Match Point, retour gagnant pour Woody Allen

Malgré les changements de formes, Woody Allen, à 69 ans, dit toujours la même chose avec son 36eme film : comment les hommes s’entêtent à faire les mauvais choix ? C’est à un jeune, séduisant et doué professeur de tennis – Jonathan Rhys Meyers – que Woody Allen inflige affres et dilemmes.

Irlandais d’origine modeste, baigné des valeurs morales inculquées par un père très religieux, le jeune homme est happé presque malgré lui dans la très bonne société anglaise, par le biais d’un mariage un peu trop rapide (la mariée est incarnée par Emily Mortimer) qui fait de lui le gendre d’un puissant homme d’affaires et lui fait découvrir toutes les bonnes choses qu’offre l’argent.

Oui, mais il y a d’un autre côté cette jeune Américaine (Scarlett Johansson) drôle, sexy et loser, qui désespère de devenir actrice à force d’auditions ratées et qui recourt un peu trop vite au gin pour oublier son manque de confiance en elle.

Confusion des sentiments, attirance physique contre convention morale, infidélité: de quoi nourrir une de ces comédies douces-amères qui font la marque de fabrique « allenienne ». Mais cette fois-ci, dans ce film inhabituellement long pour lui (2 heures), Woody Allen a écarté le jazz de Gershwin, préférant les airs d’opéra les plus tragiques. Les choses vont aller de plus en plus mal à mesure que le jeune marié infidèle s’enfonce dans le mensonge.

De punition, pourtant, il n’y aura pas, presque au regret de l’intéressé qui y voit une triste confirmation de sa théorie de la vie, selon laquelle la chance, et elle seule, fait et défait les destins au mépris de tout sens moral.

Le constat est évidemment celui de Woody Allen lui-même: « J’ai toujours pensé que cynisme est simplement une autre façon d’écrire le mot réalité. Toute personne dotée de raison peut constater la quantité gigantesque d’injustices et de crimes perpétrés à tous les niveaux de la vie, des crimes émotionnels, des crimes physiques, des crimes internationaux, et ces crimes ne sont absolument pas punis, quand ils ne sont pas très généreusement récompensés », déclarait le réalisateur américain lors du dernier festival de Cannes, où son film, présenté hors compétition, avait été chaleureusement applaudi.