The Iron Duke – Avis +

Présentation de l’éditeur

After the Iron Duke freed England from Horde control, he instantly became a national hero. Now Rhys Trahaearn has built a merchant empire on the power — and fear — of his name. And when a dead body is dropped from an airship onto his doorstep, bringing Detective Inspector Mina Wentworth into his dangerous world, he intends to make her his next possession.

Mina can’t afford his interest, however. Horde blood runs through her veins, and despite the nanotech enhancing her body, she barely scratches out a living in London society. Becoming Rhys’s lover would destroy both her career and her family, yet the investigation prevents her from avoiding him…and the Iron Duke’s ruthless pursuit makes him difficult to resist.

But when Mina uncovers the victim’s identity, she stumbles upon a conspiracy that threatens the lives of everyone in England. To save them, Mina and Rhys must race across zombie-infested wastelands and treacherous oceans — and Mina discovers the danger is not only to her countrymen as she finds herself tempted to give up everything to the Iron Duke.

Avis de Callixta

Il y a quelques temps, Alexandra Ivy avait répondu à nos questions et très justement remarqué que dans tous les genres, il y a des auteurs qui inventent, renouvellent et d’autres qui vont emboîter le pas et livrer parfois d’excellents livres. Meljean Brook appartient sans conteste à la première catégorie.

Avec ce premier roman d’une série qui s’annonce brillantissime, elle innove et place la barre très haut. Pour être tout à fait exact, elle reprend un genre assez confidentiel et largement ignoré en France, le steampunk, qui mélange machinisme spectaculaire et ambiance victorienne. Imaginez Jules Verne avec quelques éléments de Madmax et vous aurez une vague idée de quoi il est question.

La romance paranormale a depuis quelques années repris toutes les mythologies possibles, Meljean Brook y a d’ailleurs participé puisqu’elle poursuit encore une série brillante autour de démons et créatures diverses. Avec cette saga, elle ouvre de toute évidence de nouvelles portes.

La première et géniale réussite de ce roman est le monde hallucinant imaginé par l’auteur. Nous sommes sous le règne d’Edouard VII, le fils de la reine Victoria, qui ne trôna que quelques années de 1901 à 1910. Mais il n’a aucun pouvoir dans son pays qui a été dominé, comme une large partie du monde par La Horde, des peuples d’origine mongole qui ont profondément transformé les terres occupées, notamment en implantant dans chaque être humain des minuscules puces capables de les contrôler.

Quand le roman commence, la Horde a quitté l’Angleterre et le pays se relève lentement de cette oppression. Il serait inutile de résumer ce monde d’une richesse exceptionnelle et ce serait même dommage. Mais Meljean Brook a su créer une sorte de grande fresque mondiale, réorganisant les pays, les règles que nous connaissons de cette époque, de manière subtile et très intelligente.

Le roman nous mènera d’une Angleterre qui étouffe sous la pollution aux rivages brûlants de l’Afrique où s’organise un trafic d’esclaves… blancs en passant par les rivages de la France à peine fréquentables à cause des zombies qui les hantent.

C’est brillant, fourmillant d’imagination, et animé d’un souffle puissant. Ajoutons que les personnages se déplacent dans des machines formidables et que l’ère victorienne, celle de la révolution des transports est superbement revue et corrigée par le steampunk. Les voitures à vapeur toussent dans les rues de Londres, des aéroplanes mi-mécaniques et mi-dirigeables traversent le ciel, au dessus de mers sillonnées par des flottilles de bateaux qui sont aussi à mi-chemin entre le navire pirate et le destroyer.

Au milieu de tout cela, Mina Wentworth incarne la complexité de ce nouveau monde. Inspecteur de police à Londres, elle est issue d’une famille noble qui contrairement à beaucoup n’a pas fui le pays au moment des invasions. Elle est aussi le produit du viol de sa mère par des hommes de la Horde et les traits de son visage en sont un vivant témoignage qui lui vaut les insultes voire les coups de ses compatriotes.

Il fallait à un monde aussi fantastique des héros à la dimension équivalente. C’est le cas de Mina, qui incarne un monde disparu et qui essaye courageusement de trouver sa place dans le nouveau qui ne veut pas forcément d’elle. Face à elle, c’est un autre personnage d’exception que nous rencontrons avec « Le duc de fer », Rhys Trahaearn, un héros national qui a fait tomber la Horde en anéantissant le lieu où résidait toute leur puissance : une tour qui contrôlait les puces.

Ce personnage solitaire, à la vie mouvementée, à moitié hors-la-loi et personnage incontournable de son époque est un héros génial, qui va tomber sous le charme étrange de Mina. Rapidement, ils vont former une paire qui va enquêter sur le meurtre d’un homme retrouvé devant la magnifique propriété de Rhys. L’aventure est haletante, superbement écrite et rythmée. Ce cadavre n’est que le début d’un complot de grande envergure dont l’enjeu est la renaissance de l’Angleterre libre. Non contente d’écrire une histoire d’amour magnifique dans un monde passionnant, Meljean Brooke ajoute des éléments politiques et moraux !

Autour du couple,fourmillent de nombreux personnages très vivants, des femmes (très nombreuses à des postes clés !) capitaines d’aéroplanes, les parents de Mina dont la mère s’est arrachée les yeux à sa naissance mais voit encore grâce à une étrange invention, l’amie de Mina, enceinte et dont ne saurons que fort peu de choses… Il y a en a encore beaucoup mais à chaque personnage ajouté, même si il n’a droit qu’à de courtes scènes, un détail vient l’imprimer durablement dans notre mémoire.

La richesse du livre est donc exceptionnelle et la clarté du monde créé étonnante étant donné sa complexité. Tout sonne juste, évoque des problèmes de notre propre société ou de notre histoire à travers les grands conflits et enjeux de cet univers imaginaire.

Évidemment, il ne s’agit que du premier tome d’une série dont il faudra attendre le prochain opus jusqu’à fin 2011. Peu de détails ont encore filtré sur ce livre sinon son titre et le nom de son héroïne Lady Corsair, le capitaine de l’aéroplane qui va transporter Rhys et Mina en Afrique.

Ceux-ci ont vu leur position respective dans leur monde, changer et ce dernier reste encore à modifier, adapter et défendre comme tout univers en reconstruction. Nous devrions réentendre parler d’eux. Voilà en tous cas un des romans les plus innovants et réussis de l’année 2010. Précipitez-vous sur cette pure merveille !

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 384
Editeur : Berkley Publishing Corporation
25 novembre 2010
Langue : anglais
Prix : 11,23 €