Résumé
Alors que le centenaire de l’indépendance des Etats-Unis est célébré, Andréa aurait pu avoir une vie normale et honnête en tant que dame de compagnie auprès de Maddy, une sympathique et richissime aristocrate. Cependant, elle est obligée de s’improviser voleuse et dérobe jour après jour les biens précieux des proches de Maddy afin de réunir la rançon exigée par Ralph Mutton, le père de son neveu Stevie, qu’il a kidnappé. Sa rencontre avec Brent ajoute une complication à cette affaire. En effet, alors qu’il tombe fol amoureux d’Andréa et qu’elle-même se sent irrémédiablement attirée par lui, elle doit lui mentir car Brent fait partie de l’équipe chargée d’enquêter sur les mystérieux vols qui secouent la haute société…
Avis de Marnie
On pourrait se poser deux questions : Quelle idée les éditions Jai Lu ont-elles eu de rééditer ce roman ? Et pourquoi dans la collection suspense ? En effet, il s’agit ici d’une romance historique qui avait sa place dans la collection Aventures & passions et qui ne méritait en aucun cas qu’on s’y attarde une fois, alors deux ?!
Avec un titre qui a du être tiré au sort, ce roman présente tous les clichés que l’on reproche au genre sentimental. Les critères sont étroits et bien définis : une héroïne voleuse (mais par obligation !) et vierge, bien évidemment, avec un héros qui volera à son secours, contre le méchant si affreux physiquement et moralement que l’on se demande ce que la sœur d’Andréa pouvait bien lui trouver pour être tombée follement amoureuse de lui. Deux autres homme et femme attirés chacun par les deux héros viendront inexplicablement et totalement absurdement se mêler à l’intrigue. Cela se passe en 1876, à Washington et l’on côtoie vaguement l’entourage du Président Ulysse Grant…
L’écriture est laborieuse, rythmée par des coups de théâtre prévisibles et poussifs… Les réactions des héros vont à contre-courant de la plus simple des logiques. Que penser d’une jeune femme qui se dit amoureuse d’un homme mais le laisse se dépêtrer dans une situation dangereuse, d’une part parce qu’il pourrait la reconnaître alors qu’elle vient de voler des bijoux et d’autre part parce qu’elle le trouve un peu trop arrogant et veut lui donner une leçon ? Ou encore, Andréa vole en même temps que les bijoux, des petits objets en forme d’animaux, parce qu’elle les trouve mignons, cela lui sert de porte-bonheur mais également, elle souhaite montrer plus tard à son neveu ce qu’elle a été obligée de faire pour lui. Déjà, ces explications pour une femme qui moralement souffre d’être une voleuse, sont pour le moins incongrues (elle en est le plus souvent fière, ou très contente d’avoir berné tout le monde) et l’on pense vu l’insistance de l’auteur à nous parler de ces petits animaux qu’ils vont avoir une certaine importance pour la suite de l’intrigue, et bien pas du tout ! Tout cela part dans tous les sens, on en vient à passer les pages…
Andréa est l’exemple type de l’héroïne sentimentale issue du formatage créé par Barbara Cartland. La gentille niaise, vertueuse, se sacrifiant par amour pour sa famille, très jolie, souriante mais qui souffre tout au fond d’elle-même, qui a très peur mais qui ne le montre pas, coléreuse mais gardera ses bonnes manières jusqu’au bout, pour finalement sangloter de joie dans les bras du héros… Quant à Brent, le voici s’improvisant détective privé, mais il n’a pas encore trouvé sa voie. Il tombe amoureux au premier regard, a tout d’un gamin capricieux, jaloux et possessif, mais il aime séduire, intelligent mais pas assez pour comprendre l’évidence…
Il n’y a aucune réflexion, aucune introspection. Je pense que l’auteur a souhaité écrire un divertissement ne se prenant pas au sérieux, mais le résultat est superficiel et ne retient pas l’intérêt du lecteur. Au bout du troisième chapitre, le soufflé est retombé. Quant à l’humour, dès la première scène, il frôle la vulgarité. L’héroïne semble trouver moins honteux (toujours selon les critères formatés de la romance sentimentale) de voler ses hôtes plutôt que de surprendre une liaison adultère… nous subissons une longue scène d’introduction (malheureusement dans les deux sens du terme), commentée par une Andréa indignée, ce qui est pour le moins grotesque, et voilà qu’elle ose même ensuite les juger en émettant une remarque bien moraliste au mépris de sa propre sécurité. On ne se pose même plus la question, oui, elle est idiote !
En conclusion, il est rare de voir la collection suspense, pourtant de bonne facture, faire paraître un livre aussi peu adapté à l’esprit de ces éditions… En tout état de cause, je ne pense pas tenter une seconde fois de lire un roman de cet auteur, après un tel flop !
Avis de Francesca
Les mois d’été sont propices à l’assoupissement des parutions littéraires et les éditions J’ai Lu, ne faisant pas exception à la règle, en profitent pour publier des rééditions à tour de bras. L’avantage est de permettre au public de redécouvrir des livres relégués aux oubliettes. Dommage que l’éditeur ne continue par sur cette lancée pour ressortir des ouvrages rares ou épuisés qui se négocient à prix d’or sur les sites d’occasion.
Voici une histoire légère, pétillante et rythmée qui, si elle ne révolutionne absolument pas le genre, a le mérite de faire passer un excellent moment amusant et futile, à condition toutefois de rentrer dans le jeu dès le départ. Les personnages évoluent dans les Etats-Unis de la fin du 19ème siècle, dans la société bourgeoise de l’époque. La frénésie des festivités du centenaire et l’insouciance de la population fortunée forment un décor agréable où le lecteur se promène avec plaisir.
Andréa est une jeune fille de 18 ans qui est tiraillée entre son honnêteté naturelle et son inquiétude pour son neveu qui la pousse à agir de manière illégale. Son attirance pour Brent la met au supplice car elle vit dans la crainte qu’il ne la démasque et la rejette, alors qu’elle est de plus en plus éprise de lui. De son côté, Brent, un avocat de 26 ans, a le coup de foudre la première fois qu’il a vu Andréa et n’a plus qu’un seul objectif : la séduire et la convaincre de l’épouser. Néanmoins, il nourrit quelques doutes concernant la sincérité d’Andrea mais ses soupçons sont trop vagues pour suffisamment l’inquiéter.
Les évènements s’enchaînent facilement et rapidement, les obstacles étant là pour mettre un peu de piment à l’aventure mais ne constituant pas de problèmes sérieux pour nos héros. C’est peut-être cette aisance suspecte qui laisse une impression de superficialité dans cette histoire. L’auteur a-t-elle voulu sciemment donner un ton frivole à son histoire ou s’est-elle contentée de cela sans approfondir davantage le caractère de ses personnages principaux ? Dans n’importe quel cas, la caricature qui affleure au fil de la lecture est acceptée ou pas selon les préférences du lecteur. Si on ferme les yeux sur les facilités prises sur les détails de l’histoire et des personnages, alors c’est un régal de se laisser entraîner dans cette histoire avec des personnages sympathiques et attachants.
Fiche technique
– Format : poche
– Pages : 319
– Editeur : J’ai Lu
– Collection : Suspense
– Sortie : 2 juin 2007
– Prix : 6,50€