Les paumes blanches – Avis +

Synopsis :

En 2001, Dongo (Zoltan Miklos Hadju), grand gymnaste hongrois, arrive à Calgary pour entraîner Kyle (Kyle Shewfelt), futur grand espoir canadien. Mais le courant entre les deux hommes ne passe pas, d’un côté, Dongo ne s’adapte pas aux actuelles méthodes douces, faites plus de psychologie et d’intuition que de travail, et d’autre part, Kyle est un jeune homme gâté, sur de lui et de ses capacités, écrasant de sa supériorité cet entraîneur effacé et maladroit qu’il méprise. Deux longs flash-back qui nous ramènent en Hongrie communiste, en 1980, et en 1983, apportent un éclairage déterminant sur l’enfance de Dongo, où la discipline constituée de violence, répression, manipulation, dénonciation, dans une atmosphère de terreur, reproduit, en fait, la réalité du régime hongrois de cette époque. C’est seulement en franchissant le mur de ses souvenirs, que Dongo réalisera ses aspirations et pourra s’accomplir.

Avis de Marnie

Il existe une véritable authenticité dans cette histoire bouleversante. Le réalisateur a, en grande partie, mis en scène la vie de son frère (qui interprète le rôle de Dongo) mais a su prendre le recul nécessaire pour donner à ce récit une valeur universelle. Au lieu d’opter pour un scénario intégrant costumes façon rétro avec commémorations d’usage, Szabolcs Hadju a choisi de placer sa caméra à la hauteur des yeux de ce gamin de dix ans, que l’on empêche de s’exprimer, que l’on brime et maltraite, que ce soit à son entraînement ou même chez lui, et dont le regard fuyant tente de trouver un échappatoire, une image de liberté. Il est saisissant de s’apercevoir qu’à aucun moment, nous ne voyons un seul symbole du régime, (étoile rouge, chants patriotiques, soldat, statue de Lénine ou autres…), seule l’immense cité dans laquelle habite la famille du garçon, semble vide, oppressante, sombre, triste, où l’on ne peut s’échapper que sur les toits… en sautant dans le vide !

Le jeune garçon qui interprète le rôle de Dongo a 10 ans, est remarquable de justesse. Le décalage entre son assurance physique de jeune athlète en devenir et la détresse poignante que l’on sent palpable, est particulièrement dérangeant, malaise que l’on retrouve chez le jeune homme, devenu adulte, et qui n’a pas trouvé sa place. Le spectateur, lui, assiste impuissant à son lavage de cerveau, alors qu’on le fait entrer dans un moule de force dans lequel toute spontanéité et passion ont disparu, au service de la propagande de l’Etat.

Dans le rôle du jeune canadien insupportable, Kyle Shewfelt semble se parodier lui-même. Athlète international, il a été médaillé d’or à Athènes en 2004 et devrait représenter une nouvelle fois le Canada, aux prochains jeux olympiques de Pékin. Le contraste avec son entraîneur est là encore saisissant. Passionné, coléreux, orgueilleux, il n’écoute que lui-même, mais lui aussi va prendre conscience de ses manques et prendre conscience qu’il doit acquérir le petit plus nécessaire pour accéder au plus haut niveau.

Tout en ne tombant pas dans le piège d’une fin hollywoodienne où les deux héros seraient champions du monde et tomberaient en pleurant dans les bras l’un de l’autre, l’option qui semble choisie est si simple et si idéale, qu’elle pourrait même paraître quelque peu téléphonée si… Zoltan Miklos Hadju, qui interprète le héros, n’avait pas lui-même vécu cette même aventure. Au final, c’est une très belle histoire sur l’innocence brisée à jamais d’un enfant, ou l’observation est plus importante que les paroles, la réflexion et le retour sur soi permettent de se construire, tout en offrant un vibrant témoignage accablant sur un passé proche, évitant aussi bien les écueils d’une nostalgie malvenue comme d’une dose d’anticommunisme primaire. A découvrir !

Fiche Technique

Date de sortie : 21 novembre 2007

Avec Zoltán Miklós Hajdu, Orion Radies, Silas Radies, Kyle Shewfel, etc.

Genre : drame

Durée : 101 minutes

Titre original : Fehér tenyér

Distributeur : Epicentre Films