Le plus doux des malentendus – Avis +

Résumé de l’éditeur

– Mademoiselle Merridew, dites-vous ? Et vous souhaitez voir Sa Grâce ?

Prudence se trouble sous le regard hautain du majordome. Se présenter à l’improviste, à neuf heures du matin, chez un personnage aussi important que le duc de Dinstable est terriblement inconvenant. Mais c’est l’avenir de ses soeurs qui est en jeu. Et à présent, il est trop tard pour reculer…

– Qui est cette charmante visiteuse, Bartlett ? lance soudain une voix masculine.

Un homme vient d’apparaître dans le hall. Grand, brun, il serait plutôt séduisant si sa tenue débraillée et sa barbe naissante ne laissaient supposer une vie dissolue. En outre, Prudence n’aime pas du tout la façon dont il détaille sa silhouette, jaugeant ses formes d’un oeil appréciateur. Et dire qu’elle a jeté son dévolu sur le duc de Dinstable en raison de sa réputation d’ermite et de célibataire endurci !

Avis de Marnie

Premier volet de la série «les sœurs Merridew», ce roman renouvelle enfin toute une collection Régence, en perte de vitesse, il faut bien l’avouer. Livres sentimentaux quelque peu interchangeables, trop souvent de pâles copies du fameux Orgueil et préjugés de Jane Austen, ces petits livres historiques déçoivent de plus en plus, alors que s’enchaînent description de bals et de toilettes. C’est donc avec une très bonne surprise que j’ai découvert le plus doux des malentendus, original sur plusieurs points.

L’intrigue est forte, prenante et les évènements s’enchaînent avec vélocité, sans être trop attendus. C’est sur ce point que le style très alerte, plein de fraîcheur et même primesautier, de Anne Gracie est plus que bienvenu. Gagné par le rythme soutenu de l’action, le lecteur est tenu en haleine de bout en bout.

L’humour est le maître mot de ce roman, même s’il est tempéré par l’évocation d’un sujet grave assez bien approfondi, celui des «enfants battus». Anne Gracie évite l’écueil de tomber dans de la psychanalyse de comptoir, puisqu’à l’époque bien évidemment, cette science n’avait pas été découverte.

Enfin les personnages : Jules (Gideon dans la version originale, encore un de ces mystères de la traduction…) héros très séduisant, charismatique, séducteur presque professionnel qui cache sous une apparence de noceur superficiel, une gravité née de traumatismes de son enfance. Quant à l’aine des sœurs Merridew, Prudence, c’est une jeune femme courageuse et pleine de ressources, entêtée jusqu’à l’absurde ce qui peut faire sa force, mais également sa faiblesse. Entourés et aidés par plusieurs seconds couteaux originaux et quelque peu anticonformistes, Jules soudain chevaleresque et protecteur, et Prudence, en quête de liberté et de sécurité pour ses sœurs et elle-même, courent vers leur destin. Il est seulement un peu regrettable que le second couple d’amoureux, Charity et Edouard évoluent un peu trop en arrière plan. Leurs sentiments ne sont franchement pas assez développés. Ils méritaient mieux…

Mais ce que j’ai surtout trouvé original dans cette histoire, c’est le regard “aveugle” de Jules quand il tombe amoureux de Prudence, la moins jolie des sœurs Merridew. Soudain perturbé, éperdument jaloux, il ne peut croire que les autres considèrent sa bien-aimée comme un laideron alors que pour lui, elle est d’une beauté renversante. Se succèdent alors des scènes d’humour et d’amour, mêlées de légèreté et de gravité qui ne peuvent qu’enthousiasmer le lecteur le plus exigeant.

Fiche Technique

Genre : historique – régence

Format : Poche

Pages : 408

Editeur : J’ai Lu

Collection : Aventures et passions