Picasso Ingres : face à face – Avis +

Présentation officielle

Pour la première fois, La Femme au livre (1932) de Picasso du Norton Simon Museum, Californie, sera réunie avec le tableau qui l’a inspirée, Madame Moitessier de Jean-Auguste-Dominique Ingres.

Picasso rencontra pour la première fois l’énigmatique Madame Moitessier lors d’une exposition à Paris, en 1921, et fut captivé. Au cours de la décennie suivante, il a fait référence à plusieurs reprises à Ingres dans son art et a peint La Femme au livre, l’un de ses portraits les plus célèbres, en hommage au célèbre travail d’Ingres.

Pour Ingres, artiste français du XIXe siècle ancré dans la tradition académique, la belle et riche Madame Moitessier représentait l’idéal classique. Parée de ses plus beaux vêtements et de ses plus beaux bijoux, elle contemple majestueusement le spectateur, incarnation du luxe et du style sous le Second Empire.

Picasso, né 100 ans après Ingres, est célèbre pour un style d’art très différent, abstrait, mais son inspiration est claire. Le modèle de La Femme au livre, alors jeune maîtresse de Picasso, Marie-Thérèse Walter, imite la pose distincte de Madame Moitessier. La peinture équilibre sensualité et retenue, en accord avec l’érotisme latent sous l’image d’Ingres de la respectabilité bourgeoise.

Picasso Ingres : face à face est une occasion unique de voir ces deux portraits côte à côte, pour la première fois, et de retracer le fil conducteur entre l’évolution artistique des XIXe et XXe siècles.

Exposition organisée en partenariat avec le Norton Simon Museum, Californie.

Avis de Claire

Quel lien existe-t-il entre le natif de Malaga, Pablo Picasso (1881-1973), et le peintre classique français Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867) ? Une presque similitude des dates, à cent ans près, mais surtout une source d’inspiration commune, dans une femme admirée, sublimée. C’est en 1921 que Picasso voit le tableau d’Ingres, Madame Moitessier (1856), mais ce n’est qu’onze ans plus tard qu’il s’en inspire dans un portrait de sa toute jeune maîtresse, Marie-Thérèse Walter.

Madame Moitessier représente une figure idéalisée du néo-classicisme, Ingres a travaillé et re-travaillé cette toile à plusieurs reprises, jusqu’à faire disparaître l’enfant du modèle, pour en restituer un portrait saisissant de grâce, d’élégance à la française, et de beauté. La jeune femme, Marie-Clothilde Inès de Foucauld, épouse de Sigisbert Moitessier, un riche marchand de deux fois son âge, est un exemple parfait du style de portrait de Second Empire.

Presque cent ans plus tard, Pablo Picasso tombe sous le charme d’une toute jeune fille de 17 ans, Marie-Thérèse Walter. Le quadragénaire est alors mondialement connu, et au sommet de son art. Il s’inspire à la fois de la beauté de Marie-Thérèse, qui a alors 22 ans, et de la pose de madame Moitessier. Il remplace habilement l’éventail par un livre, ce détail sera déterminant dans le choix du titre de l’oeuvre, connue aujourd’hui sous le titre de La Femme au livre.

C’est la toute première fois que les deux oeuvres sont côte-à-côte dans une perspective simple, mais efficace. La Femme au livre appartient à la Norton Simon Foundation (Californie, Etats-Unis, ce prêt est donc exceptionnel) et Madame Moitessier est une oeuvre de la collection permanente de la National Gallery. On note le choix de la couleur violette pour la scénographie, qui est également celle du Jubilée de la Reine.

Fiche technique

Adresse : National Gallery, Trafalgar Square, Londres, Royaume-Uni

Horaires : Ouvert tous les jours de 10H à 18H le vendredi jusqu’à 21H

Tarif : gratuit

Photo d’illustration de l’article / À gauche Jean-Auguste-Dominique Ingres, Madame Moitessier, 1856 © The National Gallery, Londres / À droite : Pablo Picasso, La Femme au livre, 1932. The Norton Simon Foundation © Succession Picasso/DACS 2021 / photo The Norton Simon Foundation

Merci au personnel de la National Gallery pour son accueil.