

Avis de Marnie

Décidément cette collection “Black Rose” se révèle pleine de surprises fort sympathiques. Ces deux romans ne sont pas seulement bons, ils sont surtout excellents et originaux. Ce n’est pas si étonnant que cela lorsque l’on sait que Marie Ferrarella et Marilyn Pappano sont des auteurs phares dans cette catégorie. Or, visiblement, les années passent, et leur talent se révèle encore plus affiné et maîtrisé qu’auparavant !

Une femme à protéger de Marie Ferrarella

Si le point de départ, soit une femme fuyant un ex-mari violent, est un thème archi-lu et relu, le traitement est tout autre. Loin de représenter l’héroïne passive et terrorisée dont nous subissons malheureusement souvent les gémissements alors que le héros sert de rempart contre le méchant et le neutralise, ici, les rapports de force sont sensiblement différents. Ce qui est paradoxal, ici, c’est le titre. En effet, notre héroïne est loin d’être Une femme à protéger ! Ce serait plutôt le contraire… préférons le titre original The woman who wasn’t there (la femme qui n’était pas ici) bien plus évocateur.

Pour décrire Delene d’Angelo, nous pourrions dire tout simplement qu’elle est un clone de l’héroïne de Cold Case. Introvertie, vivant plus dans l’attente (plutôt qu’elle ne le redoute) que son ex-mari la débusque pour la tuer, notre héroïne s’y prépare physiquement et mentalement depuis cinq ans. Ne souhaitant s’attacher à aucun lieu, aucune affaire et surtout aucune personne, la jeune femme est contrôleur judiciaire comme pour mieux se rapprocher de son ex-mari, avocat de la pègre. Toute son introspection est mêlée de souvenirs qui la hantent, de regain de confiance en elle, et de vie au jour le jour, puisqu’elle s’interdit d’avoir des projets tant qu’elle est menacée par cette épée de Damoclès au-dessus de sa tête.

Troy Cavannaugh, lui, est le contraire du sombre ténébreux que l’on s’attendrait à trouver dans ce genre de romantic suspens. Policier pas du tout désabusé, il est au contraire charmeur, bien dans sa peau, extraverti, amusant et surtout équilibré. Son seul problème est qu’il ne se sent certaines fois pas au même niveau que ses père, grand-père, frères sœurs et cousins, tous dans les forces de l’ordre, lui, qui est le benjamin de la famille. Delene est la première femme qui semble résister à sa séduction… On pourrait penser qu’il va donc s’acharner surtout à cause de cela, mais le récit est bien plus profond qu’il n’y paraît.

En effet, c’est le déséquilibre de leur relation qui rend cette histoire intéressante. D’un côté, tout est vécu dans l’intensité chez Delene, ses sentiments de haine sont exacerbés, sa force est dans sa détermination, en héroïne moderne, pleine de contradictions et si humaine. Enfant protégé, en homme qui est resté dans le cocon ou il a été élevé, Troy butine sans avoir jamais ressenti de sentiments profonds. Seule la mort de sa mère a été un drame pour lui, il s’est réfugié dans l’esprit du clan, de sa famille. Attiré par l’opiniâtreté de Delene, sa ténacité, il comprend que pour aimer une femme, il doit l’admirer, non pour sa beauté, mais surtout pour son caractère.

Même si le format trop court ne permet pas une intrigue policière alambiquée, en fait, justement, Marie Ferrarella a le mérite d’avoir construit sciemment un suspense… de tous les jours, comme les flics de chaque pays en découvrent quotidiennement, et qui se résolvent dans les 72 heures, de la manière la plus simple qui soit. Pourquoi pas ? Tout cela a une petite couleur bienvenue des séries de proximité comme New York Police Blues, soit, de commissariat de quartier, qui rend l’ensemble très agréable, chaleureux et très proche de nous. Un roman tout à fait plaisant dans lequel on se plonge avec de plus en plus d’intérêt à mesure que l’on tourne les pages !

