Les écrivains israéliens au Salon du livre

Les écrivains israéliens sont à l’honneur cette année au Salon du livre. A travers la personnalité des invités, leurs livres, les forums, les débats, ce sont en fait les générations multiculturelles, les grandes idées qui s’affrontent sur la société israélienne actuelle, le constat de décennies de guerre, le devoir de mémoire qui sont abordés…

Loin du manichéisme que l’on nous présente souvent, on nous expose ici grâce à des textes subtiles et nuancés les fêlures, les difficultés et le traumatisme d’habiter dans un pays en guerre, le refus des excès et le constat dramatique de l’impossibilité d’occulter le contexte politique lorsque l’on vit dans la société israélienne, les difficultés tragiques ou comiques de l’étonnant melting-pot qui constitue le peuple d’Israël mais aussi les sentiments de victimes de la Shoah, ou l’incompréhension des enfants de ces rescapés.

Ainsi, suivant les thèmes, nous pourrons faire connaissance avec :

1) La volonté de paix

– Amos Oz, né à Jérusalem en 1939, est l’écrivain israélien le plus connu dans le monde. Cofondateur du mouvement « La paix maintenant », il est l’un des partisans les plus fervents de la solution d’un double État au conflit israélopalestinien. Il publie ses premiers récits en 1965, et son premier roman date de 1966. Depuis, il écrit sans discontinuer, publiant environ un livre par an. Amos Oz a obtenu quelques-uns des prix les plus prestigieux de son pays et particulièrement le Prix Israël de littérature en 1998 lors du cinquantième anniversaire de l’indépendance d’Israël. En 2005, il reçoit le Goethe-Preis de la ville de Francfort et en 2006, le titre de Docteur Honoris Causa de Philosophie à l’université Hébraïque de Jérusalem. Ses oeuvres sont traduites dans près de trente-cinq langues dans le monde. Son autobiographie, Une histoire d’amour et de ténèbres, considérée comme son chef-d’oeuvre, a été saluée unanimement par la critique littéraire. Son dernier roman, Vie et mort en quatre rimes, est une réflexion subtile sur les arcanes de la création littéraire.

– Né en 1936 à Jérusalem, Avraham B. Yehoshua est l’un des chefs de file de la littérature israélienne contemporaine. Il appartient à la cinquième génération de juifs sépharades installés en Israël. Il a embrassé une carrière d’écrivain dès la fin de son service militaire dans les rangs de Tsahal. Il s’est également engagé en faveur du processus de paix israélo-palestinien et a participé à l’Initiative de Genève. Il a remporté de nombreuses récompenses littéraires et ses livres sont traduits en 28 langues. Dans son nouveau roman, Un feu amical, il met en scène un couple qui s’aime depuis trente ans. La femme, Daniela, part en Afrique rendre visite à son beau-frère dont la femme vient de mourir. Peu habitués à être séparés, ils maintiennent le contact par un dialogue intime qui se poursuit dans la tête de chacun à l’occasion de ce voyage. Ce roman est d’abord un livre sur l’amour conjugal mais il analyse aussi le « feu amical », tir d’un soldat israélien qui a tué un autre soldat par erreur, le neveu de Daniela, une mort qui pèse sur tous les protagonistes. Comme dans ses romans précédents, Avraham B. Yehoshua raconte avec brio une histoire simple et profondément humaine.

– David Grossman, né en 1954 à Jérusalem, est considéré aujourd’hui comme l’une des figures majeures de la littérature israélienne. Il devient célèbre avec la parution de son premier livre, Le vent jaune, essai politique engagé où il décrit les souffrances imposées aux palestiniens. Suivent plusieurs romans qui sont traduits dans de nombreux pays. Célèbre dans le monde entier, il fait partie, avec Amos Oz et Avraham B. Yehoshua, du groupe d’écrivains et d’intellectuels qui ont fondé le mouvement « la paix maintenant » et qui, depuis la guerre de 1973, travaillent pour le rapprochement entre israéliens et palestiniens et pour la création d’un État palestinien. Le 10 août 2006, quelques jours avant la mort de son fils au combat, lui et les écrivains Amos Oz et Avraham B. Yehoshua avaient lancé, d’abord dans le quotidien Haaretz puis lors d’une conférence de presse, un appel au gouvernement israélien pour qu’il accepte un cessez-le-feu, point de départ pour aboutir à une solution négociée, décrivant la poursuite des actions militaires comme “ dangereuse et contreproductive ” et s’inquiétant du sort du gouvernement libanais. Dans son dernier recueil, Dans la peau de Gisela, David Grossman livre sa vision personnelle de la société israélienne. À travers la question centrale de l’identité, l’auteur analyse ce qui constitue le quotidien d’Israël : la permanence d’un conflit qui, selon lui, mène à l’impasse.

