Le lien du sang – Avis +

Résumé

Carrie, jeune médecin urgentiste, est devenue accidentellement un vampire, en voulant affronter sa peur. Sa vie toute tracée a basculé dans l’horreur et dans une fascination irrépressible et morbide de l’univers des vampires. Mais en plus d’affronter cette transformation, elle doit choisir entre deux mondes, celui des vampires « civilisés » qui oeuvrent pour la destruction de leur propre race ou celui des vampires qui revendiquent le droit à vivre selon les règles de leur univers.

Elle doit aussi choisir entre deux hommes, Nathan, le vampire qui l’a initiée à sa nouvelle vie, aux règles qui doivent régir désormais son quotidien et Cyrus, le vampire qui l’a créée, son sire, celui auquel elle est liée par « le lien du sang ». Carrie est attirée par ces deux vampires et s’interroge encore quand un évènement imprévu l’oblige à prendre parti…

Avis de Marnie

Disons le immédiatement, ce roman Harlequin, n’a rien d’une romance. Les codes principaux des histoires d’amour explosent de toute part. Ce nouvel auteur de 26 ans est étonnante de maîtrise et d’audace !

Première bonne idée : une héroïne assez antipathique ! En fait, au premier chapitre, le récit à la première personne est assez provocateur. Carrie se veut solitaire, endurcie, cynique sans idéal, qui méprise la faiblesse des autres. Sa transformation physique n’est en fait qu’anecdotique lorsqu’on la compare à celle qu’elle va ressentir au plus profond d’elle-même. C’est cet aspect qui est le plus intéressant dans ce roman et aussi ce qui est étrangement parfaitement assumé avec culot par un auteur si jeune : Carrie explore ce qui est noir, trouble et malsain dans sa personnalité, pour se construire et découvrir quelle femme elle peut devenir.

En fait, vu que ce n’est que le premier tome, on nous laisse penser que d’autres changements intérieurs vont se produire en elle. Avoir été tuée lui a apporté une autre vie… que va-t-elle en faire ? la mort ne l’obsède pas, loin de là, non c’est la longévité qui la passionne. Les vampires doivent dire adieu à leur existence de mortel, et sont obligés de changer d’endroit au bout de plusieurs années, sans pouvoir s’attacher aux gens. La solitude est le maître mot de cette existence, où se procurer du sang ponctue cette errance sans but. En même temps, ils sont traumatisés par ce qui est à l’origine de leur transformation.

L’univers créé est codifié. Il y a le bien, le mal, ce qui est autorisé, hiérarchisé, une sorte de société de vampires, une petite communauté secrète qui se meurt peu à peu. C’est étonnant comme Jennifer Armintrout, avec subtilité et réflexion, met en relief les valeurs qui caractérisent les vampires suivant leur âge. Ainsi Cyrus qui était serf, considère les relations maîtres et esclaves, comme seule façon de coexister. Nathan, lui, né dans au début du vingtième siècle, a du mal à voir en Carrie une femme indépendante, est choqué par l’homosexualité, même s’il se reprend ensuite.

Enfin, la notion la plus noire évoquée ici est celle du lien de sang : la transposition bien évidemment de la mère qui donne la vie à son enfant. Cyrus a fait de Carrie un vampire, et ce faisant, ils sont unis par quelque chose de fort qui semble indestructible, partagent pensées, souvenirs et fusionnent, par l’esprit et par le corps, donc totalement. Peut-elle résister au gouffre dans lequel il souhaite l’entraîner ? C’est ici que les personnages secondaires enrichissent le roman. Dahlia, Ziggy ou encore Max font évoluer le récit de péripéties en drames.

Bien que le roman à la première personne centralise l’histoire sur la personnalité de Carrie, l’atmosphère est envoûtante, imprégnée de violence et de sexe, très visuelle, narrée façon clips plutôt que flash-backs. Pour un premier tome de mise en situation, Jennifer Armintrout fait preuve d’une vraie habileté à éviter les pièges habituels qui ralentissent l’action, le passé des héros étant seulement effleuré par petites touches, sans que personne ne s’attarde. C’est fort… puissant même, et surtout très prometteur. J’attends avec impatience le second tome !

Avis de Domino

C’est un roman plein de sang, de fureur, de violence, de sexe ! Ames sensibles s’abstenir ! Si les scènes à la limite du gore ne vous rebutent pas, si le sexe à l’état brut, sans sentiment ne vous dérange pas, si la violence ne vous pose pas de problème, ce livre est pour vous ! Et que le roman soit écrit à la première personne ne vous arrête pas, cela renforce l’impact du récit !

Mais ne vous y trompez-pas, ce livre n’est pas uniquement du sang, du sexe, de la violence ! Dans ce déchaînement de passions, de sentiments exacerbés, Carrie revendique une part d’humanité dans sa nouvelle vie de vampire, dans le chaos qu’est devenue sa vie, elle réclame le droit à exercer son libre-arbitre. Quel que soit le chemin qu’elle devra suivre, elle veut le faire les yeux grands ouverts, en toute connaissance de cause, qu’elle s’engage sur la voie du « mal » ou du « bien ».

Le personnage de Carrie est sans aucun doute la grande figure du roman. Pleine d’hésitations au début du roman, elle est devenue, quand l’histoire s’achève, une jeune femme lucide, sûre de ses choix. A ses côtés, deux autres personnages tout aussi passionnants, les deux vampires, Nathan et Cyrus occupent une part importante.

Pour une fois, les deux héros masculins sont traités de façon équivalente et aucun d’eux ne prend le pas sur l’autre, ce qui participe à la réussite du récit. La noirceur de Cyrus fascine d’autant plus qu’on décèle en lui des blessures secrètes, des aspirations inavouées alors que la rectitude et l’intransigeance de Nathan cachent des fêlures de l’âme et une très grande fragilité. Et lorsque la roman s’achève une seule question taraude… à quand la suite ?

Pour un premier roman, c’est un coup de maître et Jennifer Armintrout fait là une entrée fracassante. Au final, Le lien du sang est un livre très original qui peut choquer, troubler mais ne laisse pas indifférent.

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 448
Editeur : Harlequin
Collection : Best-sellers
sortie : 1 mars 2007
Prix : 6,60€