La France – Avis –

Résumé

Automne 1917. Au loin, la guerre bât son plein. A l’arrière, Camille, une jeune femme vit au rythme des nouvelles de son mari parti au front. Mais un jour, elle reçoit une courte lettre de rupture. Bouleversée et prête à tout, elle décide de se travestir en homme pour le rejoindre. Elle se dirige vers le front, empruntant les chemins de traverse afin d’échapper à la vigilance des gendarmes. Dans une forêt, elle rencontre une petite troupe de soldats qui ne se doutent pas de sa véritable identité.

Elle va les suivre, et changer ainsi de vie, découvrant au fil des jours et des nuits ce qu’elle n’aurait pu imaginer, ce que son mari ne lui avait jamais raconté et ce que ses nouveaux compagnons se garderont de lui révéler : la France.

Avis de Marnie

Souvent, il existe une différence fondamentale entre ce que le réalisateur souhaite nous transmettre, et la vision du film vue par le spectateur. C’est encore plus vrai ici.

Si Serge Bozon a créé son film comme une balade, la petite troupe de déserteurs errant dans une superbe campagne française… le scénario ne décollera malheureusement jamais. Pour ma part, je ne suis pas arrivée à ressentir autre chose qu’un profond ennui. Il ne se passe rien… ou du moins pas grand chose.

Il semble que le metteur en scène ait voulu instaurer une intensité dramatique pour nous faire comprendre les traumatismes liés à la guerre. Cependant, si l’interprétation de Sylvie Testud, toute à fleur de peau, avec le naturel qu’on lui connaît, constitue une vraie présence touchante et sincère, cela ne suffit pas à enrichir le contexte. Certaines scènes sont sujettes même à des incohérences gênantes et nous font, une fois de plus sortir du ressenti du film.

En fait, la bonne volonté n’est pas synonyme de talent. Si Serge Bozon utilise quatre chansons créées spécialement pour le film, de la pop années 70 mêlée de folklore, l’anachronisme est certainement là pour souligner que toutes les guerres se suivent, se ressemblent. Le point de vue est celui d’une femme. Les instruments sont fabriqués en matériaux d’époque… Malheureusement, ce sont des scènes d’extérieur, un micro est collé on ne sait ou, nous ne comprenons pas la moitié des paroles, et on a monté la première prise… Alors, oui, le but était de nous donner une idée de la réalité de 1917. On joue à : nous faisons comme si nous y étions… Mais au résultat, cela chante faux, et paraît d’un anachronisme, disons le mot ridicule. Cela se veut fable, on touche au film d’auteur, qui se cantonne à cette étiquette.

La petite troupe de soldats est interprétée par des hommes qui ne sont pas des acteurs, là encore certainement pour paraître plus réaliste. Mais, ils jouent vraiment à côté. Qu’est-ce qui empêche donc certains réalisateurs de prendre des professionnels qui ont appris leur métier plutôt que leur voisin de palier ? Croient-ils vraiment que le talent est inné et qu’il va sublimer l’écran ? Malheureusement, le résultat pour certains est navrant. Quel plaisir de voir Pascal Gregory, celui qui les commande, se montrer plus qu’à la hauteur. Certaine scènes dans lesquelles il nuance ses regards et sa voix, nous font penser qu’il a découvert le jeu de la jeune femme et qu’il nous entraîne alors vers un marivaudage délicieux, mais c’est si bref…

Il nous reste finalement l’opposition entre des hommes qui ont vécu l’horreur de la guerre et souhaitent s’évader à n’importe quel prix, et une femme qui cherche par tous les moyens à l’intégrer… ils se perdent ici et tentent de se connaître, de se comprendre. Est-ce suffisant pour 1h40 de film ? L’idée de faites l’amour pas la guerre a tellement été vue et revue…

Ce film a reçu le prix Jean Vigo 2007. Je me suis donc demandé si je n’étais pas passée à côté d’un beau film… mais je suis restée de marbre, contrairement à une œuvre comme La chambre des officiers qui m’avait profondément touchée. Pourtant, c’est ce que l’on demande à ce genre de film. Ressentir… mais bon, certains trouveront certainement l’émotion que je n’ai pas perçue… Espérons-le !

Fiche Technique

Date de sortie : 21 novembre 2007

Avec Sylvie Testud, Pascal Greggory, Guillaume Depardieu

Genre : drame

Durée : 1O2 minutes