Le bijou égyptien – Avis –

Présentation de l’éditeur

Egypte, Avril 1799. A l’heure où la France et l’Angleterre se livrent une guerre sans merci pour la conquête de l’Egypte, la découverte du tombeau d’un pharaon représente un enjeu de taille.

Gavin DeFoe, comte de Blackwell, s’est jeté à corps perdu dans cette mission archéologique pour oublier la mort de son fils et sa haine des femmes. De toutes les femmes, sans exception. Jusqu’au jour où, ayant échappé par miracle aux soldats de Napoléon, il croise le chemin de Mackenzie Tuggle qui s’impose au sein de son équipe.

Une femme sur un chantier de fouilles ! On n’a jamais vu cela, encore moins si elle est belle à ravir, avec des boucles auburn et des yeux verts de chat. Gavin n’aime pas ce qui échappe à son contrôle. Mais le désert égyptien est justement le lieu de toutes les surprises…

Avis de Marnie

Encore un nouvel auteur inconnu, et un écrivain que franchement l’on aurait pu éviter de lire. Si ce roman se situe en 1799, juste avant la régence, l’intrigue se déroule en Egypte, pendant la conquête napoléonienne, ce qui rend le sujet très original et attrayant. Malheureusement, l’auteur gâche toutes les chances de nous faire éprouver un quelconque intérêt pour cette histoire.

Déjà, il semble que ce soit le deuxième tome d’une trilogie. L’éditeur n’a pas trouvé utile de publier la première intrigue, mais le lecteur a le sentiment de débarquer dans une aventure, et de prendre le train en marche. Certains évènements sont résumés et les incidents qui ont émaillés précédemment l’histoire et qui pourraient nous éclairer sur certains traits de caractère des héros, sont effleurés. Mais Tammy Hilz a également une grande part de responsabilité dans ce ratage.

En effet, ses héros manquent de profondeur et de nuances :

– Mackenzie Tuggle est une femme qui vit et s’habille en homme. On sait seulement qu’elle a voyagé en bateau jusqu’en Chine et que depuis cinq ans, elle adore le désert égyptien et vend les produits de ses fouilles. Elle dit qu’elle ne peut se passer de la mer et de son bateau mais le désert lui est indispensable. Contradictoire et malheureusement, on ne sait rien d’autre. Elle manque d’authenticité et de consistance. Obstinée, indépendante et dirigeant tous les hommes qui l’accompagnent, même son père, elle hurle partout qu’elle sait se débrouiller toute seule au milieu de tous les dangers, sauf qu’elle n’arrive jamais à éviter les pièges ! Au lieu de nous la représenter en héroïne altière et courageuse, l’auteur nous décrit surtout une jeune femme inconsciente et irréfléchie, qui irrite bien plus qu’elle ne séduit.

– Gavin DeFoe est un comte, obnubilé par un passé tragique qu’il raconte au lecteur plusieurs fois le long du récit. Il ne se définit et semble ne s’être construit d’ailleurs que par l’évènement dont il a été victime. Misogyne et hargneux, son évolution soudaine vers la fin du roman n’est pas franchement crédible. Il a énormément conscience de la différence de classe sociale et d’éducation qui existe entre Mackenzie et lui et soudain, sans que l’on sache vraiment ce qui l’amène à le penser, cela n’a plus d’importance. On ne comprend pas son brusque revirement, parce que hormis son attirance indéniable pour la jeune femme, l’évolution de la situation ne permet pas une telle réaction de confiance !

Nous, Français, sommes habitués à être considérés dans les romans sentimentaux Régence anglo-saxons, comme les méchants de l’histoire, mais pas au mépris de la vérité historique. C’est totalement absurde de lire que Napoléon aurait été chassé d’Egypte… A la fin du livre, les notes de l’auteur reprennent ce qu’elle appelle d’autres petites erreurs, mais qui ont été faites pour une meilleure appréciation des aventures des héros, d’après elle. Ainsi, l’héroïne déchiffre, parce que cela fait cinq ans qu’elle fait des fouilles en Egypte, les hiéroglyphes, alors que le français Champollion y arrivera seulement vingt ans plus tard. D’autres anachronismes se succèdent et nuisent énormément à l’intérêt du récit, cela devient tellement incroyable que cela agace et on perd de beaucoup l’envie de lire ces aventures plus que rocambolesques.

C’est vrai aussi que dans certains romans, on oublie les anachronismes parce que l’on est captivé par la présence des deux héros qui emportent l’adhésion. Mais ici, pas du tout. De plus, les invraisemblances de la réalité historique que Tammy Hilz nous décrit se confondent avec les incohérences du roman. Est-il crédible de voir Napoléon exhiber deux prisonniers anglais enchaînés (dont une femme) pendant toute la durée d’un bal ? Comment croire que le comte qui se retrouve dans la même pièce que l’empereur, avec une arme, et qui réalise qu’il pourrait le tuer, ne le fait pas, sans que l’on sache pourquoi ?

Hop, on nous met quelques scènes sensuelles pour faire passer la succession de rebondissements, mais la sauce ne prend pas. C’est très décevant d’avoir envie de passer les pages au lieu d’être captivé par le récit. Je pense qu’il y a aura une troisième histoire, vu qu’un des personnages secondaires évoque des évènements qui ne trouvent pas l’aboutissement dans ce roman. Sera-t-il traduit ? Mais faut-il encore avoir envie de le lire !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 313
Editeur : J’ai Lu
Collection : J’ai lu Aventures & passions
Sortie : 31 janvier 2007
Prix : 6,50 €