Material girl – Avis +

Présentation de l’éditeur

Aaron Lear va mourir. Il n’a que cinquante-cinq ans. Ayant négligé ses trois filles, il va désormais assumer son rôle de père et se charger de mettre de l’ordre dans leurs vies. Rebecca est mariée à un minable. Rachel est l’archétype de l’éternelle étudiante. Quant à Robin, l’aînée, qu’il a embauchée dans son entreprise, elle se révèle aussi incompétente que despotique.

Aaron va la rétrograder au service Emballage. Robin dégringole donc de son piédestal. En quelques jours, elle est obligée d’affronter la maladie de son père, l’humiliation et une arrestation. Car la demoiselle s’est épargné la formalité de passer le permis de conduire ! Même Jacob Manning, l’entrepreneur à qui elle a confié la rénovation de sa maison, conteste son autorité ! La nouvelle Robin, dépouillée de son arrogance, serait-elle fragile au point de désirer poser sa tête sur une épaule virile ?

Avis de Marnie

Voici le premier d’une trilogie (et oui, encore une !), qui nous relate les aventures tragicomiques de l’aînée d’un millionnaire, qui soudain va être obligée de se poser des questions existentielles. C’est assez déconcertant mais le point sur lequel l’éditeur insiste, le côté “désopilant”, c’est en fait ce que j’ai le moins apprécié. Heureusement, on ne subit ses catastrophes que pendant un tiers du roman. Après, les choses sérieuses commencent… et le livre tient alors ses promesses !

Passons rapidement un début que je qualifierai bourré de clichés “chick-lit” [[littéralement, cela signifie «littérature pour poulettes», appelée aussi «gossip lit», ton futile et léger, débordant d’humour noir et de faux cynisme, mettant en scène commérages et bavardages. A l’origine nous avons Le journal de Bridget Jones, aux multiples déclinaisons, de Sex in the city en passant par Le diable s’habille en Prada, dont les copies abusives tueraient peu à peu le genre. Pour résumer, ce sont des romans écrits par des femmes, pour des femmes, avec des héroïnes jeunes, belles, riches, avec une carrière en or à la clé.]] où Robin, est perpétuellement au bord de la crise de nerfs. On ne croirait jamais qu’elle a 34 ans, on dirait une adolescente gâtée, qui tape du pied pour obtenir ce qu’elle pense vouloir, ce dont elle ne veut pas, et ce dont elle souhaite ne pas entendre parler… Petite mise au point : je ne sais pas ou l’éditeur a été dénicher dans le roman que la demoiselle s’est épargnée la formalité de passer le permis de conduire, elle a oublié ses papiers et se montre injurieuse avec le policier qui lui demande des comptes.

Mais voilà : son père qui a toujours négligé ses trois filles, en leur offrant de l’argent en guise d’attention et d’amour, et qui a donné à Robin un titre honorifique au sein de la société familiale, décide de remettre son aînée sur les rails de la réalité, en souhaitant lui faire apprendre quasiment de force les bases du métier. C’est là que survient notre héros, un travailleur manuel qui à trente-huit ans continuent ses études pour devenir architecte, subvient aux besoins de sa mère tout en essayant d’être un père à son neveu, adolescent perturbé, servant également de béquille à un ami qu’il emploie pour l’aider sur les chantiers. La confrontation entre les deux héros qui sont aux antipodes l’un de l’autre va se révéler explosive.

C’est là que le roman devient très intéressant : l’importance que l’on porte dans notre société à la différence de classes sociales. Que ce soit Jacob ou Robin, chacun considère l’autre avec un certain mépris et beaucoup d’incrédulité. Tous les deux vont pourtant apporter à celui ou celle dont ils tombent amoureux, leur vision du monde et s’enrichir ainsi mutuellement. Cependant, cela va faire resurgir leurs failles… Robin était une petite fille pauvre mais heureuse, avant de devenir cette héritière futile et arrogante, et Jacob n’a pas toujours été l’homme aux multiples responsabilités à la recherche obstinée de stabilité, mais un jeune homme insouciant et gai. En fait, ils attaquent tous deux de peur d’être blessés. C’est la peur qui les paralysent… L’humour un peu forcé va laisser la place à l’émotion et aux sentiments.

Toute l’évolution notamment de Robin, est assez profonde et captivante. Cette impétueuse et fausse confiance en elle va se lézarder et aider à ce que le papillon sorte de sa chrysalide. Les personnages secondaires apportent alors un plus à l’histoire : l’ami un peu bizarre de Jacob, les grands parents terribles de Robin, la mère et Cole, le neveu de notre héros, ou encore le père de la jeune femme, dont le brusque et trop tardif revirement cache mal le fait qu’il souhaite diriger ses filles comme son entreprise et non les comprendre pour mieux les aider.

J’attends avec impatience le deuxième tome, en espérant que Julia London a réussi à créer, dès les premières pages, une personnalité aussi intéressante que celle de Robin !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 378
Editeur : J’ai Lu
Collection : Romance d’aujourd’hui
Sortie : 19 avril 2007
Prix : 6,90 €