Le dernier tome de la trilogie cinématographique du Seigneurs des Anneaux clôt une oeuvre titanesque. Peter Jackson est passé du titre d’artisan du film gore ou fantastique à celui de génie prolixe.
Pour rappel, nous retrouvons toute la communauté de l’anneau sur le point de livrer leur dernier combat. Plusieurs groupes sont distincts. Frodo, Sam, Gollum emmènent l’anneau à la montagne du Destin. Les guerriers Gimli, Legolas et Aragorn rassemblent les troupes ; Gandalf et Pippin-le-maladroit sont à Minas Tirith pour préparer le siège. Les troupes de Theoden avec la glorieuse Eowyn accompagnée de Merry arrivent à la rescousse. Inutile d’en dire plus, même si l’on ne connaît pas l’œuvre de Tolkien, la trame se laisse deviner.
Alors pourquoi, une histoire si classique peut arriver à susciter un tel engouement. Il est difficile de définir le petit plus qui transforme un simple spectacle d’action en événement unique. Nous allons pourtant essayer de le faire, sans oublier de lister les imperfections inhérentes à un tel ouvrage.
Pour commencer par ces dernières, on reprochera au Retour du Roi, un découpage aléatoire, un montage quelques fois à l’arrachée qui dénote où d’un problème de choix de dernière minute où de temps (c’est tout de même l’aventure la plus longue). On pourra trouver l’épilogue de presque une heure interminable, n’oublions que pour pratiquement 10h d’histoire épique, c’est un moindre mal. Pour la coupe saignante, celui qui s’en plaint le plus c’est Christopher Lee qui se voit purement et simplement effacé de la version courte. Qu’il se rassure, on aura le plaisir de l’apprécier lorsque le DVD sortira. Autre souci, et de taille : Elijah Wood. Il est harassant avec ces trois mimiques qu’il alterne plus ou moins rapidement. Il use plus d’un spectateur sur la longueur et cela rend d’autant plus méritant ce pauvre Sam qui fidèlement l’accompagnera jusqu’au bout. Il a pour lui ses grands yeux bleus et sa petite taille, dommage que Peter Jackson n’ai pas trouvé la même chose avec du talent.
Comme transition, on vous parlera de la bande originale qui cette fois à su se faire remarquer tout en s’intégrant facilement au déroulement de l’action.
Il est évident que la base de cette réussite revient entièrement au talent visionnaire de Peter Jackson. En effet, comme nous l’avons déjà dit, l’histoire est plus que classique. En son temps, le génial Willow (de Ron Howard) a aussi exacerbé nos émotions face à l’héroïque fantasy. Ensuite, viennent les décors. Il n’y a pas de mots pour décrire la magnificence du paysage néo-zélandais, quelques fois légèrement transformée par la palette d’un infographiste. Chaque lieu de la trilogie a été magnifié par l’œil du réalisateur au point d’en faire un protagoniste à part entière. Rappelez-vous : Hobbitbour, Fontcombe, Mitras Tirith, etc. Venons en à ce qui termine cette énumération de bonnes choses : le jeu des acteurs. On ne reviendra pas sur la qualité de ceux que l’on voit peu mais qui ont laissé une trace dans notre esprit (Liv Tyler, Christopher Lee, Cate Blanchett, etc.) Inutile également de revenir sur le talent évident de certains (Viggo Mortensern, Ian Mckellen, Sean Astin, l’agent Smith, John Ryhs-Davis, Andy Serkis, etc.). Attardons nous sur ceux qui nous on surpris. Tout d’abord la courageuse Eowyn (Miranda Otto). Si son brin de présence dans le second épisode avait pu laisser songeur quant à son utilité, elle est non seulement évidente ici, mais elle révèle son talent d’actrice. Sa cote de popularité a dépassé toutes les autres comédiennes, et ce n’est que justice. Après avoir apprécié le jeu tout en sentiment et en humanité de Sean Bean (Boromir) dans La communauté de l’anneau, on découvre enfin son frère cadet, Faramir (joué par David Wenham) et les rapports violents et désespérés avec son père, le régent de la citadelle. NB : la version longue du second opus nous le dévoile déjà d’une manière conséquente. S’il a un physique plus saillant et moins avenant que son aîné, on adhère entièrement à son héroïsme et c’est bien parce qu’on y croit qu’on ne peut que vibrer tous au long du film. Un dernier point pour souligner la performance du jeune Orlando Bloom, toujours aussi étonnant en elfe blond et léger.
Bien sur, le grand héros de cette pellicule de plus de 3h30 est le metteur en scène.
Tout de même, il a condensé cette épopée inadaptable de près de 10h, obtenu l’argent nécessaire à réaliser son rêve, sans céder ni à la pression des producteurs, des distributeurs, des techniciens, des acteurs, des éléments… Il a tenu bon pour obtenir exactement le résultat, l’effet, l’émotion qu’il désirait, qu’il avait construit dans son imaginaire. Pourra t’il nous surprendre encore ? Même si cela ne se pouvait pas, il resterait pour nous (à l’instar de Frodo) pour toujours cet hobbit brillant et créatif qui a réussi l’imaginable et rendu ce monde plus beau.