Rencontre avec Linwood Barclay

Le succès inattendu de Linwood Barclay continue de surprendre les éditeurs, que ce soit Belfond pour les grands formats ou J’ai Lu pour les poches. En effet, comme l’analyse Estelle Lenartowicz pour Lire, le succès du premier roman édité en France (mais non celui le premier écrit) est dû au bouche-à-oreille, mais pas n’importe lequel… Il s’agit des avis écrits par les lecteurs sur les sites de ventes en ligne comme Amazon, puis les blogs et les webzines.

Ce véritable succès d’estime a donc fait vendre Cette Nuit là à plus de 100 000 exemplaires (on parle de best-seller à partir de 5 000…) et donc propulsé les autres romans du Canadien en tête de gondole.

Belfond et J’ai Lu, à l’occasion de la visite de Linwood Barclay pour le Quai du Polar à Lyon, ont organisé un déjeuner parisien avec quelques journalistes de la presse écrite, de la radio et du web.

Onirik a donc eu la chance d’être invité au Procope, célèbre restaurant du quartier latin, le premier café de Paris et qui a servi de refuge aux intellectuels que ce soit Voltaire, d’Alembert, Verlaine ou Musset, mais également aux révolutionnaires qui ont fomenté la prise de la Bastille autour de ses tables.

La rencontre fut très détendue. Même si la cuisine et le service était très stylés, les discussions fusaient avec simplicité et humour ; l’ambiance parfaite pour aider Linwood à nous confier beaucoup de choses. Son épouse n’était pas avec nous puisqu’elle était partie dévaliser les Galeries Lafayette !

Éditorialiste pour un quotidien national pendant 30 ans, il s’est astreint à écrire 6 colonnes par semaine autour de la politique, en y glissant de l’humour, ce qui l’a relativement éreinté. C’est pourquoi lorsque sa direction lui a proposé une retraite anticipée avec à la clé un gros bonus, il a sauté sur l’occasion et s’est mis à écrire… des romans !

Lorsqu’on lui demande s’il ne regrette pas son métier de journaliste, il répond par la négative, car c’était très stressant. Mais il ajoute que le maire actuel de la ville où il vit lui fournirait sûrement ses meilleurs papiers tant il y a à dire sur les décisions qu’il prend. Selon lui, c’est le pire maire du monde, affirme-t-il avec un grand sourire !

Il s’étonne de sa renommée en France qui fait penser un peu au succès de Harlan Coben. Il ajoute qu’il a eu plus d’interviews en deux jours en France qu’en cinq ans en Amérique. Né américain, sa famille a émigré lorsqu’il avait 4 ans au Canada et y ont vécu jusqu’à ce jour. Malgré donc des origines, il se sent beaucoup plus canadien et nous confie qu’il y a de nombreuses différences entre les deux peuples, notamment le manque d’armureries de son côté de la frontière.

Grand lecteur, il est fan de nombreux autres romanciers de polar, il a cité Michael Connelly à plusieurs reprises, notamment car il était épaté de sa manière totalement maitrisée d’écrire. Lui-même connaît le début et la fin, mais le reste se travaille. Lorsqu’il commence un premier jet, il aime s’y attacher jusqu’à la dernière ligne, pareil pour la version finale.

Nous n’avons pu nous empêcher de lui demander s’il aimerait tourner dans la série télé Castle, autour de la table de poker du héros entouré de vrais auteurs de polar. Il a bien sûr rit et s’est décrété être bien en dessous du niveau des participants pour y penser !

La suite logique était de lui parler de cinéma en lui demandant s’il avait été contacté par Hollywood. Effectivement, plusieurs options ont été posées sur Crains le pire (Fear the worst) et bien sûr Cette nuit-là (No Time for Goodbye).

C’est d’ailleurs le comédien de Will & Grace, Eric McCormack qui l’a contacté en premier pour adapter au grand écran Cette nuit-là, le plus dur étant de trouver une actrice qui soit bankable au US tout en étant reconnaissable à l’étranger. Le rôle de Cynthia étant pivot, c’est l’un des points dirimants du montage financier.

Comme il le précise, son agent a calmé son enthousiasme en lui rappelant qu’une option n’était rien, Hollywood en posait des milliers un peu partout tous les jours ou presque… Mais il reste tout de même optimiste d’autant que celle posée sur Crains le pire a été faite par des Espagnols, plus motivés et plus libres !

A suivre donc, sur Onirik, mais surtout en librairie ! L’auteur vaut vraiment le détour et pas seulement car c’est quelqu’un d’extraordinairement sympathique, mais son écriture captive et ne vous lâche plus !

Photo : Linwood Barclay bien accompagné par Cécile Rondeau-Arnaud (co-animatrice avec William) de l’émission Polar sur Fréquence Protestante