– Igal Sarna né à Tel- Aviv en 1952, écrit pour le quotidien Yediot Aharonot et est l’un des fondateurs du mouvement « La paix maintenant ». Il reçoit le prix IBM Tolérance pour une série d’articles sur les prisonniers politiques Iraniens en Israël. Il a publié une biographie du poète Yona Wallach et un recueil d’essais. Auteur de deux romans : L’Homme qui était tombé dans une flaque (1999) qui a reçu le prix Wizo et Chasseur De Mémoire (2000). Dans ce dernier livre, Igal Sarna propose, à travers le labyrinthe d’une intrigue faussement policière, une vision d’Israël à l’image troublée de ses personnages.

– Sayed Kashua né en 1975 dans un village de Galilée devenu israélien en 1948, arabe et citoyen israélien, il fait ses études à l’université hébraïque de Jérusalem. Critique de cinéma et éditorialiste dans l’hebdomadaire de Tel-Aviv, Hair (la ville), il écrit actuellement dans le supplément hebdomadaire culturel et politique du quotidien Haaretz. Il vit actuellement dans le quartier palestinien de Beit Safafa, près de Jérusalem. Son premier roman, Les arabes dansent aussi, paru en 2003, est suivi en 2006 de : Et il y eut un matin. Les deux livres reçoivent un très bon accueil du public. Ces deux récits donnent une voix aux arabes israéliens ignorés de tous, à l’intérieur comme à l’extérieur. Dans son dernier roman traduit en français, Et il y eut un matin, Sayed Kashua livre une vision sans complaisance de la société arabe, enfermée dans ses traditions aujourd’hui dépassées et obsolètes. Il n’épargne pas non plus la société israélienne qui aurait trop tendance à considérer les arabes sous l’angle de la menace terroriste. La singularité de son point de vue engendre naturellement le débat.

– Eshkol Nevo, né à Jérusalem en 1971 est l’auteur d’un recueil de nouvelles, d’un essai et de deux romans. Son premier roman, Homesick, devenu un best-seller, a reçu le Gold Book Prize en 2005. À travers un kaléidoscope narratif de destins croisés, Eshkol Nevo décrit un pays traversé par des failles de plus en plus violentes. Entre israéliens et palestiniens d’abord, mais aussi entre religieux et laïcs, entre ceux qui veulent poursuivre le processus de paix et ceux qui le repoussent.

– Sami Michael est né en 1926 à Bagdad en Irak. Il grandit dans un environnement où cohabitent pacifiquement juifs, arabes et chrétiens. Contraint par un mandat d’arrêt lancé contre lui de quitter l’Irak pour cause d’activité clandestine au parti communiste, il s’exile en Iran à l’âge de 21 ans. En 1949, il émigre en Israël et s’installe dans un premier temps à Jaffa, ville judéoarabe, puis à Haïfa. Sami Michaël est diplômé en psychologie et en littérature arabe à l’Université de Haïfa. Après ses études, il publie son premier roman, Equal and More Equal, primé en Israël et en Allemagne. Une trompette dans le Wadi est l’histoire d’une jeune palestinienne chrétienne qui vit dans le Wadi, quartier arabe de Haïfa et qui fait vivre sa famille qui a tout perdu en 1948. Elle rencontre son nouveau voisin, jeune musicien juif russe dont la trompette mélancolique résonne dans le Wadi. Toute la tragédie des origines du conflit israélo-palestinien est condensée dans ce roman subtil.

