Rencontre pour ’Les Indestructibles 2’

Avertissement : cette session de questions-réponses a été faite après le visionnage du film, il y a donc des spoilers le concernant !

Nous avons été conviés à une table ronde avec le réalisateur Brad Bird ainsi que deux producteurs, Nicole Grindle et John Walker, pour la sortie du film Les Indestructibles 2 !

Avant même de commencer cette session, on nous a gentiment demandé de ne pas poser la fameuse question « pourquoi avoir attendu 14 ans pour faire cette suite ? ».

Voici donc un petit retour sur les questions posées et les réponses reçues.

Question : On retrouve ici beaucoup la notion de famille, est-ce qu’il a été difficile d’équilibrer cet esprit familial et l’aspect de super-héros du film ?

Brad Bird (réalisateur) : Bien sûr, ça a été difficile de trouver l’équilibre. Il fallait garder le dynamisme alors qu’on passait d’un aspect à l’autre.

Nicole Grindle (productrice) : J’aimais l’idée de l’usage de leurs dons pour aller plus loin dans l’aspect familial. Il y a une sorte de reflet de leur place, M. Indestructible qui ne doit pas se laisser faire, Elastigirl qui s’étire dans tous les sens, Violet qui s’efface comme son pouvoir qui la rend invisible et Flèche qui est rempli d’énergie. Et c’est sans oublier les pouvoirs illimités du petit bébé avec Jack Jack.

John Walter (producteur) : Le truc qu’on cherchait vraiment, c’était que lorsqu’on partait vers le genre super héros, on revenait avec une touche de normalité familiale, et quand on allait trop dans cet aspect, le genre super héros revenait, comme une balance.

Question : Nous sommes depuis quelques années dans une ère cinématographique avec beaucoup de super-héros, est-ce que cela a aidé à alimenter ce deuxième film ?

Brad Bird (réalisateur) : Je dois dire pas vraiment, cela a un peu cassé mon enthousiasme. Pendant un temps, je me suis dit que le film sortirait après tout le monde, un peu comme un cheveu sur la soupe, mais j’ai vite écarté cette idée en me disant que ce n’était pas grave. C’est d’ailleurs plus un film sur la famille que sur les super-héros.

Question : Pouvez-vous parler de votre mise en scène, car on sent que vous êtes plus un réalisateur de film d’auteur que complètement formaté ?

Brad Bird (réalisateur) : Ce que j’adore chez Pixar, c’est qu’ils recherchent et veulent des réalisateurs avec différentes voix. Ils veulent des formes et des sens différents, ils ne cherchent pas qu’une seule ligne directrice, ce qui permet de s’exprimer.

Question : John Lasseter[[directeur artistique de Pixar Animation Studios et de Walt Disney Animation Studios ainsi que conseiller artistique de Walt Disney Imagineering. Il a réalisé de nombreux films comme Toy Story, 1001 pattes, Cars…]] va bientôt partir du studio, comment prenez-vous cette nouvelle et quelle a été son influence ?

Brad Bird (réalisateur) : Tous ces projets n’auraient certainement pas vu le jour s’il n’avait pas été là. Il faisait partie de la création des histoires. À la base, pour les Indestructibles, Disney ne voulait pas que le projet soit fait, or John s’est lancé corps et âme dedans pour que le film puisse voir le jour.

Nicole Grindle (productrice) : Nous lui sommes très reconnaissants d’avoir créé Pixar, d’avoir eu confiance en ces différents réalisateurs. D’ailleurs, même Domee Shi, la réalisatrice de Bao[[court-métrage projeté avant le film des Indestructibles II]] et première réalisatrice chez Pixar, est en train de développer son film.

Question : Usher fait un caméo dans le film, pourquoi une telle apparition ? Comment l’idée est venue et comment cela s’est passé ?

John Walter (producteur) : Usher est un grand fan des Indestructibles et être dans le film fait partie de sa check-list. En réalité, c’est lui qui est venu vers nous, il nous a appelé, ses managers et son équipe ont appelé. Le problème, c’est qu’on n’avait pas de rôle à sa taille, mais il a accepté d’avoir ce petit rôle pour apparaître dans le film et réaliser un de ses rêves.

Brad Bird (réalisateur) : Usher a vraiment été impliqué lors de la session d’enregistrement, il a joué le fan qu’il était. À la fin il a même crié qu’il allait être dans Les Indestructibles, il était très content.

