Disparition – Avis +/-

Présentation de l’éditeur

Mais où est donc passée Nell Ryder, quinze ans, cavalière émérite et petite-fille du propriétaire d’un des plus prestigieux haras anglais ? Deux ans après sa disparition, toujours aucun indice. Aucune demande de rançon. Pas de corps. Toute sa famille a perdu l’espoir de la retrouver, sauf son oncle, Vernon Rice.

Cette affaire fascine d’autant plus Melrose Plant que le père de la jeune fille est Roger Ryder, le médecin de Richard Jury au Royal London Hospital. Pour ce dernier, résoudre cette énigme est presque un baume apaisant, une affaire pour tuer le temps entre deux rendez-vous avec son exécrable infirmière. Mais pour la police de Cambridge, l’enquête est on ne peut plus close. C’est compter sans la ténacité légendaire du duo le plus flegmatique de Scotland Yard…

Avis de Marnie

Il est stupéfiant de découvrir encore des intrigues policières qui pourraient être issues de l’imagination d’un romancier anglais du siècle précédent. C’est volontairement le chemin que Martha Grimes, auteur américaine contemporaine, a souhaité prendre, comme pour rendre hommage à ces écrivains qui ont profondément marqué la littérature anglo-saxonne, et approfondir un certain style où le flegmatisme flirte avec l’ironie macabre.

Il est toutefois dommage que deux aspects rebutent le lecteur et, pour ma part, m’ont vraiment déconcerté :

– la noirceur tragique de l’histoire policière, coupée de passages comiques qui évoluent, par ci, par là, concernant la vie quotidienne et futile de Melrose Plant, un des deux héros. J’adore l’humour noir, mais ici, on a beaucoup trop l’impression que ce sont deux histoires et donc deux romans différents. Le contraste est tel, qu’il semble presque de mauvais goût. C’est assez dérangeant…

– le côté vraiment irréel de l’intrigue, dont certaines ramifications sont franchement peu crédibles pour ne pas écrire invraisemblables. Ne parlons pas non plus d’originalité, il n’y en a pas. A cela j’ajouterai, le rebondissement final (dont beaucoup de lecteurs s’accordent pour le trouver raté) qui n’apporte rien, comme si Martha Grimes n’avait pas su jusqu’ou amener ses héros, d’où un sentiment d’amertume et d’inachevé.

Mais si le suspense est vraiment décevant par rapport aux autres intrigues nées de l’imagination de cet auteur, la description complexe des caractères est passionnante. Les relations pleines de complicité entre les héros Richard Jury et Melrose Plant et leur cercle d’amis (Vivianne, Tante Agatha, Trueblood, Carole-Anne etc…) sont vraiment divertissantes. Quant aux suspects et témoins que l’on découvre peu à peu au fur et à mesure du déroulement du récit, il faut donner une mention spéciale à Vernon, personnage on ne peut plus profond et captivant. En quelques répliques et réflexions brillantes, l’auteur nous le dessine tout en finesse, avec le sens de la psychologie qu’on lui connait.

Enfin, je dois souligner que les passages humoristiques sont vraiment très caustiques. Martha Grimes réussit à nous faire croire à ses personnages excentriques issus d’une aristocratie protégée et à son petit village à l’atmosphère labellisée “britannique” sortis tout droit d’un épisode de Barnaby. Cela sent bon l’Angleterre telle qu’on la rêve, avec ses petits meurtres entre amis, les longues discussions sur des détails, un certain snobisme, et une lutte des classes feutrée mais totalement assumée…

Alors, si l’on souhaite se plonger dans un bon polar, il vaut mieux éviter la lecture de ce roman, mais si le lecteur a envie de se dépayser dans une Angleterre qui semble ne pas avoir changé depuis Agatha Christie, pourquoi pas ?

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 510
Editeur : Pocket
Collection : Pocket Policier
Sortie : 11 janvier 2007
Prix : 7,60 €