Wolf and sheep – Avis +

Présentation officielle

Dans les montagnes d’Afghanistan, les enfants bergers obéissent aux règles : surveiller le troupeau et ne pas fréquenter le sexe opposé.

Mais l’insouciance n’est jamais loin ; alors que les garçons chahutent et s’entraînent à la fronde pour éloigner les loups, les filles fument en cachette, jouent à se marier, et se moquent de la petite Sediqa, considérée comme maudite. Les légendes que racontent leurs aînés se mêlent à la vie, et éclairent les mystères de leur monde protégé…

Mais jusqu’à quand ?

Avis de Vivi

Wolf : Le loup, donc : le prédateur, la menace invisible mais omniprésente dans l’esprit et l’imaginaire des habitants de ce village afghan entouré de hautes montagnes, puisqu’il faut se munir de lance-pierres pour parer à l’éventuelle attaque des troupeaux que garçons et filles sortent et rentrent séparément chaque jour et qu’il hante les récits fantastiques transmis oralement par les aînés.

Sheep : les moutons et les chèvres, donc : parfois récalcitrants, il faut les tirer par les cornes pour les égorger ou pour qu’ils ne s’égarent pas mais ils n’échappent pas à leur condition et se soumettent à la volonté des enfants bergers.

Son titre résume le film. Il évolue au rythme des déplacements bien tracés des jeunes bergers conscients de l’importance de la tâche à accomplir mais tout aussi vite gagnés par l’insouciance liée à leur âge. Alors, les garçons jouent à des jeux qui peuvent mal finir, les filles papotent, jouent à la mariée et fument en cachette, les deux sexes peuvent se retrouver dans le même bain et s’asperger d’eau.

Sédiqa, exclue du groupe de filles car « elle a des yeux bizarres » et frappée de malédiction sera rejointe par le jeune Qodrat avec qui elle tressera des cordes, s’exercera au lance-pierre et connaîtra le plaisir de manger des pommes de terre, tellement meilleures quand on les a volées (un peu de transgression tout de même!).

Shahrbanoo Sadat, forte des 7 ans qu’elle a passés enfant dans un village afghan isolé, adopte un point de vue documenté, et filme au plus près les gestes et rituels de ses personnages éclairés par une lumière solaire qui magnifie aussi le lieu et la couleur des étoffes. Contraste saisissant avec la lumière crépusculaire qui enveloppe les images hypnotiques qui illustrent les contes fantastiques des anciens, moments oniriques indéniablement très réussis.

La réalisatrice apporte la même minutie à la bande-son et soigne le tintement des clochettes, le vol des mouches, la réverbération de phrases comme « apporte-moi mon petit-déjeuner! » lancées dans la montagne… Ses études de cinéma à Kaboul ont été profitables, pas de doute… Mais si dès le début du film, il est affirmé que « la vie n’est rien« , le caractère répétitif de ces petits riens et la minceur de l’enjeu fictionnel peuvent être source d’ennui…

Ennui que la séquence finale vient rompre quand on prend conscience que le loup n’est pas celui que l’on croit, tant il est vrai que l’homme est un loup pour l’homme… Mais, à peine embarqué, le spectateur, comme le village, est abandonné, l’oreille tendue vers ces paroles qui résonnent dans le noir avant de recevoir une voix un peu criarde qui chante An unknown child from Afghanistan.

Un premier long-métrage exigeant qui trouvera plutôt son public dans une salle de cinéma d’art et essai et qui donne envie de suivre le prochain opus de Shahrbanoo Sadat.

Fiche technique

Sortie : 30 novembre 2016
Durée : 86 minutes
Avec : Sediqa Rasuli, Qodratollah Qadiri, Ali Khan Ataee, Amina Musavi…
Genre : Drame