Superman Returns – Avis +/-

Synopsis

Après une absence de cinq ans pour cause de méditation, le grand Superman revient à Métropolis pour sauver le monde et, accessoirement, reconquérir Loïs Lane, la femme qu’il aimé.

Avis de Valérie

Bryan Singer est sans conteste l’un des meilleurs faiseurs de films de sa génération. Il a jusqu’à maintenant donné le meilleur de lui-même pour nous offrir de véritables feux d’artifice de talents. Il a, avec Superman Returns, mis en image son rêve d’adolescent. Et si Peter Jackson arrive a transcender ses émotions pour faire de ses livres de chevet une adaptation personnelle plaisant à un public divers, on ressort de la projection de Superman Returns perplexe.

Bryan Singer (qui sait si bien mesurer le temps, magnifier les acteurs) s’est ici oublié et nous propose une oeuvre longue, souvent ennuyeuse et dont les acteurs sont noyés dans une masse d’effets spéciaux (époustouflants) ou des visages anonymes.

Pour tout dire, on voit très peu l’idole de son enfance. Si l’on mesure les apparitions du Kryptonien et de Clark Kent mis bout à bout, on n’obtient qu’une présence minime. De plus, les seules fois ou presque où le héros ouvre la bouche, c’est pour dire « Bonne nuit, Loïs ». Par contre, on le voit et revoit poser, et la caméra est visiblement amoureuse de son profil car de longues minutes lui sont consacrées.

Autre gros défaut, de nombreuses scènes sont exagérément longues alors qu’elles n’apportent pas grand chose ou s’arrêtent sur des personnes qu’on ne reverra pas,des détails oubliés par la suite. L’addition de ces temps morts stoppe tout engouement. Par exemple, lorsque le séisme créé par Luthor atteint les rives de Metropolis, l’onde de choc souffle des bâtiments, des objets, des personnes glissent, s’écrasent… L’effet catastrophe est neutralisée par le temps que la caméra passe à observer une personne, des accidents, des nombreuses fenêtres qui éclatent, ainsi de suite. Le rythme est brisé, et nous ne pouvons qu’attendre que cela finisse.

Le réalisateur a actualisé le scénario, et s’est plutôt bien fait. A plusieurs endroits il tente de rendre crédible cette histoire imaginaire par des petits détails comme une certaine rigueur scientifique, des images de guerres récentes, etc. Mais cette réalité entre en collision brutale avec l’irréalité loufoque de Lex Luthor et sa chérie, ou l’incapacité des journalistes à se rendre compte de la ressemblance entre Clark Kent et son identité secrète alors que le rejeton de Loïs s’en aperçoit immédiatement (ce n’est pas du luxe !). Cela produit une ambiance générale bancale qui n’aide pas à relever l’intêret.

On se perd également avec la volonté de l’auteur prodigue à comparer absolument Kal-El avec Dieu, le messie, d’une manière peu fine. De nombreuses images sont christiques et Lex Luthor, dès le début du film, déifie Superman en disant que Dieu a une cape rouge ! Jor-El annone à qui mieux mieux : Le fils est le père, le père est le fils (amen !) paraphrasant le logos. Bryan Singer ne nous offre même pas une réflexion ou un avis distinct. Et lorsque Perry White titre son journal par : « Superman est mort », on pense tout de suite à Nietzsche. Ce qui aurait pu donner une profondeur ou une réflexion originale est bâclé et on ne suit pas la suite des pensées du réalisateur.

La vraie star du film sont les effets spéciaux. Magnifiques,ils sont d’un esthétisme rare, d’une transparence presque parfaite et avec ce long métrage on a dépassé des limites. Du côté des acteurs, Brandon Routh, est moins pire qu’attendu et si la comparaison avec Christopher Reeve n’est vraiment pas à son avantage, on le pardonne. Pour un premier rôle, on ne lui a pas donné beaucoup de matière pour révéler ses capacités d’acteur, mais on peut tout de même déplorer le manque d’alchimie entre lui et la jeune et jolie Kate Bosworth. Cette dernière est comme à son habitude très bonne mais ne correspond pas vraiment au personnage de journaliste pugnace, têtue, agressive et mauvaise mère (elle entraîne son gamin tête baissée dans des endroits louches et le met en permanence en danger lorsqu’elle ne l’oublie pas). James Madsen qui a quitté X-Men 3 très rapidement pour tourner le projet de Bryan Singer est ici correct. Kevin Spacey offre une prestation caricaturale qui a du piment mais qui n’inspire pas vraiment la peur. La palme reviendra au petit Tristan Lake Leabu qui allie un minois attendrissant et des possibilités de jeux prometteuses.

En conclusion, Superman Returns s’avère être un blockbuster moyen et un film de Bryan Singer plutôt décevant. Si l’on fait abstraction du fiat qu’il est l’un des réalisateurs cultes du moment, si l’on omet le charisme de Christopher Reeve et Margot Kidder, le peps de la mise en scène de Richard Donner et l’humour du scénario, on se laissera envoûter par les images magnifiques, des effets spéciaux excellents et on oubliera alors que de grandiose le film devient grandiloquent.

Avis de Cécilia

Superman Returns est incontestablement religieux. La phrase d’introduction au long-métrage – en voix-off – de Jar-El, le père de Kal-El-Superman-Clark Kent, laisse entendre sans équivoque que Superman est le fils de Dieu : Le Messie. Autre scène évidente parmi d’autres : en anglais, dog (chien) est l’anagramme de god (dieu). Quand Superman tombe des cieux blessé par la kryptonique alors qu’un jeune garçon tient un chien en laisse, on suppose facilement et sans trop réfléchir que dieu est mort. Cela évoque sans conteste En attendant Godot de Samuel Becket, pièce dans laquelle le décès du divin est dans le titre.

Les exemples sont trop nombreux et deviennent très vite lassants.

La réalisation n’est ni vigoureuse, ni dynamique : elle ne provoque aucune tension tout au long des épreuves qu’endurent le pauvre super-héros qui manque un tant soit peu de virilité.

Les acteurs ne laissent paraître aucune émotion. Leur interprétation devient alors psycho-rigide et ne provoque donc aucune sensation. Par exemple, dans les scènes douloureuses où Loïs Lane sait qu’elle aime Superman mais choisit la stabilité de son compagnon plus humain.

L’image est la photographie du film sont dépassées et lisses. Métropolis, jumelle indéniable de New-York, est loin de la ville sombre dédiée au démoniaque comme nous le laisse entendre le début du film.

Notons tout de même quelques scènes humoristiques comme le retour de Lex Luthor – Kevin Spacey très médiocre – de sa « mission » dans l’Arctique.

Les Faits

Superman Returns est en travaux depuis 10 ans.

Le film a changé plusieurs fois de réalisateur pour cause de désaccord sur le casting. C’est ainsi qu’il échoue à Bryan Singer, réalisateur des premiers opus de la saga X-Men.

Fiche Technique

Genre : fantastique

Avec Brandon Routh, Kate Bosworth et Kevin Spacey

Durée : 154 minutes

Date de sortie : 12 Juillet 2006

Année de production : 2005

Budget : 260 000 000 $

PS : Est-ce vraiment la peine de dépenser autant de millions pour ce film ?

Ou c’est volontaire, la promotion cachant un film moyen.