– Ron Leshem est né en 1976. Journaliste il acquiert une réputation dans le monde littéraire avec premier roman, Beaufort. Adapté à l’écran par joseph Cedar, le film éponyme remporte l’Ours d’argent au festival de Berlin en 2007. Beaufort, citadelle médiévale construite par les croisées au sud Liban, est une enclave israélienne en territoire ennemi. Pendant les années 1999- 2000 de la “sale guerre” au Liban commencée en 1982, un jeune officier commande une section de très jeunes recrues inexpérimentées envoyées en première ligne. Ce n’est pas tant un récit de guerre que celui d’une déroute. Ron Leshem nous entraîne au plus près de l’enfer des combats et de la routine de l’univers de garnison où l’ennemi, invisible, menace continuellement.

2) – Le devoir de mémoire, le besoin de se souvenir et l’antisémitisme

– Aharon Appelfeld est d’origine roumaine, rescapé de la Shoah qui émigre en Palestine sous mandat britannique en 1946. La majorité de ses écrits concerne la vie de la population juive en Europe avant et pendant la Seconde Guerre mondiale. On retrouve dans Tsili ou L’Amour, soudain sa propre expérience de survie dans la forêt de Bucovine, lorsqu’enfant il fuit les camps et se cache dans la forêt. Il a reçu de nombreux prix littéraires, dont le Prix Médicis étranger en 2004.

– Haïm Gouri est né à Tel-Aviv en 1923. Ses études de littérature française à l’Université de la Sorbonne lui permettent de traduire en hébreu de nombreuses oeuvres de poètes et d’écrivains français parmi lesquels : Arthur Rimbaud, Baudelaire, Guillaume Apollinaire, Paul Claudel, Georges Duhamel, Marcel Pagnol… Haïm Gouri a publié essentiellement des recueils de poèmes mais aussi des nouvelles et un journal de la guerre d’indépendance dans le Néguev. Cinéaste, il est aussi récompensé pour sa trilogie documentaire dont le premier film, Ne laissons pas les morts enterrer les morts, a été sélectionné pour l’oscar du meilleur film documentaire, en 1974. L’affaire chocolat, son roman récemment réédité en français, est une réflexion onirique avec comme fil rouge une question lancinante : comment continuer à vivre quand tous les vôtres ne sont pas revenus des camps d’extermination ?

– Zvi Yanaï, né en Italie en 1935 émigre en Israël en 1945 où il rejoint rapidement le Kibboutz Ramat- David. Son dernier ouvrage, Bien à vous, Sandro, à caractère autobiographique, est une correspondance entre l’auteur et son frère, Romolo Benvenuti, avec lequel il renoue sous un prétexte scientifique. Les parents de Sandro avaient abandonné cet enfant en Italie pendant la deuxième guerre mondiale. Cet abandon reste l’un des mystères de la vie de Zvi Yanaï. Pour essayer de le percer, il raconte à son frère retrouvé toute l’histoire de leur famille dispersée aux quatre coins de l’Europe et jusqu’en Palestine et sa lutte pour survivre en se fondant dans l’Italie fasciste. À travers les lettres de la grand-mère déportée, c’est tout un pan du judaïsme européen que l’on découvre avec ces destins tragiques et éclatés.

– Amir Gutfreund est né à Haïfa en 1963. Il a publié en 2002 un recueil de nouvelles Ahuzat hahof aux éditions Zmora Bitan. Les gens indispensables ne meurent jamais est son premier roman pour lequel il a reçu le prestigieux prix Sapir en 2003. Roman épique, ce livre constitue une prouesse littéraire tant par l’ambition du projet que par son innovation. Jamais le thème de la Shoah n’avait été abordé avec autant d’originalité. En grandissant, Amir et Efi, les protagonistes enfants, veulent comprendre ce qui s’est passé « là-bas », pendant la guerre. Mais comme personne ne veut raconter, ils inventent mille astuces et stratagèmes pour faire parler les oncles et les grands pères. Petit à petit, les barrières cèdent et les récits des survivants apparaissent dans toute l’horreur et l’atrocité de ce qu’ils ont vécu.

