Une révolte tunisienne – Avis +/-


– Chef, il semblerait que notre canal ait été infiltré…

Fin 1983, en appliquant les directives du Fonds Monétaire International, le gouvernement tunisien annonce la suspension des subventions pour les produits céréaliers. Aussitôt se produit une hausse importante des prix des denrées alimentaires de base. Elle est suivie d »une vague de mécontentement dans les milieux les plus démunis du pays. Les manifestations sont aussitôt réprimées par la police, entre autres par des tirs à balle réelle.

Au cours des émeutes du pain (du 30 décembre 1983 au 6 janvier 1984) les forces de police tunisiennes se déploient, guidées par radio. Mais parfois elles constatent que les directives reçues n’ont aucun sens et que les rues où elles sont envoyées sont vides de tout manifestant.

Très vite, les policiers comprennent que certains ordres reçus émanent d’un allié des manifestants. Il sème le chaos dans leurs opérations et nargue les autorités.

Ce perturbateur des ondes est surnommé Chbayah (petit fantôme en arabe, d’après le nom donné à Casper dans la version du dessin animé doublée en arabe tunisien).

Il devient extrêmement populaire dans les deux camps. Depuis les événements, les Tunisiens se demandent toujours de qui il s’agissait.

Cet album propose une identité à ce héros anonyme. Le réalisme est relatif. L’un des personnages se trouve être le fantôme d’un manifestant abattu par un sniper de l’armée.

La narration originale permet de relier certains événements historiques. On trouve ainsi la bataille du Belvédère de Monte Cassino où s’illustra le IVe régiment de tirailleurs tunisiens, ainsi que la révolte étudiante du 5 février 1972.

Victoire, défaite et espoir se succèdent ainsi. Certains meurent, d’autres survivent, blessés, parfois mutilés, mais toujours prêts pour un nouveau combat.

Fiche technique

Format : album
Pages : 224
Scénario : Aymen Mbarek
Dessin : Seif Eddine Nechi
Traduction : Marianne Babut
Éditeur : Alifbata
Sortie : 28 janvier 2022
Prix : 23 €