Résumé de l’éditeur
« Je m’appelle Renée, j’ai cinquante-quatre ans et je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un immeuble bourgeois. Je suis veuve, petite, laide, grassouillette, j’ai des oignons aux pieds et, à en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Mais surtout, je suis si conforme à l’image que l’on se fait des concierges qu’il ne viendrait à l’idée de personne que je suis plus lettrée que tous ces riches suffisants.
Je m’appelle Paloma, j’ai douze ans, j’habite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches. Mais depuis très longtemps, je sais que la destination finale, c’est le bocal à poissons, la vacuité et l’ineptie de l’existence adulte. Comment est-ce que je le sais? Il se trouve que je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligente, même. C’est pour ça que j’ai pris ma décision : à la fin de cette année scolaire, le jour de mes treize ans, je me suiciderai. »
Avis de Marnie
Décidément le bouche à oreille fait merveille ! Sorti à 4000 exemplaires en septembre 2006, les éditions Gallimard en sont aujourd’hui à plus de 200.000… Bien évidemment, lorsqu’un livre provoque un tel engouement (lire tant de bonnes critiques étonne quelque peu) il faut plutôt se méfier de sa propre réaction ; soit on se laisse influencer, ou encore on est déçu. Pour ma part, j’ai été littéralement emportée…
En premier lieu, il faut souligner la qualité de l’écriture. Muriel Barbery est brillante, à n’en pas douter. L’aisance du style et le vocabulaire choisi sont au service du ressenti et de l’émotion. Même si dans les premiers chapitres, nous pouvons être un peu déroutés par les digressions philosophiques, ou certains choix culturels totalement arbitraires que Renée ou Paloma assènent avec aplomb, c’est toujours en fonction d’un maelström de sensations éprouvées par nos deux héroïnes.
Que peuvent avoir en commun, une concierge de 53 ans, issue d’une famille pauvre, et une adolescente surdouée de 12 ans, fille de bobos ? Une profonde solitude, un besoin presque primitif de cacher sa véritable nature, le fait d’être incomprise, et de vouloir avec émerveillement cultiver son jardin secret… le Japon. L’apparition de Monsieur Ozu sera le catalyseur d’un improbable renversement des barrières sociales. Les premiers chapitres nous font découvrir les goûts et les méditations des deux personnages, leurs frustrations, leurs envies, leurs passions pour déboucher sur une satire sociale, lorsque qu’elles s’attardent sur les us et coutumes (et travers) des habitants de cet immeuble de la grande bourgeoisie parisienne. Qu’ils soient de droite ou de gauche, de grandes familles ou nouveaux riches, ils écrasent les moins nantis de leur mesquinerie, leur supériorité ou encore de leur aveuglement sur lequel se rajoute une bonne dose de bêtise…
Le roman jusqu’alors piquant, amusant et contemplatif, basculera lors de la rencontre de Renée, Paloma et Monsieur Ozu, où soudain, ces trois êtres vont se reconnaître, se trouver. De l’émotion artistique et culturelle, nous passons au sentiment et à l’envie vibrante d’être en communion avec une âme sœur. Dans cette valse hésitation ou partager devient le synonyme de se livrer tout entier au risque d’être mis à nu, nous nous retrouvons, nous les lecteurs, en chacun de ces personnages. Si dans leur solitude pleine de certitude, ils pouvaient se révéler, dans leurs jugements péremptoires, parfois pleins de mépris pour les autres, et aussi quelque peu agaçants, soudain, non seulement les barrières sociales s’effondrent mais leurs défenses également, les rendant touchants, humains. D’un certain détachement amusé, nous passons du rire aux larmes, alors submergés par l’émotion.
Il n’est pas si courant de lire un roman tout en finesse, délicat et tendre, sur un fil, évitant les écueils de la prétention de la suffisance, de l’élitisme et surtout de l’ennui. Plaisir des mots, plaisir du cœur… un petit moment de grâce !
Fiche Technique
Format : broché
Pages : 359
Editeur : Editions Gallimard
Collection : Blanche
Sortie : 31 août 2006
Prix : 20 €