Mais sinon, tout va bien – Avis +

Présentation de l’éditeur

À force de jouer les tragédiens, il a tenté le destin.

Déjà, s’appeler Georges quand on a la trentaine, c’est partir avec un sacré handicap. Mais aujourd’hui, c’est bien le dernier souci de ce père célibataire au bord de la crise de nerfs. Car tout fout le camp. D’abord, sa carrière : s’exhiber en slip kangourou pour une publicité n’est pas exactement ce qu’il avait en tête en embrassant le métier de comédien.

Mais pour payer ses factures et conserver l’école de théâtre léguée par ses parents, il n’a pas le choix. Ensuite, il y a Henrik, son fils adoré, surdoué mais exigeant, qui fait fuir tous ses professeurs. Enfin, Georges n’a que quelques mois pour monter Phèdre avec une poignée d’amateurs et une prof incontrôlable. Bilan : c’est la cata.

Et quand une nouvelle élève, aussi talentueuse que fascinante, et une préceptrice punk aux cheveux bleus, surgie de nulle part, mettent leur grain de sel dans ce monumental bazar, Georges commence à se demander si les dieux n’auraient pas une dent contre lui.

Avis de Valérie

Notre héros n’a pas un prénom sexy. Bien qu’il soit porté par la quintessence du charme fait homme, l’acteur George Clooney, ça le fait beaucoup moins dans le Nord de la France. Et même si notre Georges est acteur, il n’a pas la carrière qui aurait permis d’oublier la banalité de son prénom, bien au contraire.

Nous faisons sa connaissance alors que pour mettre des épinards dans son beurre, il pose en slip pour le catalogue de La Redoute. Dès qu’il a fini, il rentre retrouver son fils surdoué, qu’il élève seul. Le reste du temps, il gère une école d’art dramatique que ses parents lui ont léguée. Il y a peu d’élèves, mais cet homme au grand cœur se donne à fond pour tout ce qu’il entreprend !

Dans ce cadre, sa veille amie Mireille a le rôle du prof, et si c’est la meilleure dans son genre, elle cultive son originalité. D’ailleurs, cette année, elle décide de faire jouer Phèdre aux trois élèves, pleins de qualités humaines, mais beaucoup moins doués pour la tragédie. Le principal souci de Georges est son fils, Henrik, qui est plus que surdoué et possède tous les signes de l’hypersensibilité. Obligé d’être scolarisé à la maison, il forme avec son père un noyau familial fusionnel et attendrissant.

Mais le gamin a un sacré caractère et ne supporte pas la médiocrité, surtout lorsqu’elle vient de ses tuteurs. Il les fait partir les uns après les autres en les coinçant sur leurs connaissances… L’éternel combat de Georges est de trouver de quoi mettre à manger dans les assiettes et des professeurs qui supporteront l’intelligence de son fils.

Cet éternel rêveur doit pourtant affronter la réalité. Il ne gagne pas assez d’argent en tant qu’acteur, il a du mal à réclamer le paiement des cours de comédie, et il doit bien vivre ! Comme cela arrive parfois, il va s’acoquiner avec la malchance et subir de nombreuses épreuves…

Mais quel plaisir que l’écriture de ce talentueux Max Deloy a.k.a. Maxime Gillio, auteur, correcteur, grand manitou des Halliennales, et sûrement magicien. Quel bonheur de le voir conjuguer le quotidien avec tant de justesse, mais également délicatesse. On ne peut que s’attacher à Georges, Henrik, et les autres, car ils sont croqués avec intelligence. Ce qui leur arrive nous semble proche, car il s’agit d’un quotidien dans lequel chacun peut se reconnaître.

On dévore les pages, car l’écriture du romancier est parfaitement calibrée et très fluide. Nos yeux glissent d’un mot à l’autre et nous font plonger à Lille au cœur de ce quartier qu’on a maintenant l’impression de connaître. L’humanité qui infuse le roman apporte ce supplément d’âme qui nous fait tant de bien.

Si c’est un feel good book, il ne l’est pas car il appartient à un effet de mode, mais le lecteur se projette dans l’histoire, et reçoit l’amour du romancier pour ses personnages !

Fiche technique

Format : broché
Pages : 352
Editeur : Harper Collins
Collection : &H
Sortie : 2 mai 2019
Prix : 15,90 €