Magdalaine la Bâtarde – Avis +

Résumé de l’éditeur

En 1139, en Angleterre, meurtriers et comploteurs prolifèrent dans le pays, livré à l’anarchie et à la guerre civile. Mais Magdalaine la Bâtarde, femme au passé trouble devenue patronne de l’Old priory Guesthouse, une maison close très privée, ne compte pas se laisser marcher sur les pieds. Protégée par deux des hommes les plus puissants du royaume, dont l’évêque de Westminster, et entourée de ses ‘filles’, elle mène sa maisonnée avec autorité et tendresse.

Lorsqu’un émissaire du pape est assassiné devant sa maison, l’occasion est trop belle pour les moines du prieuré tout proche de se débarrasser de leurs encombrantes voisines. Aidée de ses belles pensionnaires et de son chevalier servant, sire Bellamy d’Itchen, Magdalaine va se battre bec et ongles, sur fond d’intrigues politiques et religieuses, pour faire éclater la vérité.

Avis de Marnie

S’il y avait la possibilité de donner plusieurs “plus” à un roman, celui-ci en mériterait des dizaines, Roberta Gellis, romancière américaine, conçoit une étonnante enquête menée par une tenancière de maison close en 1139. Si vous aimez le moine Cadfael, voici son équivalent au féminin : Magdalaine, ou celle qui se fait appeler ainsi…

Voici une personnalité très complexe, une femme au passé mystérieux, assez jeune, très belle, capable d’un grand sang froid lucide comme de l’affolement le plus sot, très intelligente, réfléchie, douée en logique et en déduction. Cependant, Magdalaine peut se faire tromper par ses propres préjugés, et va mener une enquête, avant tout pour se protéger d’un monde hostile.

Qu’il est étonnant de ne voir aucune femme, hormis les prostituées et la cuisinière de la maison close, s’approcher de près ou de loin de l’enquête. Magdalaine ne connaît que le monde des hommes et toutes les classes sociales, toutes les couches de la population. Sa vision du monde est cynique, c’est une déclassée et elle le revendique haut et fort, sachant très bien que tous ses choix se font comme sur une corde raide, ou le premier mauvais pas la conduira à la mort. Son but : gagner assez d’argent pour se retirer loin du monde.

Seulement les intrigues politiques complexes aux multiples ramifications ne vont pas la laisser en repos. Dans une époque ou la religion catholique domine cette partie de l’Europe et contribue à faire ou défaire les rois de France ou d’Angleterre, Magdalaine s’est arrangée pour obtenir la protection du puissant evêque de Westminster, cerné par des complots menés par des rivaux jaloux ou par intérêt. Mais, la jeune femme doit tout au seigneur mercenaire Guillaume d’Ypres, qui l’a sauvé d’une vie terrifiante. Au service du roi, ce personnage charismatique, violent, rusé, privilégiera toujours sa propre destinée sans aucun scrupule. La maison close sert à ses réunions politiques, les renseignements obtenus sur l’oreiller étant transmis directement et en premier lieu à Guillaume, le protecteur qu’il ne faut jamais sous-estimer.

Et voici l’homme qui, d’une certaine façon, va fragiliser cet équilibre déjà précaire et instable : sire Bellamy d’Itchen, chevalier au service de l’évêque de Westminster, chargé par ce dernier d’éclaircir l’enquête concernant le meurtre d’un émissaire du pape. Fasciné au premier regard par Magdalaine, il cherche à l’innocenter. Ils vont tous les deux faire équipe, aidés par les trois prostituées que protège la jeune femme, d’une main de fer dans un gant de velours. Bellamy est intelligent, courageux, réfléchi et impulsif, amoureux et jaloux tout à la fois. Son but est de faire tomber les défenses de Magdalaine, femme qui ne se prostitue plus mais qui revendique la liberté de le faire !

Quel plaisir de lectrice de découvrir un roman que l’on savoure de différentes façons, appréciant l’intrigue policière qui tient toutes ses promesses, le contexte historique, riche, réaliste, passionnant, les rebondissements étonnants. Des dizaines de caractères très diversifiés, aux réactions nuancées, se croisent, s’affrontent, s’accordent ou s’étudient. Les dialogues sont brillants, subtils, dans un langage très stylisé, pointu, mais jamais ardu ou rébarbatif. Au contraire, tout est lié avec grâce, action et répliques fines et ciselées parfaitement intégrées dans une description haute en couleur, d’une Angleterre en pleins troubles, où une femme qui cherche avant tout à être maîtresse de ses actes et de son corps, tente tout simplement de survivre.

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 398
Editeur : 10/18
Collection : Grands detectives
Sortie : 19 janvier 2006
Prix : 7,80 €