Sombres secrets de Marilyn Pappano

Il est rare qu’un livre de ce format nous accroche ainsi… surtout quand le début semble là encore avoir été le point de départ de centaines de romans. Une femme vient s’installer dans un coin perdu avec sa petite fille, et se retrouve dans un endroit inhabitable, en détresse et aidée par un voisin mystérieux et solitaire. Attention, si vous vous attendez à un mystère ou à du suspense, désolé, mais… non ! Vous découvrirez seulement une très belle histoire, pleine d’émotions, d’intensité et de profondeur.

Ce sont les personnages superbement décrits qui font la grande force du récit, que ce soit les héros ou les caractères secondaires. Honnêtement, c’est une gageure en 250 pages de montrer des hommes, des femmes, aussi complexes, évolutifs et réels. Le grand talent de Marilyn Pappano est de savoir éviter le piège de la petite bourgade perdue du Tennessee, si follement sympathique, pittoresque et nostalgique. Loin de jouer avec le rêve américain, en quelques petits mots, détails, et descriptions sommaires, l’auteur ne nous parle pas de la première puissance mondiale triomphante mais de cette Amérique à deux vitesses, de ces villages endormis ou subsistent deux rues dont les boutiques ferment peu à peu, dans une atmosphère fataliste mais pas défaitiste.

Tyler Lewis est un héros comme on en rencontre peu. L’excellente idée de Marilyn Pappano est de créer un contraste étonnant entre l’homme qu’il paraît être, et ce qu’il ressent, qui nous est raconté tout au long de l’histoire. Taciturne, froid, misanthrope, il est en fait submergé par ses sentiments, émotions qu’il tente de réprimer envers et contre tous, surtout lui-même. Hanté par ses souvenirs tragiques et par la peur de découvrir ce qu’il est vraiment, Tyler lutte pour garder la maîtrise de son petit monde et le seul moyen qu’il ait trouvé pour se prémunir de ses réactions, est de vivre en ermite. Mais l’arrivée de sa nouvelle voisine va faire voler ses défenses en éclats.

Là encore, l’auteur a su éviter la tentation de faire de Jayne Miller, la faible femme à protéger. S’il est vrai que le héros lui vient continuellement en aide, dès le deuxième chapitre, nous comprenons rapidement que l’héroïne aurait très bien pu se débrouiller seule. Loin d’être fragile, douce et peu sure d’elle, Jayne est en fait une femme réaliste, obstinée et qui a les pieds sur terre. Comprenant une bonne fois pour toute, que son mariage est voué à l’échec, elle a planifié son divorce avec aplomb et sans complexe. Quel plaisir de découvrir justement une femme moderne, loin des clichés de la romance !

Le fond de l’histoire étant pour le moins dramatique, la touche de gaïté et de légèreté est apportée par Lucy, la fille de Jayne. Vive, intelligente, à l’énergie communicative, véritable moulin à paroles, sa présence est si importante, que de personnage secondaire, l’enfant va bien vite devenir la seconde héroïne du roman. De réflexions en rires et pleurs, Lucy traverse ce récit avec un naturel confondant.

Enfin, il serait regrettable de ne pas évoquer la petite partie très réaliste qui nous est présentée par l’auteur, pour qui visiblement, il semble que cela tenait à cœur. Jayne écrit des romans sentimentaux, et par petites touches par ci par là, parle des clichés liés à sa profession. Il est vraiment facile d’y voir des accents de vérité… le mépris, le cloisonnement et les idées reçues sur le fait que ces romans de gare sont écrits en dilettante, que ces auteurs roulent sur l’or, etc… On sent un petit goût d’amertume et de révolte dans cette constatation d’écrire ce qui est considéré comme de la sous-littérature… Là encore, c’est le petit plus qui donne une vraie humanité au personnage de Jayne.

Donc, dans cette période plutôt triste où la fatigue nous submerge, cette excellente pioche de décembre est une véritable aubaine !

Fiche Technique

Format : poche
Editeur : Harlequin
Collection : Black Rose
Sortie : 6 novembre 2007
Prix : 5,95 €