DVD – Menuhin – Le Violon du Siècle

Derrière ce titre accrocheur et un brin provocateur, surtout pour ceux qui comme moi préfèrent David Oistrakh dont on parle moins puisqu’il eut le tort de naître un peu trop à l’est de l’Europe, se cache un film superbe.

Yehudi Menuhin fut un grand artiste, un grand homme comme il y en a très peu dans un siècle et c’est pour cela que le réduire à un « violon » est presque insultant.

Le film qui est un assemblage d’images d’archives et d’interviews de l’artiste est intéressant sur deux points. D’une part pour montrer le chemin difficile qu’est celui de l’artiste mais surtout celui de l’homme derrière l’instrument.

En ces temps de stars sorties du chapeau d’une « Nouvelle Star », d’artistes en pré-fabriqués à la « Star Academy », il est bon de montrer que la clef est avant tout le travail et que ce travail ne s’invente pas sur le tard mais qu’il commence dès le plus jeune âge. De la discipline, de la rigueur, de la volonté sont les qualités essentielles qui ressortent de la vie de Yehudi. Elles rappellent à certains que le talent ne fait pas tout, et enseignent la modestie à ceux qui pensent que gratter trois accords, hurler – même juste – dans un microphone et embarquer les midinettes font d’eux des artistes.

Derrière le violoniste, l’Homme. Pour connaître le violoniste il suffit de l’entendre et de le voir jouer. Tous s’exstasient devant sa main gauche infaillible, rapide et juste, beaucoup déplorent sa main droite rigide pendant une période de sa vie. Stressé Yehudi ? Oui certainement, mais qui ne le serait pas en ayant eu une enfance comme la sienne. On est étonné d’ailleurs qu’il n’ait pas connu un destin identique à celui de Josef Hassid ou de Michael Rabin. Et c’est cela que le film nous montre, on comprend en filigrane ce qui distingue les grands hommes des autres. Menuhin faisait parti de la première catégorie, à l’évidence. Certes il faisait preuve d’une grande naïveté par exemple lorsqu’il expliquait qu’un partage de Jérusalem pouvait résoudre le conflit qui ravage Israël, comme oubliant pourquoi ses parents lui avaient donné son prénom.

Mais c’est cela qui finalement fait la différence, croire en une utopie qui nous dépasse et tout faire pour l’atteindre. Yehudi courait vite et bien, il s’est arrêté parmi les étoiles.