– Lizzie Doron est née en 1953 en Israël de parents survivants de la Shoah. Pourquoi n’es-tu pas venue avant la guerre ?, sa première oeuvre retrace, par petites touches impressionnistes, l’histoire d’une mère si différente des autres, ravagée psychologiquement par les souvenirs. L’auteur appartient à la génération des filles et des fils des survivants qui éprouvent le besoin de transmettre autrement cette mémoire de l’indicible, avec un humour glacial, plus souvent près des larmes que du rire.

– Née a Haïfa en 1963, Judith Katzir rencontre le succès public avec la publication de son premier roman, La mer est là, ouverte. Elle publie ensuite deux recueils de nouvelles et deux livres pour enfants. Elle a reçu de nombreux prix littéraires. Chère Anne, son deuxième roman, a été largement salué lors de sa parution en Israël en 2003, tant par la presse que par le milieu littéraire, pour la qualité de son écriture, son originalité et la force qui se dégage des rapports humains évoqués. Dans Chère Anne, à l’instar d’Anne Franck, dont la narratrice découvre à l’époque le journal, l’héroïne retrouve son passé à travers quatre cahiers de son journal intime enterrés lorsqu’elle était adolescente. Ce douloureux retour sur son passé se fait à l’occasion de l’enterrement d’une femme qu’elle a beaucoup aimée, son professeur de littérature au collège. Ces cahiers recèlent la passion amoureuse interdite qui s’est développée entre l’élève et son professeur. Dans ce roman initiatique, Judith Katzir mêle, dans un style très singulier, la vie réelle et la littérature, des questionnements sur l’essence de l’écriture et des descriptions sensuelles livrées sans tabous.

– Alon Hilu est né le 21 juin 1972 à Jaffra. Après des études d’Art dramatique à l’Université de Tel-Aviv, il écrit deux pièces : le Mariage et le Jour des Chiens dont le succès lors de festivals favorisera leur traduction en anglais et la reconnaissance de son travail par le club d’art dramatique Harvard-Radcliffe. De 1987 à 1988, Alon Hilu écrit des pièces pour la radio nationale israélienne. Quelques années plus tard, il publie deux nouvelles pièces : le Zoo Bliblique dans Jérusalem et Dernière vue dans des revues littéraires israéliennes. Il rencontre le succès international avec son premier roman, La mort du moine, dans lequel il offre une interprétation originale de « l’Affaire de Damas », faits divers qui souleva l’indignation des juifs du monde entier en 1840 alors qu’ils furent accusés sans preuves du meurtre d’un moine. À la fois roman historique, histoire d’amours interdites et conte cruel, La mort du moine met en scène des personnages hauts en couleur. Un vieux moine débauché, un père brutal et le grand rabbin de Damas, doux et héroïque, une chanteuse des bas-fonds et un enquêteur aux yeux bleus, dessinent une fresque humaine qui donne à ce roman son rythme haletant et sa vitalité.

3) – L’intégration difficile dans la société israélienne

– Eli Amir est célèbre en Israël pour ses conférences, ses articles, ses programmes radiophoniques et télévisés et particulièrement pour son roman à caractère autobiographique, Bouc émissaire, qui peint les difficultés d’intégration d’un jeune juif irakien dans un camp israélien de transit, peu après la création de l’état d’Israël. Dans Yasmine, son premier roman traduit en français, s’entrelacent la politique et l’amour, les difficultés d’intégration des immigrants en Israël, les doutes et les impasses de la société palestinienne et, au-delà des conflits politiques, les passions des protagonistes de cette fresque romanesque. Il établit aussi le constat douloureux de la difficulté à combler le fossé entre deux peuples vivant sur la même terre

– Né en 1963 à Kishinev en ex-URSS, Boris Zaidman émigre en Israël en 1975. Son premier roman, Hemingway et la pluie des oiseaux morts, est salué par la critique à sa parution en 2006. Si Boris Zaidman aborde la question de l’immigration russe en Israël, son roman est aussi une évocation puissante de l’expérience de double identité que connaît tout être humain amené à changer radicalement de pays, de vie et de langue. Ce livre est porté d’un bout à l’autre par un sens du comique et du dérisoire hors du commun.

