Montand : qu’est-ce qu’elles avaient à tant l’aimer ? – Avis +

Présentation de l’éditeur

Lidia, Edith, Simone, Marilyn, Carole et les autres, toutes les autres, les vraies comme les supposées, Catherine, Isabelle, Barbra, Shirley, on lui en a tant prêté. Certaines ont fait éclore l’artiste, d’autres l’ont accompagné, toutes ont aimé l’homme, Ivo, l’apprenti coiffeur à Marseille devenu l’immense star Yves Montand.

Sœur, « pygmalionne », partenaire, épouse, inconnue, mythe ou compagne, ces femmes – et quelles femmes ! – sont au coeur de ce récit ponctué de confidences inédites, de révélations étonnantes, et composent le portrait intime le plus juste d’un homme et d’un artiste d’exception, disparu il y a vingt ans.

Et la vérité des propos rapportés n’est pas moins romanesque que la légende.

Avis de Claire

L’exercice de la biographie est un art délicat. Comment savoir où se termine la réalité des faits et où commence l’imagination débordante d’un biographe ? Si des faits établis demeurent, éclats de vie, bribes de destin, on se pose inévitablement la question de leur véracité.

Dans le cas de Yves Montand, que l’on apprécie ou non l’homme, il y a avant tout l’Artiste. Formé par Piaf, qui lui a tout appris, tel un diamant brut, elle l’a taillé dans ce qu’elle connaissait de meilleur, l’art de la scène, le chant et le music-hall.

Lorsque leur amour touche à sa fin, les deux fortes têtes se séparent avant de se faire trop de mal, Piaf ne pouvait rien apporter de plus à l’artiste, quant à l’homme, c’est une autre histoire…

Le diamant est recueilli par une Signoret en état de grâce, plus qu’amoureuse, elle en polit l’éclat avec passion, abandonnant tout derrière elle. Elle, la femme libérée, se met entre parenthèses et entreprend de l’éduquer.

Et puis les femmes traversent sa vie, encore et encore, comme Marilyn, diamant brut elle aussi, ils sont de la même classe, du même bord. Mais quel gâchis, et quel drame pour Simone de n’avoir pu dire à Marilyn à quel point elle ne lui en voulait pas.

Avant cela, il y a l’Italie des origines, la terre d’où il vient, que Montand n’oubliera jamais, la famille, et après cela, la douleur des enfants perdus avec Simone, le bonheur controversé avec Carole, et enfin, Valentin, le fils tant espéré.

Avec ce destin peu ordinaire, c’est toute une époque que font revivre pour nous Philippe Crocq et Jean Mareska [[déjà auteurs ensemble et séparément de nombreuses biographies, notamment La Vie pas toujours rose d’Edith Piaf, Le Rocher, 2007]].

C’est l’avant-guerre, où le music-hall était l’expression suprême de l’art, mais c’est aussi l’âge d’or d’Hollywood avec Marilyn et Miller, l’émancipation des femmes avec les deux Simone -de Beauvoir et Signoret- refaisant le monde au café de Flore, c’est aussi les premières luttes d’opinion, l’engagement politique et pacifiste…

Parfois l’on se pose la question de savoir si telle ou telle anecdote trop détaillée est vraie, en effet comment savoir vraiment ce qui se disait entre Simone et Montand lors de leur rencontre et leurs pensées profondes ? On ne le saura jamais et c’est tant mieux, c’est ainsi que vivent les légendes.

On lit tout de même cette biographie avec grand plaisir, comme on s’installerait confortablement pour voir un vieux film hollywoodien en cinémascope, avec cette sensation familière de déjà-vu, accompagnée de cette certitude absolue que l’on va passer un bon moment.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 294
Editeur : Presses de la Cité
Sortie : 1er septembre 2011
Prix : 20,50 €