La perle de sang – Avis –

Présentation de l’éditeur

Une voyante vietnamienne vient d’être poignardée à Westminster, Californie. A la place de ses yeux, deux orbites vides. Et dans sa bouche, l’Œil d’Athéna, une étrange perle rouge sang qui donne le don de double vue. Une perle mythique volée douze ans auparavant par des pilleurs des tombes — et qui réapparaît aujourd’hui, à la manière d’un avertissement, dans cette mise en scène macabre…

Gia Moon, artiste peintre de talent, est convaincue que le tueur qui s’est livré à cet étrange rituel va frapper à nouveau. Car Gia est en proie à des transes prémonitoires — et, si ses rêves ne la trompent pas, ce sera elle la prochaine victime. Soutenue par l’inspecteur Seven Bushard, chargé de l’enquête, elle doit remonter aux sources de ce meurtre expiatoire — aux sources du mal et de la folie. Car elle seule est capable de comprendre l’étrange et fascinant pouvoir de cette perle venue du passé… (et d’en rompre le charme.)

Avis de Marnie

Sous le pseudonyme de Cameron Cruise se cache Olga Bicos, écrivain dont deux précédents et très bons romans ont été traduits dans la collection Best-Sellers. Nous retrouvons ici son style, et surtout le savoir-faire de cet auteur. Ainsi, les personnages, passé et contexte compris, défilent les uns après les autres pour mieux se rencontrer, se séparer, et nous révéler leurs motivations, pensées et actions dans une sorte de fouillis habilement orchestré.

Cependant, si le premier tiers du roman est extrêmement brillant, l’auteur tombe peu à peu dans le piège que jusqu’ici, elle avait réussi à éviter : le mieux est l’ennemi du bien. Il y a trop de tout, mais vraiment trop ! Le résultat est que finalement, la montagne accouche d’une souris… C’est une vraie déception de constater ce gâchis ! L’intrigue était plus que solide, le contexte (la communauté asiatique à Los Angeles) passionnant, les détails ainsi apportés par Cameron Cruise différaient avec une vraie intelligence et une certaine acuité des clichés de base, mais tout cela s’essouffle peu à peu, se dispersant, certaines questions ne trouvant jamais de réponses.

Ainsi, par exemple, tout le premier chapitre est centré sur Trisha Tran, une jeune femme dont on apprend une multitude de renseignements. Les informations sont si précises et si abondantes que nous pensons qu’elle est même l’héroïne du roman. Or, nous ne la reverrons plus… Et c’est ainsi que l’intrigue avance, se perdant dans une multitude de personnages, très intéressants, mais dont le devenir se perd dans les méandres de l’imagination de l’auteur. En fait, il n’y a pas vraiment de héros, seulement deux policiers, un homme et une femme, une médium, un collectionneur inquiétant, avec un contexte si riche, que l’on pourrait créer un seul roman avec la vie de chacun.

Le défaut principal que l’on peut reprocher à Cameron Cruise, c’est d’avoir tenter de tout mêler pour concocter une seule intrigue : le flic dont le frère est en prison pour meurtre, qui supporte une famille à la dérive se reposant entièrement sur lui, sa collègue à l’enfance perturbée et qui pour résister à la pression de son métier, ne vit que des aventures d’une nuit sans pouvoir l’assumer vraiment, la médium totalement perturbée par ses visions, qui doit aussi élever une enfant, un riche financier collectionneur trafiquant d’œuvres d’art volées et qui doit surveiller son fils, serial killer, et tout cela noyé dans des histoires, légendes, mêlant réalité scientifique et inventions dignes d’un film fantastique. On passe de trouvailles archéologiques vraies à des pseudos inventions, de meurtres sacrificiels à de l’escroquerie, tout en visitant au passage un service spécial du FBI qui aurait exercé son activité lors des évènements de Roswell. Que tout cela est lourd, lourd !

Si bien que la romance est à peine ébauchée, nous ne savons plus ce qui est vrai et ce qui est totalement inventé, l’action n’avance pas, l’enquête, n’en parlons même pas… Pourtant, le talent est là, et c’est vraiment dommage que l’auteur emportée par son imagination débridée n’ait pu trouver personne pour la canaliser. Pensons que c’est seulement une erreur de parcours, Olga Bicos a montré qu’elle était vraiment douée pour monter une intrigue et dépeindre des minorités avec brio ! Alors, j’attends son prochain roman avec impatience ! Tout le potentiel est là…

Fiche Technique

Format : poche
Editeur : Harlequin
Collection : Best-sellers
Sortie : 5 octobre 2007
Prix : 6,60 €