– Savyon Liebrecht, née en 1948 à Munich en Allemagne, émigre en Israël avec sa famille dans les années 50 et commence à publier en 1986 romans, nouvelles, scénarios de télévision et pièces de théâtre. En 1987, elle est lauréate du prix Alterman pour son premier recueil de nouvelles. Deux de ses scénarios télévisés ont également été primés. Un toit pour la nuit est un recueil de sept récits construits autour de sept lieux qui évoquent autant l’histoire intime et sentimentale d’une jeune femme et des autres personnages que la construction parfois douloureuse de l’État d’Israël toujours en quête d’identité et en proie aux fantômes du passé. Comme souvent dans la littérature israélienne contemporaine, l’histoire individuelle est intimement liée à l’histoire du pays et au destin tragique du peuple juif au vingtième siècle.

– Alona Kimhi est née en 1966 en Ukraine. En 1972, sa famille émigre en Israël. Après son service militaire, elle fait des études de théâtre à l’académie Bet Zvi et entame une carrière de comédienne au théâtre et au cinéma. Si elle dit ne pas avoir souffert de l’exil et de son traumatisme, elle confesse son dégoût des événements qui ont marqué l’histoire récente au Proche-Orient. En 1993 elle commence à publier des pièces de théâtre puis se tourne définitivement vers la littérature en 1996 avec la publication de son premier recueil de nouvelles, Moi Anastasia, primé dès sa parution en Israël paraît aujourd’hui en France. Ces premiers textes annoncent l’originalité de l’oeuvre de la future romancière, qui réside dans sa capacité à rendre le désespoir presque drôle. Suivront deux romans, Suzanne la pleureuse en 1999 et Lily la tigresse en 2004 qui lui apportent une consécration internationale.

– Né à Jérusalem en 1943, Ron Barkaï est professeur d’histoire médiévale à l’université de Tel-Aviv. Il a écrit des romans et aussi publié des essais sur les relations entre juives musulmanes et chrétiennes dans l’Espagne Médiévale. Comme un film égyptien est son premier roman d’un personnage sévère, enfermé dans ses préjugés en perpétuel décalage, d’abord dans l’Egypte des années vingt puis en Israël écrit par un auteur qui se délecte d’histoires pour se délasser de ses longues traductions médiévales.

4) – La critique de la société actuelle

– Etgar Keret, écrivain, scénariste de BD, acteur et cinéaste, est né en 1967 à Tel-Aviv. Il est considéré aujourd’hui comme le chef de file de la jeune littérature israélienne et l’auteur le plus populaire en Israël. Il commence à publier en 1992 et son oeuvre littéraire, principalement composée de nouvelles, est publiée en français aux éditions Actes Sud. Lauréat de nombreux prix littéraires, il a également été primé pour ses films. Les Méduses, son dernier film réalisé avec sa femme, Shira Gefen, est sorti en France à l’automne 2007. Avec son premier recueil de nouvelles en 1997, Pipelines, on découvre l’esthétique tragi-comique qui fera le succès de la Colo de Kneller et de Crise d’asthme, bouleversant les codes de la littérature israélienne contemporaine. Dans des récits très courts, où Kafka n’est jamais très loin, Keret en dit plus sur la société israélienne que de longs discours politiques. On retrouve également son univers baroque et irrésistible dans sa bande dessinée Pizzeria Kamikaze.

