Une nouvelle vie pour Norah – Avis +

Présentation de l’éditeur

Ned Porter a tout de suite été intrigué par sa nouvelle voisine, cette frêle personne qui lui évoque une fée ou une nymphe des bois. Journaliste, Norah Stevens est venue s’installer dans le Maine avec sa mère Joanna, récemment divorcée.

Mais, contrairement aux apparences, c’est une battante. Chargée de rédiger une rubrique hebdomadaire dans le journal local, Norah n’hésite pas à aborder les sujets qui fâchent. Son premier article suscite d’ailleurs une vive réaction chez les pêcheurs du coin, obligeant Ned à s’interposer.

Conscient que son physique d’Hercule met la jeune femme extrêmement mal à l’aise, il est lui-même décontenancé par tant de délicatesse. Les Porter sont tous de rudes gaillards mariés à des maîtresses femmes. Mais ne dit-on pas que les contraires s’attirent ?

Avis de Marnie

Marcia Evanick est un auteur assez rare et c’est franchement dommage. J’avais déjà apprécié son Plats du jour et petites douceurs, qui se situe dans la même petite ville portuaire de Misty Harbor (il y aura seulement un petit clin d’œil à l’héroïne de ce roman…) et c’est agréable de retrouver l’atmosphère de ce coin de nature situé dans le Maine !

Très souvent, dans les petites comédies sentimentales réussies, les situations sont humoristiques avec quelques évènements assez graves pour donner une certaine épaisseur à l’histoire. L’originalité ici, c’est qu’en fait la plupart des péripéties sont toutes assez réalistes pour ne pas dire dramatiques mais que c’est le style léger et optimiste de l’auteur qui donne une touche souriante au récit.

– ainsi le contexte économique est difficile. Les métiers de la pêche ou du bois sont physiquement très durs, et la plupart de ceux qui travaillent sont en porte à faux avec les décisions qui viennent des autorités. Les articles neutres de l’héroïne mettent en évidence les problèmes de la région mais n’apportent pas de solution… C’est donc avec une évidente nostalgie légèrement teintée d’amertume que l’on suit les relations du clan Porter, famille soudée par l’amour qu’ils se portent mais aussi par la tristesse de voir péricliter peu à peu leur petit coin de terre.

– les deux héroïnes, victimes d’un passé traumatisant, sont en reconstruction, aussi bien Norah, que sa mère Joanna, personnage si présent qu’elle évolue en premier plan. Toutes deux sont attachantes, prennent soin l’une de l’autre et apprennent peu à peu à s’ouvrir au monde extérieur, avec peur et hésitation mais une vraie volonté de s’en sortir. Là encore, on ne nous raconte pas dans un gentil préchi précha que lorsque l’on est une femme battue, on prend son courage à deux mains et on s’en sort…non, on a besoin d’aide et les séquelles psychologiques sont réelles !

S’agissant des héros, tout d’abord, ils sont victimes tous deux des apparences. Pour Ned, la jeune femme est petite, fragile, féminine, ce en quoi elle est le contraire de sa mère ou de ses belles-sœurs. Donc, comme il se veut comme ses trois frères, une femme comme Norah ne peut lui convenir. Pour la jeune femme, la forte stature de Ned provoque un sentiment de rejet, vu qu’il ressemble à son propre père, homme violent. De plus, toute la famille Porter est batie sur le même moule, ce qui l’impressionne et la met mal à l’aise. Même le chien du jeune homme est énorme alors que celui des deux femmes est minuscule.

Mais, lorsque les deux héros commencent à se parler, ils s’aperçoivent qu’ils se ressemblent sur beaucoup de points. Leur découverte mutuelle fait tomber peu à peu des barrières. Chacun teste l’autre… qui relève le défi. L’atmosphère est alors ludique, gaie mais aussi intime et pleine de complicité et rejoint totalement l’univers de la comédie sentimentale. Les scènes sensuelles basculent avec bonheur dans la tendresse et l’humour.

Enfin, le contexte pittoresque de la ville de Misty Harbor est très bien rendu. On a l’impression d’admirer nous-mêmes l’océan, les paysages du Maine mais aussi de l’arrière-pays montagneux. On sent le vécu très réaliste de l’auteur (le choix de certaines courses qu’il vaut mieux faire dans la grande ville, Bangor que les fans de Stephen King ou de John Irving connaissent bien !) qui apprécie en flânant les qualités des boutiques d’un village touristique comme Misty Harbor. Les personnages secondaires sont tous nuancés et le clan des Porter et leur évidente complicité mêlée de légère jalousie totalement habituelle dans une fraterie enrichit le récit de dialogues piquants et ironiques.

On ne peut regretter qu’une chose, la trop faible quantité de pages (pour une calligraphie assez grande) pour une histoire qui aurait mérité d’être encore plus approfondie et développée… la conclusion est tout de même un peu trop abrupte et laisse certains problèmes non élucidés, certainement pour un nouveau récit concernant le dernier frère encore célibataire. Mais sera t-il traduit ?

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 281
Editeur : J’ai Lu
Collection : J’ai lu Pour elle
Sortie : 7 février 2007
Prix : 5,90 €