Silver linings – Avis +

Résumé de Publishers Weekly

When Seattle art dealer Mattie Sharpe fell for Hugh Abbott, who occasionally serves as a security advisor for her aunt’s company, she decided to risk all for love and begged him to marry her. Hugh caught the next plane out of Seattle. Nearly a year later, on a trip to purchase an antique sword, Mattie is trapped on a tiny Pacific island during a coup. Who appears to rescue her but Hugh, now a wiser man, who knows that in refusing Mattie he tossed aside a gem. However, convincing Mattie of this, and luring her away from her successful career to his island home, is another matter.

Avis de Marnie

Jayne Ann Krentz est un auteur de romances des plus prolifiques, maintes fois traduite en français. Or, ces dernières années, si son rythme intensif semble se maintenir, ses intrigues (notamment historiques éditées sous le pseudonyme de Amanda Quick) sont de plus en plus bâclées, et les personnages formatés. Elle a trouvé une recette et l’applique point par point, oubliant d’intéresser le lecteur, et donnant même l’impression de s’ennuyer.

C’est la raison pour laquelle, fortement conseillée, j’ai lu ce roman contemporain, paru en 1991, oeuvre écrite douze années après son premier livre, dans lequel j’ai retrouvé tout ce qui m’avait fait aimer cet auteur. En effet, imagination, rythme, humour et surtout fraîcheur sont au rendez-vous pour nous faire passer un excellent moment.

Tout d’abord, comme souvent chez cet auteur, la scène d’ouverture est brutale, les deux héros sont face à face, et l’action démarre au quart de tour. Le petit plus ici, c’est que les héros se connaissent et même bien, et que leurs relations sont plus que tendues. Si le contexte (coup d’état sur une petite île du Pacifique) est explosif, le huis-clos qui s’annonce, l’est tout autant. A la fin du premier chapitre, le lecteur est déjà totalement au cœur de l’histoire, et ne demande qu’à lire la suite. C’est ce sens du récit qui constitue la qualité première de Jayne Ann Krentz.

Le second écueil évité est un récit avec un shéma bateau reprenant la découverte des deux héros en plein cœur de la jungle, crapahutant de lianes en lianes, tandis que nous baillons devant la description de la fameuse végétation luxuriante. Ouf ! Heureusement pas du tout ! Après un rapide et assez rocambolesque sauvetage, Mattie Sharpe et Hugh Abbott se reposent sur une île du Pacifique (oui, encore une) avant de se retrouver plongés pour la plus grande partie du roman, dans une autre sorte de jungle : le monde des arts de la ville de Seattle, dans l’état de Washington, croqué avec un ton sarcastique et un regard acide. Ce n’est certainement pas une coïncidence si l’auteur vit à Seattle, elle a l’air de savoir ce dont elle parle !

En fait, Jayne Ann Krentz nous entraîne ainsi, sans aucune rupture de ton, dans des univers différents, pour mieux faire comprendre à chacun des héros, ce qui le sépare ou ce qui le rapproche de l’autre. Là-encore, l’auteur oublie de nous présenter ses deux habituels caractères à l’opposé l’un de l’autre : le héros glacial intériorisé et la femme fofolle extravertie. Non, ici, nous avons une héroïne nuancée à multiples facettes. Mattie a l’impression d’avoir été d’échecs en échecs depuis sa naissance. C’est la seule de sa famille à n’avoir aucun talent artistique, les hommes l’ignorent alors que son époustouflante et célèbre sœur remporte tous les suffrages. Mais elle a un principe, elle ne refait jamais deux fois la même erreur. Lorsque l’homme qu’elle aime l’a sèchement rejetée, la jeune femme a décidé de ne plus lui accorder une seule minute d’attention.

Hugh est ledit homme en question. Sa personnalité, de prime abord, énigmatique, va peu à peu se découvrir. S’il est le prototype du baroudeur aventurier, les sentiments qu’il éprouve le fragilisent au lieu de le rendre plus sur de lui. Il a peur de lui-même, d’être touché par les autres et surtout d’être trahi et abandonné. Réagissant souvent de façon primaire lorsqu’il est submergé par ses émotions, il se montre étonnement immature, maladroit, en se justifiant de façon peu convainquante : s’il a laissé partir l’héroïne un an auparavant, c’est que ce n’était pas le bon moment. En fait, s’attachant à l’apparence, ne voulant pas s’engager vraiment, il a laissé partir la femme dont il est tombé amoureux, et cela il le réalise trop tard.

Sanguin, rusé, passionné et entêté, Hugh est un héros attachant, et même attendrissant. C’est en découvrant la face cachée de cet homme et non celle qu’elle s’était imaginée, que Mattie va prendre conscience de sa vraie personnalité et justement tomber amoureuse non d’un héros mais d’un être en chair et en os. De son côté, Hugh va découvrir derrière cette apparence un peu terne, un peu effacée, souvent tendue mais si pragmatique, une femme courageuse et fonceuse, pour ne pas dire intrépide, flamboyante et sure d’elle. Mais, tous les deux vivent dans deux mondes différents, l’un ou l’autre sera obligé de choisir de quitter le sien…

Jayne Ann Krentz, à l’aide de petites touches pleines d’humour et d’émotions, tentait en cette fin des années 80, de dresser le portrait d’un homme et d’une femme s’épanouissant dans le domaine professionnel et qui tentaient alors de trouver une place bien définie au sein du couple, en tatonnant et trébuchant, de maladresses en péripéties tragi-comiques. Si l’intrigue, par le danger qu’elle met en scène, sert seulement à renforcer les liens entre les deux héros, elle retient tout de même l’attention. Quant aux personnages secondaires, ils se montrent vraiment à la hauteur, caricaturaux, certes, mais le plus souvent drôles et hauts en couleur.

Un très bon divertissement et certainement un des meilleurs romans de Jayne Ann Krentz !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 346
Editeur : Pocket Books
Sortie : octobre 1997
Prix : 6,26 €
Langue : anglais