En effet, la photographie a occupé une place importante dans la vie et l’œuvre de Rodin puisque l’artiste a noué des amitiés plus ou moins éphémères avec ses collaborateurs. Les photos prises lui permettaient d’observer l’évolution de son travail mais également de réfléchir à de nouvelles idées en retouchant directement les reproductions au crayon ou à l’encre. Quelques photos mettent alors en relief certaines perspectives qu’a eu Rodin sur telle ou telle œuvre, sans que cela ait entraîné toutefois de correction sur les sculptures elles-mêmes. Ces reproductions servaient également de catalogue pour vendre les œuvres lors des expositions.
Au-delà de cette découverte passionnante sur un art méconnu au service de Rodin, l’exposition des œuvres en fonction des photographes permet de comparer les différentes techniques de reproduction et les différents choix de sujets. Alors que Jean Limet, qui réalisait la patine des bronzes de Rodin, a gardé cette teinte sombre pour ses clichés, entraînant une ambiance intimiste et mystérieuse, Jacques-Ernest Bulloz a effectué un travail nettement plus lumineux et coloré grâce à des tirages au charbon dont la qualité et la stabilité dans le temps ont gagné en réputation au fil du temps. Ces photographes français sont souvent des connaissances de Rodin qui leur a donné la chance de travailler avec lui, ou plutôt pour lui.
Ainsi, la photographie autour de Rodin est devenue une œuvre en elle-même comme en témoignent les magnifiques reproductions que le musée Rodin a exposé et mis en valeur grâce à de subtils éclairages tout en nuances, face inconnue et ignorée du grand public mais qui mérite d’être découverte que l’on soit connaisseur éclairé et spécialiste de l’œuvre de Rodin ou simple curieux et amoureux de l’art en général.