Night watch – Avis +

Il était une fois, un monde où le bien et le mal s’affrontait corporellement. Où les sorcières, les vampires, les métamorphes marchaient à côté des hommes. Gesser est le gouverneur du bien et Zavulon celui du mal.

Lors d’une bataille meurtrière, les deux dirigeants comprirent qu’ils étaient à force égale et que s’ils continuaient ainsi, il ne resterai plus un seul de leur race. Ils établirent une trêve. Ils s’effaceraient derrière les hommes et ordonnèrent des surveillants dans chacun des groupes pour contrôler l’autre. Les daywatchs sont les forces du mal qui surveillent le jour et les nightwatchs celles du bien qui régulent la nuit. Ils seront aidés par des « simples » humains ayant une perception des forces magiques qui devront choisir un camp, le bien ou le mal. On les nomme les Autres.

1992. On assiste à la révélation de sa nature Autre, d’un homme quelconque, veule et lâche. 12 ans plus tard, on le retrouve actif, il a choisi la lumière et combat pour qu’aucun crime ne soit commis. Il est accompagné d’une équipe de métamorphes et alors qu’il cherche à sauver un enfant des griffes acérées d’un vampire, il aperçoit une femme qui a au-dessus de sa tête un vortex qui entraîne le monde en son coeur.

Le premier volume de cette trilogie nous prépare à la découverte de l’Autre suprême qui, selon d’anciennes prophéties, précipitera le monde à sa fin. On retrouve les grands mythes fantastiques mais qui pour l’occasion sont réécrits et réorganisés. Un tout nouveau monde s’offre à vous, à vous de l’accepter pour profiter de sa richesse narratrice.

Mais attention, il y a des incohérences, des erreurs en permanence. L’acteur principal joue comme un pied qui se prend pour Al Pacino dans Scarface, il oscille entre le sérieux et le ridicule et l’assume tant qu’on finit par l’apprécier. Certaines scènes vous feront douter de la santé psychique du scénariste ou du réalisateur. Notamment, lorsque Anton pointe sa lampe de poche (avec une ampoule en cristal de roche) sur la jeune femme qui s’avérera être la Vierge de la prophétie, ou lorsque l’équipe des nightwatchs envahissent l’appartement d’une famille de classe très moyenne, etc. Le rire incrédule se dispute alors au sourire de compréhension.

Le secret de ce film est dans sa narration. Elle est unique et c’est principalement elle qui vous fera aimer ou détester ce film. L’histoire se déroule sous vos yeux, sans que l’on vous prépare à en comprendre ses arcanes. On vous expliquera les éléments, au fur et à mesure que le film se déroule, sans employer tous les trucs de Hollywood. On rend le spectateur passif. Il est le témoin d’une aventure magique se déroulant sous ses yeux ébaudies, il faut le dire. La VOST (russe sous-titrée en français), ne vous y aidera pas plus mais vous rend l’expérience unique.

Pour vous décrire le ressenti, comparez le à la dégustation d’un plat composé d’aliments totalement inconnus par vous. Vous savez que vous aimez. Avec difficulté, vous arrivez à séparer certaines saveurs, mais sans bien sûr pouvoir les nommer. Surtout, sans pouvoir les comparer à un bouquet que vous connaissez. Puis c’est le moment du choix : vous vous avouez que l’expérience vous a plu. Vous acceptez que sa réussite soit liée à la découverte, à la maîtrise que le plat a sur vous (puisque vous ne pouvez le rattacher à une expérience connue) à un ensemble qui ravit vos papilles. Puis vous acceptez ce que vous ne connaissez pas, sans cherchez à l’expliquer. Vous êtes satisfait.

C’est un film à aller voir pas seulement car c’est un ovni russe, mais également parce que vous risquez de passer un très bon moment. Enfin une trilogie fantastique qui semble tenir ses promesses (exit Matrix !)

La critique négative du film : ici.