Question : On voit beaucoup de ponts ou d’immeubles tombés, est-ce que c’est pour vous un lien en rapport à votre prochaine adaptation de « 1906 »[[Adaptation du roman de James Dalessandro, 1906 reprend l’histoire du séisme de San Francisco de 1906, mais il n’y a plus de nouvelles du projet depuis quelques années. ]]

Brad Bird (réalisateur) : C’est une répétition si vous voulez. Franchement, j’espère vraiment pouvoir faire ce film, c’est un moment unique dans l’histoire des États-Unis, mais c’est long et je ne suis pas sûr de vouloir passer des années de ma vie sur ce sujet.

Question : Est-ce que des idées qui n’ont pas été abouties dans les Indestructibles I ont vu le jour dans les Indestructibles II ? Dans quelle mesure ces idées ont-elles influencé ?

Brad Bird (réalisateur) : Ah, d’abord la bataille avec le raton-laveur, l’idée était déjà là et était super sympa, mais on ne savait pas comment l’intégrer à l’histoire du premier film qui avait un découpage déjà assez dynamique. C’est un peu comme l’histoire de Jack-Jack et de sa baby-sitter Kari, on voulait aussi l’intégrer, mais on s’est rendu compte que c’était de trop. On a donc préféré réaliser un court-métrage pour l’intégrer aux bonus du Blu-ray. On trouvait ça vraiment top que les spectateurs sachent ce qu’il s’était passé alors que la famille Indestructible non.

Question : A quel point cela a été dur pour faire la suite alors que le 1 a eu un énorme succès ? Et faudra-t-il attendre aussi 14 ans pour voir Les Indestructibles 3 ?

Brad Bird (réalisateur) : Non, il faudra attendre 17 ans pour la suite. * rire * Sinon, effectivement, quand les gens aiment un film, ils en parlent beaucoup sur l’internet. Ils disent beaucoup « Il faut vraiment que le 2 soit à la hauteur » ou « Je ne veux pas être déçu ». J’ai pour principe de ne pas aller sur Internet pour voir, mais j’y vais quand même parfois et c’est d’autant plus de pression. On se dit forcément, un truc qui a bien fonctionné dans le premier volet, il faudrait le refaire dans le deuxième, le remettre. Mais j’ai écarté ça, j’ai réfléchi à quel genre de cinéma et de film je voulais voir, et je ne veux pas du réchauffé.

Pour le troisième, on n’en sait encore rien pour l’instant. C’est un peu comme si vous demandiez à une femme qui vient d’accoucher « A quand le suivant ? », pour l’instant, le 2 n’est même pas encore sorti en salle, donc on veut voir ça d’abord.

Question : Le style du film est beaucoup des années 60, c’est une référence nostalgique ?

Brad Bird (réalisateur) : Quand j’étais gamin, les films de super-héros n’étaient vraiment pas top, pas super bien fait. Je me suis plus inspiré des films d’espions de cette époque où les méchants étaient plus charismatiques, des vrais méchants.

Question : Concernant Samuel L. Jackson qui joue Frozone, est-ce que Nick Fury aurait pu faire une apparition ? D’ailleurs, allez-vous réaliser des films en live action ?

Brad Bird (réalisateur) : On m’a déjà proposé de faire plusieurs films live action de super-héros, mais j’ai refusé. En plus, ces films ont pu cartonner sans moi, donc ça me va. Et j’ai mes propres super héros, ce qui me suffit amplement.

Question : Concernant la séquence où Elastigirl poursuit l’Hypnotiseur, ce dernier a un discours très politique, êtes-vous d’accord avec ça ?

Brad Bird (réalisateur) : Pour moi, les meilleurs méchants sont ceux qui ont un point de vue, des convictions. Ils sont ainsi plus crédibles.

Nicole Grindle (productrice) : Le méchant est mieux si on peut comprendre le cheminement de sa pensée. Pourquoi il dit ça ou pourquoi il fait ça, dans quel but.

Question : Avec Les Indestructibles, quels ont été les nouveaux défis à relever dans l’animation ?

Brad Bird (réalisateur) : Avec le premier film, il y a eu beaucoup de challenge, on se sentait proche de l’échec à chaque fois car l’animation ne faisait pas encore ce qu’on voulait nous. Mais maintenant, la technique a beaucoup évolué. Ce qui fait le vrai challenge des films, ce sont les personnages et ce qu’on fait avec eux.

Question : On parlait du fait que vous aimiez les méchants intelligents, lequel des deux méchants préférez-vous ?

Brad Bird (réalisateur) : Personnellement, je préfère Syndrome, ce personnage a plus de punch et de dynamisme.

Sortie du film au cinéma : 4 juillet 2018 !