– Michal Govrin est née à Tel-Aviv en 1950. Son père fut l’un des fondateurs de l’État d’Israël et sa mère est une survivante de la Shoah. Romancière, poétesse et directrice de théâtre, Michal Govrin a publié huit livres dont deux romans. Depuis 1981, elle publie de la poésie dont un recueil illustré par l’artiste Liliane Klapisches. Ses poèmes figurent aujourd’hui dans de nombreuses anthologies. Auteur d’une thèse sur le théâtre sacré contemporain, Michal Govrin a dirigé des mises en scènes très remarquées dans le domaine du théâtre juif expérimental, ainsi que des adaptations de Samuel Beckett, Martin Buber ou Jean-Claude Grumberg. Sur le vif est son premier roman publié en 2002, paraît en français en mars 2008. L’héroïne, Ilana Tsouriel, brillante architecte meurt dans un accident de voiture. Elle laisse derrière elle un épais dossier d’instantanés qui composent sa vie, mêlant fragments de journal intime, lettres, notes photographies et dessins. De ce matériau émerge un portrait de femme passionnée et lumineuse qui va vivre, peu de temps avant sa mort, une expérience fondamentale : un séjour prolongé avec ses enfants en Israël pendant la guerre du Golfe avec, au coeur du roman, une liaison passionnelle et bouleversante avec un metteur en scène palestinien. Aharon Appelfeld a souligné l’importance de ce roman pour comprendre la société israélienne.

– Orly Castel-Bloom née en 1960 à Tel-Aviv où elle vit, est considérée comme le chef de file de toute une génération d’écrivains qui, ces vingt dernières années, ont révolutionné la littérature hébraïque contemporaine. Elle a influencé toute une génération qui a le sentiment que la cause publique avait occulté toute place à l’individu et à sa capacité de vivre, d’aimer et de créer. Son roman Dolly City a été adapté pour le théâtre. Lauréate de nombreux prix, elle reçoit le prix français Wiso pour Parcelles Humaines en 2005 et le prix Leah Goldberg en 2007. Son nouveau roman, Textile, est l’incroyable histoire d’une famille bourgeoise dont l’épouse se fait hospitaliser pour subir des opérations de chirurgie esthétique, toutes plus farfelues les unes que les autres, afin d’être anesthésiée le plus souvent et le plus longtemps possible pour ne pas ressentir l’angoisse d’une mère dont le fils part faire son service militaire. A l’instar de la mère, toute la cellule familiale se désagrège.

– Née à Jérusalem, Shifra Horn, journaliste, est l’auteur de quatre romans, d’un recueil de nouvelles et de deux livres pour enfants. Chez Fayard ont déjà paru Quatre mères (2001) et Tamara marche sur les eaux (2004). Dans son dernier roman, Ode à la joie, elle traite du traumatisme lié aux attentats suicide qui ont profondément marqués la société israélienne. Avec beaucoup de lucidité et un style généreux et foisonnant, Shifra Horn propose une coupe en profondeur de la société israélienne pendant la seconde Intifada.

– Gabriela Avigur-Rotem d’origine argentine émigre en Israël avec ses parents en 1950 et publie son premier recueil de poèmes en 1980 et son premier roman en 1992. Elle est lauréate de nombreux prix littéraires dont Le prix Wiso en France en 2006 pour son roman Canicule et oiseaux fous paru la même année aux éditions Actes Sud. Évocation d’un parcours personnel, ce roman est le bilan amer et désabusé d’une vie collective dont les protagonistes sont les survivants de la Shoah, les immigrés des quatre coins du monde, les collectivistes du kibboutz et la jeunesse aux prises avec une identité éclatée et multiple.

– Dramaturge, écrivain et scénariste, Benny Barbash est né à Beer Sheva, capitale du Neguev dans le sud d’Israël en 1951. My first Sony, son premier roman, reflète le courant de la « seconde génération », des fils et des filles des victimes de la Shoah. En lisant ce roman, le lecteur découvre toute la société israélienne qui défile avec ses laïcs comme ses religieux, les partisans de deux pays et ceux qui ne le sont pas et enfin la génération de la guerre et celle dite de la « post-Shoah ».

– Youval Shimoni né à Jérusalem en 1955, écrit son premier roman, Le Vol du pigeon, en 1990, qui a immédiatement retenu l’attention de la critique. Pour son deuxième roman, Tiroirs, publié en 2000, la critique israélienne est unanime. Son ambition et son audace ont été salués par les plus grands écrivains israéliens. Dans Les Figurants, Youval Shimoni nous entraîne dans la vie marginale de trois clochards qu’un étudiant des beaux-arts utilise comme figurants pour peindre une version moderne de La mort du Christ de Mantegna. À travers l’entrelacement des récits et des parcours de vie, l’auteur dresse un portrait saisissant de notre époque.

