Les silences de la guerre – Avis +/-

Présentation de l’éditeur

La guerre. Ce pourrait être n’importe laquelle. C’est celle de 1940. L’histoire se passe près de Brest, dans la maison réquisitionnée pour loger un officier allemand affecté à la construction du mur de l’Atlantique. Sur la côte finistérienne, cet officier du génie, originaire de la Baltique, se sent dans un pays fraternel. En face de lui, une jeune fille et son père. Vont-ils s’enfermer dans le mutisme comme les personnages du Silence de la mer, de Jean Vercors ?

Tous les trois choisissent de parler. Qu’est-ce que la patrie ? Qu’est-ce que le devoir en temps de guerre ?
Ils évoquent ce qui a uni, désuni leurs pays respectifs dans le passé, ce qui les réunira un jour dans l’Europe. Ensemble ils vont tenter de comprendre l’incompréhensible, de se hisser mentalement au-dessus des clôtures, des barrages tel ce mur de l’Atlantique.

Dans Les silences de la guerre, Claire Fourier entrelace le déroulement de la guerre et celui d’un amour. Elle donne à voir un homme et une femme qui choisissent de donner tort à la guerre et décident d’entrer dans une résistance supérieure. À nouveau, elle traite un thème qui lui est cher avec un souci minutieux de l’exactitude historique.

Avis d’Artemis

Difficile de se détacher du texte de Vercors en lisant ce livre de Claire Fourier, alors que l’auteur revendique sa filiation avec Le silence de la mer, en s’y opposant. Et pourtant, pour profiter pleinement de ce roman, mieux vaut le lire pour lui-même. En effet, là où tout était esquissé par Vercors dans sa courte nouvelle, telles des touches de peinture, où les silences étaient des dialogues muets, Claire Fourier prend le contre-pied.

C’est cette décision de rétablir le dialogue au cœur de cette intrigue qui a d’ailleurs motivé l’écriture de ce texte[[si vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez regarder l’interview de Claire Fourier disponible sur le site de l’éditeur]]. Car ce dialogue rend possible un échange entre ces hommes et femmes que la guerre a rendu ennemis. Car ce dialogue permet de comprendre, d’avancer ensemble.

Hermann Christhaller, le bel officier allemand et la jeune française Glaoda vont ainsi parler de tout : de la guerre, d’art, de littérature allemande, de musique. D’ailleurs, l’omniprésence du peintre allemand Gaspard David Friedrich donne la palette avec laquelle l’auteur peint son histoire. Les paysages de la Baltique et ceux du Finistère sous le pinceau de Friedrich ont de nombreux points communs.

Le lecteur ne manquera pas d’apprécier également l’atmosphère bretonne bien rendue par Claire Fourier, à la fois dans les paysages, mais aussi dans les personnages secondaires, telle la grand-mère haute en couleur de Glaoda.

Ce roman est historiquement rigoureux et richement documenté. Cependant, on pourra s’interroger sur la pertinence de la seconde voix (en italique) qui intervient assez rarement, mais de manière souvent sensiblement didactique pour apporter des précisions historiques ou des commentaires. Cette voix casse le rythme du roman et nous fait entrer dans un autre temps et un autre ton légèrement déconcertant.

Un livre intéressant, dont l’écriture littéraire et fine est au service de l’histoire d’amour de ces deux êtres dans une période historique si troublée et lourde.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 200
Editeur : éditions dialogues
Sortie : 5 janvier 2012
Prix : 19,90 €