Nymphéas noirs – Avis +

Présentation de l’éditeur

Une fillette de onze ans surdouée pour la peinture, une institutrice redoutablement séduisante et une vieille femme aux yeux de hibou qui sait et voit tout constituent le point de départ de l’intrigue. A Giverny, Jérôme Morval, chirurgien ophtalmologiste, enfant du pays, a été retrouvé assassiné près de la rivière de l’Epte.

Pour Laurenç Salignac, fraîchement débarqué de l’école de police de Toulouse, le suspect est tout désigné : il s’agit de Jacques Dupain, mari de la belle institutrice, Stéphanie. Cette affaire ferait-elle écho avec l’assassinat du petit Albert Rosalba, retrouvé mort dans les mêmes circonstances en 1937 ?

La vieille femme qui sait et voit tout, narratrice à ses heures, guide le lecteur dans ses déambulations à Giverny, et, à petites touches, se confie : elle seule détient la vérité. Mais quelle vérité ? Car dans le reflet d’une toile de maître d’exception, Les Nymphéas, passé et présent se confondent, meurtres et passions ressuscitent quand jeunesse et mort défient le temps…

Avis de Marnie

Qu’elle est sympathique cette collection « Terres de France », justement quand elle ne joue pas la carte du terroir ! En effet, nous voici en Normandie, à Giverny, village de Claude Monet, visité depuis des années par le monde entier. Si Michel Bussi joue le jeu des clichés, c’est pour mieux les démonter avec cette surprenante énigme policière, où l’on évoque un trafic d’art, des histoires vieilles de soixante-dix ans, un meurtre possible d’une femme… ou d’une enfant, mais peut-être un simple crime passionnel raconté comme une histoire fantastique baignée par l’univers impressionniste.

Le plus difficile lorsque le thème d’un roman est la peinture, c’est d’avoir assez de talent pour éviter la plate description pour laisser s’engouffrer l’émotion et ainsi transcender l’oeuvre. Justement, Michel Bussi parvient à gagner ce pari grâce à des artifices bienvenus, soit la passion charnelle et amoureuse qui devient indissociable de la beauté de l’oeuvre.

Au centre de cette histoire, nous nous retrouvons avec trois héroïnes qui vont toutes trois s’inspirer et s’imprégner des Nymphéas, les fameux tableaux obsessionnels de Claude Monet, de façon étrangement différentes et semblables tout à la fois. Nous nous attachons à cette petite fille écorchée vive et pleine de talent, comme nous sommes sous le charme de cette très belle femme séduisante, rêveuse et amoureuse de l’amour, pour enfin détester cette vieille sorcière qui semble si maléfique. Cependant, ces quatorze jours vont révéler quelques surprises, dont certaines ne sont vraiment pas attendues.

L’introduction est particulièrement réussie. En effet, le récit commence comme une fable grinçante, un ton qu’il ne quittera pratiquement pas, ce qui ajoute à l’aspect fantastique de ce roman. Il est aisé d’écrire que tout est impression et ressenti. Chaque détail de l’intrigue composent finalement un tableau inquiétant où les sentiments submergent et engloutissent nos trois héroïnes.

Les seuls moments réalistes qui contrastent avec cet univers poétique, ce sont les relations de plus en plus amicales des deux policiers qui mènent l’enquête. Ces deux hommes au caractère opposé se confrontent dans une joyeuse émulation chaleureuse, qui offrent de véritables bouffées d’air frais au lecteur qui s’identifie à l’un ou à l’autre, appréciant les facettes de ces deux personnalités intéressantes.

Une peinture omniprésente qui transforme tout un village, un amour dévastateur… amertume, rêverie, poésie, violence… toute une gamme d’émotions qui vous donnera l’envie comme moi d’aller à Giverny observer de plus près ce petit étang recouvert de nénuphars peint des centaines de fois par le même homme !

Fiche Technique

Format : broché
Editeur : Presses de la Cité
Collection : Terres de France
Sortie : 20 janvier 2011
Prix : 21 €