Winter’s bone – Avis +

Présentation officielle

Ree Dolly a 17 ans. Elle vit seule dans la forêt des Ozarks avec son frère et sa soeur dont elle s’occupe.

Quand son père sort de prison et disparaît sans laisser de traces, elle n’a pas d’autre choix que de se lancer à sa recherche sous peine de perdre la maison familiale, utilisée comme caution.

Ree va alors se heurter au silence de ceux qui peuplent ces forêts du Missouri. Mais elle n’a qu’une idée en tête : sauver sa famille. A tout prix.

Grand Prix au Festival de Sundance 2010.

Avis de lady Clare

Il y aurait plusieurs façons de résumer la belle et tragique histoire de Winter’s bone, mais ce qui marque d’emblée est le courage à toute épreuve de son héroïne. Adapté du roman à succès de Daniel Woodrell, [[Disponible en français sous le titre Un hiver de glace aux éditions Rivages Noirs]], le film nous propose de suivre la quête initiatique et désespérée de la jeune Ree dans une Amérique peu connue, pauvre, rurale, conservatrice et introvertie.

Seul soutien de sa famille, avec une mère qui a démissionné de la vie en ne parlant plus, un père dont la principale occupation est de fabriquer clandestinement de la méthamphétamine et qui a accessoirement disparu sans laisser de traces, un petit frère et une petite sœur, Ree n’a pas l’âge des responsabilités qu’elle porte malgré elle sur ses épaules.

Perdue dans une campagne profonde, triste, désolée et hostile, en plein cœur du Missouri dans la région ténébreuse des Orzaks, elle doit donc aussi se battre contre les éléments. Il n’y a qu’elle pour couper le bois, c’est elle aussi qui part chasser des écureuils, les dépèce, les prépare pour nourrir sa famille. Retour au primitif. Ree n’a pas le choix. A dix-sept ans, elle n’a rien de l’adolescente américaine telle qu’on peut l’imaginer.

Sous le coup d’une menace de justice, elle doit retrouver à tout prix son père, mort ou vif. Elle n’a que quelques jours avant de se retrouver à la rue, la propriété a été hypothéquée. La voilà partie, de fermes en ruines en vallées désolées, à sillonner le village et ses environs, à pied, interrogeant sans relâche tous ceux qui connaissaient son père. Dans cette région isolée, tous sont de près ou de loin de la même famille, Ree le sait et compte là-dessus pour que les langues se délient.

Mais la démarche de Ree dérange et le vieux chef local, Thomp Milton, tout-puissant patron de la drogue, va faire tout ce qui est en son pouvoir pour l’empêcher d’arriver à ses fins, poussant la jeune fille, comme une biche aux abois, dans un traquenard qui va brutalement se refermer sur elle.

Plus Ree avance dans sa quête, plus le mystère s’épaissit et plus l’angoisse s’installe. Tout en cherchant son père et les raisons de sa disparition, elle part également à la recherche d’elle-même, allant à la rencontre de ce peuple de la forêt, auquel elle appartient aussi.

Au bout du chemin, l’épreuve ultime, Ree y perdra une part d’innocence, mais contre toute attente, elle sera secourue par ceux qui l’auront tout d’abord rejetée, comme son oncle Teardrop, personnage tout en contraste, subtilement habité par un John Hawkes inspiré.

Sur un doux air d’une ballade de musique country, Debra Granik nous offre, avec ce très beau film, un instantané d’une Amérique inconnue, dangereuse et unique. Elle capte des instants de pure grâce sous un soleil de glace, images feutrées d’une nature sauvage, d’habitations sordides, d’hommes et de femmes aux visages burinés par une vie âpre, à la solidarité sincère, au tempérament impulsif.

Jennifer Lawrence, qui récolte avec ce rôle sa première nomination à l’Oscar de la meilleure actrice à tout juste vingt ans, est la grande révélation du film (tourné en partie par des comédiens amateurs recrutés sur les lieux du tournage) et s’impose comme une comédienne à suivre absolument. [[On la retrouvera bientôt sous les traits de Mystique dans X-Men First class de Michael Vaughn.]]

Fiche technique

Sortie : 2 mars 2011

Avec Jennifer Lawrence, John Hawkes, Kevin Breznahan, Sheryl Lee…

Genre : drame

Durée : 100 minutes