Marc Couturier « … et le marais sanglote »

Un monastère royal

Le monastère royal de Brou, église et musée, a été fondé en 1506 par Marguerite d’Autriche. Il comprend une église de style gothique flamboyant, ainsi qu’un monastère à trois cloîtres à étages – plus de 4 000 m2 au total – abritant aujourd’hui un musée dont les collections vont de la fin du XVe siècle à nos jours. Les sculptures sur bois et sur pierre du choeur, conservés dans un état exceptionnel, ainsi que les vitraux, font de cet ensemble un véritable musée d’art franco-flamand du début du XVIe siècle. Depuis 1985, il est complété par des sculptures contemporaines, notamment de Serra et Rückriem. C’est dans cette optique que s’inscrit la présentation des oeuvres de Marc Couturier.

Une oeuvre d’une grande densité intellectuelle et spirituelle

Apparu sur la scène artistique française vers 1985 avec son travail sur les barques de passeurs de la Saône, Marc Couturier, né en Bourgogne en 1946, a construit année après année une oeuvre d’une grande densité intellectuelle et spirituelle. Interrogeant le sacré dans une série d’installations à forte connotation symbolique à la fin des années 1980, il est mené par son oeuvre même à questionner dans la décennie suivante la Création, avec la série des Dessins du troisième jour. Les Wall-drawings à la pointe d’argent, impressions sur film sérigraphique d’après une feuille d’aucuba, complètent ce cheminement de l’artiste à la fin des années 1990 vers les Redressements.

La nature, le hasard et le temps

À Brou, Marc Couturier est chez lui. Le thème de l’embarcation – particulièrement dans sa connotation funèbre – reste central, et c‚est une barque noire qui attend le visiteur à son entrée dans l’église. Au-delà du jubé, dans la solennité de la nécropole, interviennent les  » redressements », les traces laissées çà et là que l’artiste s’approprie pour les insérer dans ses oeuvres. Dans les salles du musée, on entre encore plus avant dans cet art du mirage. À l’étage, l’artiste montre une vingtaine de theatrini – petits théâtres – fragments de douelles de tonneaux d’une quinzaine de centimètres. Autant de petites peintures déclinant toutes les variétés de sujets : paysages, marines, forêts, levers de soleil, mers et ciels. On retrouve l’univers allusif cher à l’artiste, où la nature, le hasard, le temps, prennent le pas sur le travail de la main de l’homme.