Esclave de personne – Avis +

Présentation de l’éditeur

Vendu ! Ian en reste abasourdi. Il vient d’être vendu aux enchères comme une vulgaire bête de somme. Il appartient désormais à cette petite femme austère et mal fagotée. Esclave d’une fermière de Caroline, lui, le marquis de Derne ! Cette fois, il a bien touché le fond de l’infamie…

A la regarder de plus près, Susannah Redmon n’a rien de repoussant. Sous le tissu grossier de ses vêtements informes, Ian devine des seins épanouis, une taille souple et fine, des hanches rondes.

Des mèches rebelles s’échappent de son chignon et sa bouche généreuse trahit une nature sensuelle qui ne demande qu’à être révélée. A vingt-six ans, la prude fille du pasteur Redmon se considère pourtant comme une vieille fille. Elle a renoncé à trouver le bonheur auprès d’un homme. Mais le feu couve sous la cendre…

Avis de Marnie

Ce roman pourrait être une énième variante de l’esclave acheté(e) et qui va tomber dans les bras de l’acheteur ou l’acheteuse. Sauf que de ce point de départ convenu, Karen Robards va créer une histoire originale, amusante, émouvante et surtout passionnante.

Un clin d’œil, tout d’abord, chacun des deux personnages principaux sont très entiers, même caricaturaux.

– Susannah est une vieille fille parfaite. Réservée et souvent hargneuse, autoritaire, servant de mère à ses trois sœurs depuis douze ans, et également de mère à un père pasteur quelque peu distrait et loin des basses considérations matérielles. La jeune femme a pris en main toute sa famille et croule sous ses responsabilités tout en suivant autant que possible les commandements de la Bible.

– Ian, lui, est… outré, tout d’abord d’être devenu esclave alors qu’il est un marquis conscient de la supériorité de sa classe sociale, par les humiliations subies depuis des semaines, d’être acheté par une femme de petite condition qu’il trouve laide et de peu d’intérêt à première vue. Condamné à sept ans de travaux forcés dans les colonies, il ne souhaite qu’une chose, s’enfuir et se venger de ceux qui l’ont trahis.

Jusque là, rien de nouveau. Mais voilà que leurs affrontements vont faire apparaître des fêlures dans ces personnalités fortes et entières. Leurs yeux vont peu à peu s’ouvrir et chacun va comprendre l’univers de l’autre. Et ce qui paraissait improbable, non pas de tomber amoureux l’un de l’autre, mais de pouvoir vivre l’un avec l’autre, va soudain devenir possible et même crédible. Le talent de Karen ROBARDS est en fait de nous amener à croire l’improbable.

Ce que j’ai trouvé de particulièrement intéressant c’est le renversement de la situation. Si le personnage fort au début de l’intrigue est Suzannah, réaliste et vraie, sans une once de superficialité, le héros soigne ses plaies avant d’attaquer subtilement la forteresse à l’aide d’un humour dévastateur en montrant également une patience à toute épreuve. C’est cet aspect-là qui rend le roman inoubliable, et me l’a fait relire plusieurs fois. Tous les échanges sont gais, taquins, très loin d’un léger marivaudage mais pleins d’émotions et de sentiments refoulés. Quant aux scènes d’amour, elles sont passionnées…

Oeuvre de jeunesse de Karen Robards, le roman a quelques défauts (qui heureusement n’apparaissent plus dans les derniers livres sortis de l’auteur). Notamment, si Ian est un héros contrasté, très humain, charmeur avec un petit côté raffiné très séduisant, il n’a pas de vraie épaisseur contextuelle. Après l’explication des dix premières pages, le lecteur a beaucoup de mal à imaginer la vie du marquis en Angleterre. En fait, j’ai eu l’impression que l’auteur, alors disons le débutante, avait une histoire en tête qu’elle souhaitait relater avec rapidité et enthousiasme, en oubliant de prendre le temps de s’attarder quelques fois sur la réflexion de ses deux héros. Bien évidemment, ils réagissent de façon attendrissante en éprouvant peu à peu des sentiments qu’ils combattent, mais la différence de classe si elle est évoquée, est seulement distillée de manière trop superficielle. Cette précipitation est en quelque sorte accentuée par une fin baclée.

Mais, c’est seulement un détail, un défaut de jeunesse. Reste une œuvre si spontanée, rafraichissante, et passionnante, que l’on oublie ces petites réserves pour apprécier avec délectation ce roman.

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 313
Editeur : J’ai lu
Collection : Aventures et Passion
Sortie : 8 décembre
Prix : 4,50 €