VOD : The Act – Avis +

Présentation officielle

Les scénaristes Nick Antosca (« Channel Zero ») et Michelle Dean signent « The Act, » une série inspirée de vrais crimes et axée sur les personnages, qui nous révèle les dessous choquants de crimes incroyablement réels.

Gypsy Blanchard essaie d’échapper à la relation toxique qu’elle entretient avec sa mère très protectrice. Son désir d’indépendance ouvre une boîte de Pandore pleine de secrets, dont un en particulier qui pourrait conduire au meurtre.

Avis de Chris

The Act s’ouvre sur un fait divers pour le moins inédit et parfaitement réel. Dee Dee Blanchard est retrouvée morte, poignardée de plusieurs coups de couteau, chez elle. Pire, sa fille Gipsy, une adolescente très malade, est portée disparue. Qui aurait pu commettre un crime aussi odieux envers cette femme dévouée à sa fille malade ? Quels terribles secrets se cachent derrière cet assassinat ?

La saison 1 présente un fait divers qui a défrayé la chronique en 2015. Mais il a surtout ébahi les américains par sa conclusion. La série s’attache, d’ailleurs, à garder un réalisme poussé à son paroxysme. Il est d’autant plus marquant lorsqu’on visionne le documentaire produit par HBO, sur cette affaire, Ô combien complexe [[Ce documentaire peut être visionné sur Youtube]]. Beaucoup de dialogues enregistrés, de messages sur Facebook [[Petite note un peu glauque : la page Facebook de Dee Dee est toujours ouverte avec le dernier statut qui annonce la mort de cette dernière. Les messages postés par les proches de la famille sont toujours visibles à l’heure actuelle. Cela donne une dimension particulière à cette affaire, jugée.]] de SMS ou de scènes décrites par les interlocuteurs de cette affaire ont été repris au mot près.

Le scénographe a mis un point d’honneur à aménager la maison telle qu’elle était, jusqu’aux peluches de Gipsy. Même si la série a pris ses distances sur certains points ou personnages, elle reste foncièrement proche de la réalité. Et le casting, aux petits oignons, joue un rôle prépondérant à ce sentiment de réalisme. Jamais on se dit que c’est trop gros pour que ce soit vrai. Au contraire, on entre dans cette prison rose où survit Gipsy.

Vous souvenez-vous de Patricia Arquette (Dee Dee), la medium [[série américaine diffusée entre 2005 et 2011]] préférée de toute une génération ? Exit la maman et épouse bienveillante qui cherche à aider les esprits à partir en paix. Dans cette série, elle est méconnaissable. Son jeu d’acteur est terrifiant. Aidée. d’un timbre de voix très plaintif et lent, la manipulatrice Dee Dee a été parfaitement dépeinte. On aime la détester et il est évident qu’on a peu de compassion pour elle.

Quant à Joey King (Gipsy), elle est faite pour ce rôle ! Outre sa ressemblance frappante avec la véritable Gipsy, elle réussit avec brio à faire évoluer son personnage de fillette naïve à adulte manipulatrice. La souffrance qui suinte de tous ses pores est notable. Quelques scènes mémorables rendent justice à son talent. Alors que le dentiste a arraché toutes les dents de Gipsy, cette dernière prend un bain, défigurée par la violence de l’acte et par le reflet de sa vie : sa bouche n’est plus qu’un puits sans fond, comme son existence. Sa souffrance est plus que palpable. On a envie de la prendre dans ses bras et de lui dire que ça ira, qu’elle sera, un jour, libérée et qu’elle ne doit en aucun cas perdre espoir.

Cet espoir est pourtant bien mince et la réalisation présente une atmosphère pesante, glaciale. Elle réussit surtout à transcrire en peu de plans le sentiment d’emprisonnement que ressent Gipsy. De simples scènes, anodines, montrent les moyens de pression que Dee Dee a envers sa fille et certaines séquences sont très dures à supporter. Le fait qu’elle lui tienne la main de plus en plus fort pour lui signifier qu’elle est à elle, qu’elle a tout pouvoir sur elle est très énervant. La caméra est assez subtile et ne reste pas des heures sur des objets fixes. Lorsqu’il y en a, c’est pour insister sur le sentiment d’emprisonnement.

Cependant, bien que la série veille à rester proche de la réalité, elle s’embourbe parfois dans le misérabilisme. En effet, la première moitié de la saison 1 peut parfois paraître longue et dénuée de lumière. Certes, l’histoire est loin d’être rose, mais le spectateur peut avoir un sentiment de malaise face à tant de cruauté. Le souci est qu’on sache dès le début comment ça va se terminer et il ne faut pas avoir fait Saint Cyr pour comprendre le mobile et savoir quel(s) est/sont le(s) meurtrier(s).

Notes de Chris (spoilers)

Beaucoup de séries médicales ont réalisé un épisode sur le syndrome de Münchhausen par procuration dont est atteinte Dee Dee Blanchard, mais il s’agit de la première qui retrace l’histoire d’une famille touchée par cette maladie mentale très destructrice. Gipsy a été la victime d’une mère qui a fait croire à tout le monde qu’elle était gravement malade. Elle-même ne découvrit ces faits que tardivement et on peut se demander comment le corps médical a pu tomber autant dans le panneau. C’est un point pour le moins obscur qui aurait mérité un éclaircissement, que ce soit dans la série ou dans la vraie vie.

Jamais, les médecins qui ont vu Gipsy n’ont été mis en cause dans cette affaire. Pourtant, les traitements qu’elle a subis auraient dû être précédés par une batterie de tests. C’est vraiment rageant car, finalement, seul un médecin s’est posé la question… et s’il avait été suivi par d’autres signalements, cette histoire aurait sans doute eu une meilleure fin.

De plus, l’une des sentences me paraît vraiment injuste. C’est là que l’on voit la différence entre la Justice française, plus humaine, et celle des États-Unis, plus sévère. Si parfois on se plaint de l’une comme de l’autre, sur cette affaire, les sentences me paraissent excessives.

Fiche technique

Réalisation : Nick Antosca, Michelle Dean
Durée : 50 min / épisode
Nombre d’épisode : 8
Nombre de saison : 1
Avec : Patricia Arquette, Joey King, Chloë Sevigny
Pays d’origine : États-Unis
Genre : Drame
Plateforme : StarzPlay

Bande annonce (elle comporte beaucoup de spoilers)