Pour l’amour de Kathleen – Avis +

Présentation de l’éditeur

Seize ans plus tôt, Morgan Tallchief a perdu dans de terribles conditions celle qu’il aimait d’un amour fou. Aujourd’hui peintre à Santa Fe, le jeune Indien exerce son art pour surmonter sa souffrance. Aussi, quand Kathleen réapparaît, bien vivante et accompagnée de sa fille adolescente – leur fille -, Morgan est sous le choc. Face à son incompréhension et à sa colère, Kathleen lui explique que le FBI a simulé la disparition de toute sa famille afin de la protéger de la mafia. Malheureusement, le cauchemar n’est pas fini. En dépit des années passées, l’ombre des tueurs se profile toujours dans le sillage de Kathleen et de sa fille Trish qui sont venues implorer l’aide de Morgan.

Avis de Marnie

Peut-on croire que deux adolescents fous d’un amour absolu et que l’on sépare brutalement ont leur vie brisée, et que désespérés, ils n’ont en quelque sorte jamais repris le cours de leur existence ? C’est énorme, c’est du pathos, et c’est ce que tente de nous faire croire Dinah McCall (alias Sharon Sala)… avec succès. A chaque fois que je lis un de ses romans, je me dis que je ne vais pas me faire entraîner dans une histoire aussi peu crédible, où l’amour est tellement puissant que les héros ne peuvent pas vivre l’un sans l’autre. Et pourtant, je marche… encore et encore !

C’est le talent non usurpé de Dinah McCall qui nous permet de croire à l’impossible : ses envolées lyriques et passionnées, ses héros torturés qui préfèrent mourir que d’être séparés. Des les deux premiers chapitres, le lecteur découvre que la séparation les a amené tous les deux au bord du gouffre. Kathleen n’a t-elle pas tentée de se suicider lorsqu’on l’empêche de rejoindre celui qu’elle aime ? Morgan n’arrête t-il pas de courir, alors qu’il venait de battre un record national et qu’il était appelé pour devenir un athlète médaillé aux jeux olympiques ?

Si la naissance de sa fille lui a en quelque sorte sauvé la vie, Kathleen est brisée intérieurement, se morfondant en regrets, submergée par la culpabilité pour avoir fait croire à Morgan qu’elle était morte. Quant à lui, après avoir mené une vie où il flirte sans cesse avec le danger, prenant des risques inconsidérés, il ne trouve que dans la peinture et la solitude, un exutoire à son malheur.

Soudain, ils sont l’un en face de l’autre. Passés les premiers instants, comment réagir ? Ils ont changé, minés par le désespoir ils se sont endurcis, ont appris à se protéger eux-mêmes, à survivre l’un sans l’autre et voilà qu’ils doivent s’expliquer et se faire confiance… avant de pouvoir penser à l’impensable, sont-ils aussi fous d’amours qu’ils l’étaient lorsqu’ils avaient 16 ans ?

C’est une histoire simple et universelle. Dinah McCall centre tout son récit autour de cette question. L’intrigue policière n’est qu’en arrière plan, bien que cela lui permette de donner une petite consistance à quelques personnages secondaires, en fait, qui seront bien vite des faire valoir des héros. Avec habileté et comme pour introduire une bouffée d’oxygène dans cette athmosphère lourde et étouffante de passion absolue, la jeune Trish se détache. Agée de 16 ans, elle ressemble physiquement à son père, et s’exprime comme lui dans la course à pieds. S’identifiant à cette famille indienne qu’elle découvre et à laquelle elle aspire à s’intégrer dans un besoin irrépressible de sécurité, la jeune fille est le lien entre ses deux parents, celle qui les réunit.

Si l’auteur tombe dans certains clichés comme celui du guerrier indien invincible et dangereux, elle décrit également une famille chaleureuse, souriante, ouverte aux autres, prônant des valeurs essentielles. Si cela donne un nouvel aperçu du fameux rêve américain : la petite ville aux fins fonds de l’Oklahomma où les animaux de ferme se promènent en liberté, ou tout le monde connait tout le monde, ou l’on protège les siens, c’est également rafraichissant, réconfortant et si attendrissant.

Passons à l’effet scénaristique très utilisé par Dinah McCall, de nous présenter des témoins qui défilent, l’un après l’autre, et c’est par leurs yeux ébahis, touchés, émus et heureux, que l’on observe les deux héros si manifestement faits l’un pour l’autre. Ce double regard amplifie, par personne interposée, l’effet de passion subliminale, qu’elle souhaite donner à son roman.

Si vous êtes sensibles aux grandes passions, au souffle épique de l’amour absolu plus fort que tout, et bien vous ferez comme moi, vous vous laisserez bercer par l’intensité de cette histoire d’amour qui n’a jamais aussi bien porté ce nom !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 313
Editeur : J’ai Lu
Sortie : 6 septembre 2006
Prix : 6, 40