Les contes du Seum – Avis +

Présentation de l’éditeur

Une légende du braquage, tombée dans le coma après une mauvaise chute dans une usine de carboglace, se réveille trente ans plus tard au cœur de la cité de Belaire, où les codes ont bien changé.

Une star du foot ruinée revient dans cette même cité, contrainte et forcée de vivre chez ses parents.

Et puis, il y a aussi ceux qui croient avoir une idée de génie : livrer plus de 300 kg de cannabis au milieu des tours en se faisant passer pour des policiers… Sauf que la livraison se déroule pendant une nuit d’émeutes.

Sans oublier le pitbull qui rêve d’obtenir le prix Goncourt.

Tout ce joyeux petit monde se croise dans la cité du Seum.

Quoi de plus relaxant que d’observer des gens galérer alors qu’on est posé à lire tranquillement dans son canapé ?

Avis de Hirone

Les contes du Seum est composé de cinq nouvelles dont la ligne directrice est Belaire. Un lieu de vie, mais surtout un lieu de stagnation pour ses habitants, car Belaire c’est la cité du Seum. Le « seum » a donné une locution verbale : « avoir le seum » désigne pour une personne le fait d’être en colère, frustré ou dégoûté. Cela illustre bien les histoires qu’on va nous conter, les déboires et malchances de personnes, si ces dernières ne se croisent pas dans cette cité, elles partagent cet espace.

Nous avons ainsi cinq nouvelles assez différentes les unes des autres, il y a de la magie, un point de vue animal, une déchéance, un plan foireux qui foire et du futurisme. Chacune des histoires est plutôt intéressante, mais on a forcément nos préférences, nos affinités avec les personnages qu’on croise.

La première histoire autour de Keyser nous fait venir au niveau d’un pitbull blasé. Ce dernier est nourri et logé, mais pas par le maître de ses rêves. Si l’animal est philosophe, rêve de lecture et d’histoires, ses aventures se limitent à se battre contre d’autres chiens et à baver pour faire peur. Il nous raconte sa vie auprès de Tito, un maître idiot et superficiel, vendeur de cannabis et terreur du quartier quand il ne dort pas dans sa crasse. Keyser n’est pas ce qu’il voudrait être, il ne peut pas montrer son amour et sa douceur aux autres. Il est piégé dans un rôle auquel il ne peut échapper sous peine de périr.

On suit ensuite Denis, un petit voleur notoire des années 80 qui cache à sa belle son prochain coup contre une banque. Mais le hasard va faire que tout ne va pas se passer comme prévu, l’amenant à faire un bond temporel. La découverte, l’adaptation à un monde si proche et si nouveau va être de rigueur pour Denis. On va voir le personnage grandir d’un coup en essayant de ne pas perdre pied.

Après il y a Tony, une star du foot qui va se faire arnaquer. Homme blasé, cela fait bien longtemps que Tony ne s’occupe plus de rien en dehors de son plaisir et de sa satisfaction. Il a abandonné ses racines, tiré un trait sur ce qui n’est pas lui. Et pourtant, il va devoir faire face à une nouvelle réalité, celle d’être déchu et sans argent. Dans son esprit, il est dans un film et tout va s’arranger, à voir si la réalité va suivre.

Puis il y a un Omar. Ce dernier offre une histoire rocambolesque et amusante car Omar doit déplacer de la drogue, mais il doit le faire rapidement et discrètement. Ce n’est pas une mince affaire surtout que lui et ses compagnons de fortune vont rencontrer plusieurs problèmes. C’est littéralement la nouvelle la plus drôle du recueil, car Omar va se retrouver dans une situation absurde et il va s’enliser dans celle-ci.

Et enfin l’histoire de Karim qui se déroule dans le futur. En quelques lignes, Paul Séré dessine un futur sombre, mais qu’on imagine bien. Ce Karim, au coeur du développement, montre une rigueur et une personnalité dures comme l’acier.

La plume de Paul Séré se lit bien. Les histoires nous captivent et on aimerait même en lire une suite pour la plupart d’entre elles. On voudrait bien savoir ce qu’il arrive aux différents protagonistes car on les quitte bien souvent sur une note pessimiste voire dans des situations vraiment mauvaises. On est curieux de ce qu’ils deviennent, s’ils arrivent à se relever, à changer, à passer au dessus des épreuves qui barrent leur chemin.

Les contes du Seum est un recueil plutôt agréable à lire. S’il n’est pas un coup de coeur, car il faut bien admettre que tous les protagonistes ne sont pas passionnants même s’ils sont intéressants, il reste une bonne lecture et nous donne envie d’en savoir plus sur la cité de Belaire.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 160
Editeur : Cherche Midi
Sortie : 11 juin 2020
Prix : 17 €