– Née dans un kibboutz en Galilée, Zeruya Shalev voit son premier roman, Dancing , Standing Still publié en 1993. Il est suivi de Vie amoureuse en 1997. Ce livre, qui déclenche une vive polémique en Israël, se retrouve en tête des classements et obtient notamment le Golden Book Prize. Il est traduit dans une quinzaine de langues. Mari et femme, en 2000, remporte le même succès international. En France, le livre est sélectionné pour le prix Femina Etranger 2002 ainsi que dans la « Liste des 200 meilleurs livres de la décennie » de la Fnac. Mari et femme raconte, sous forme d’un monologue intérieur de la narratrice, le naufrage d’un couple, posant la question de la tyrannie de l’amour et du bien-fondé du sacrifice. L’oeuvre de Zeruya Shalev nous parle d’un monde intérieur et émotionnel à l’exclusion de toute référence politique. Outre des romans, Zeruya Shalev a également publié un recueil de poésie An Easy Target for Snipers en 1989 ainsi qu’un livre pour enfants, Mama’s Best Boy en 2001.

– Mira Maguen est née à Kfar Saba. Des papillons sous la pluie est son dernier roman paru en Israël en 2005. La vie du narrateur, un jeune médecin installé à Tel-Aviv, bascule avec un appel téléphonique qu’il attendait sans y croire depuis vingt-cinq ans. Sa mère lui annonce son arrivée trois jours plus tard. Le thème central du livre est le vide, l’absence et le manque très présents dans la littérature et le cinéma d’aujourd’hui.

5)– la poésie

– Agi Mishol, née en 1947 en Transylvanie, Roumanie, émigre en Israël en 1950 et écrit des critiques littéraires pour la presse et traduit de la poésie. La femme qui plante des orangers et des citronniers dans son jardin tient son Journal du verger, titre du volume de poèmes choisis publié pour le Salon du livre. Capable de réunir le ciel et la terre dans l’instant, elle jette sur la quotidienneté la plus triviale, un regard propre à expérimenter l’illumination. S’accrochant à la réalité concrète dépeinte de façon concise, elle demeure en connexion avec le monde de la méditation que lui a donné son goût pour les doctrines orientales dont elle se nourrit de plus en plus. Elle est l’une des poétesses les plus lues aujourd’hui en Israël.

– Nurit Zarchi est née à Jérusalem en 1941. Elle étudie à l’université Hébraïque de Jérusalem puis mène une carrière de journaliste avant de se consacrer entièrement à la littérature. Elle publie des romans, des nouvelles et plusieurs recueils de poésies, une série d’essais et plus de 80 livres pour enfants. Nurit Zarchi est couronnée par de nombreux prix de littérature jeunesse. Avec la traduction de ses ouvrages dans plus de 15 pays, son rayonnement est désormais international.

– Israël Eliraz est né à Jérusalem en 1936. Il a publié des romans, dix pièces de théâtre et six opéras avec le compositeur Joseph Tal joués à Hambourg, Munich, Rostock, Tel-Aviv, New- York et Londres. Il se consacre aujourd’hui exclusivement à la poésie. Chantre de la concision extrême, il écrit une langue hébraïque moderne traversée de références bibliques.

– Ronny Someck né à Bagdad en 1951, émigre lorsqu’il est enfant. Il a publié 9 recueils de poèmes ainsi qu’un livre pour enfants avec sa fille Shirly, Le bouton du rire. Ses poèmes ont été traduits en 39 langues. Il a reçu le Prix du Premier Ministre, le Prix Yéhouda Amichaï pour la poésie hébraïque, le « Prix des poèmes du vin » accordé en 2005 dans le cadre des Soirées Poétiques de Struga en Macédoine, le Prix de poésie Hans Berghhuis en 2006 dans le cadre du Festival international « Les Nuits de la Poésie » de Maastricht en Hollande.

– Israël Pincas, né en 1935 à Sofia en Bulgarie émigre à Tel-Aviv en 1944 avec sa mère. Il publie ses premiers poèmes en 1951 dans différents journaux avant de publier des recueils de poésie aux éditions Hakibboutz Hamehouhad. Il reçoit de nombreuses distinctions littéraires dont le prestigieux prix littéraire d’Israël en 2005.

– Miron C. Izakson, né à Haïfa en 1956 voit ses premiers poèmes repérés par Uri Tsvi Greenberg, le grand poète national de l’époque, qui l’aide à les faire publier. Il a publié par la suite 3 romans et 7 livres de poésie dont plusieurs ont été mis en musique et réunis en un album CD en 2004. Dans l’anthologie qu’il publie aux éditions Caractères, L’homme connaît toute nostalgie, le poète essaie de pénétrer le noyau caché de la vérité intérieure faisant ainsi l’autoportrait de son subconscient. Sa poésie, inspirée d’images bibliques, démultiplie le regard donnant à l’infime une dimension mythique.

6) – Le théâtre

– Edna Mazyan, née à Tel-Aviv en 1949 d’un père avocat et d’une mère viennoise arrivée en Palestine en 1938. Elle écrit pour le cinéma, et, est considérée par le journal Haaretz comme «la première dame du théâtre israélien». Radioscopie d’un adultère est le premier des deux romans qu’elle a publiés. Devenu un best-seller en Israël dès sa parution, il est traduit dans plusieurs pays. Avec des personnages hauts en couleur comme un professeur d’astrophysique obsédé par sa très jeune et jolie femme ou un inspecteur de police arabe, son ami d’enfance, Edna Mazya construit un polar de moeurs à suspense avec un meurtre passionnel et un happy-end amoral qui tient le lecteur en haleine jusqu’à la fin.

7) – La BD

– Née en 1966 à Tel- Aviv, Rutu Modan publie des dessins humoristiques et politiques dans la presse israélienne et collabore régulièrement au New York Times. Elle a déjà publié en janvier 2005 l’album Energie bloquée aux éditions Actes Sud. Exit wounds vient de recevoir le prix France Info 2008 de la bande dessinée d’actualité et de reportage. Le jury a salué une oeuvre de fiction toute entière dominée par l’actualité de la société israélienne, ses peurs et douleurs face aux attentats aveugles. À travers la quête incertaine mais opiniâtre dans laquelle se lancent les deux protagonistes, c’est toute la nouvelle société israélienne qui est passée en revue.

– Rony Oren est le créateur de dessins animés considéré comme le meilleur dans son domaine en Israël. Auteur de séries pour la télévision, il crée aussi des personnages en pâte à modeler qu’il utilise à la télévision et dans ses livres pour enfants. Depuis 1975, il a réalisé plus de 500 films animés qui sont aujourd’hui distribués dans plus de 80 pays dans le monde et diffusés sur Disney Channel, ABC et BBC. Rony Oren a publié plus de 25 albums pour la jeunesse en Israël et aux Etats-Unis.

8) les sources bibliques

– Meir Shalev, né en 1948 à Nahalal, vit aujourd’hui à Jérusalem, grièvement blessé pendant la guerre des Six Jours en 1967 il est devenu chroniqueur régulier de journaux et de magazines. Parallèlement, il est l’auteur d’essais, de romans et d’ouvrages pour enfants. Il a notamment publié Le baiser d’Esaü, Que la terre se souvienne, Pour l’amour de Judith et La meilleure façon de grandir. Ses quatre romans ont été traduits dans plus de vingt langues. Dans son essai, Ma Bible est une autre Bible, Meir Shalev puise dans ce formidable répertoire d’histoires qu’est la bible pour les éclairer d’un regard neuf, impertinent et drôle. Au fil des intrigues, tant politiques qu’amoureuses, Meir Shalev fait apparaître la bible comme le creuset des passions humaines et ces personnages, vieux de quelques millénaires, semblent soudain étonnamment proches.